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Squat des Pyrénées |
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Voilà La Cantine des Pyrénées, un squat organisé en « cantoche qui veut
changer le monde » comme l’écrit Guillemette Faure dans Le Monde
magazine, prise pour cible d’un impressionnant dispositif policier:
Cela se passe toujours sous nos fenêtres, mais cette fois rue des
Pyrénées, où la rédaction a déménagé en mars 2010. Même arrondissement,
autre quartier populaire du nord-est parisien.
Monroe et Chaplin, reliques du Bar des amis
Le principe du lieu est simple : le plat est à 3 euros, le menu complet
à 5 euros et « le reste est gratuit » : les cours de français, le
ciné-club, les ateliers d’écriture... On y croise donc une population
variée, du clochard au retraité, en passant par le journaliste ou le
retoucheur.
Du Bar des amis, le commerce auquel le squat a succédé après plusieurs
mois de vacance, sont restés les photos de Marilyn Monroe et de Charlie
Chaplin accrochés aux murs vieux rose.
Les chaises ont été remplacées par des bancs, et de grandes nappes en
toile cirée sont venues recouvrir les grandes tables. Chacun prend son
assiette sur la pile, ses couverts sur la table, coupe son pain et
remplit son auge à la marmite.
Le (maigre) stock d’alcool photographié
Mardi, il est un peu plus de midi quand deux douzaines de fonctionnaires
– des policiers en uniforme et en civil, des agents de l’Urssaf et
d’autres des Douanes – débarquent sous nos fenêtres.
Le commissaire du XXe arrondissement semble diriger l’opération, dont
l’objectif n’est pas très clair. Il m’indique d’emblée qu’il ne
communiquera aucune information « ni maintenant, ni plus tard ».
Après avoir photographié le stock d’alcool (une vieille bouteille de
rhum vide et trois cubis à moitié pleins) et contrôlé les papiers
d’identité, ils embarquent trois membres de l’association au commissariat.
« Ils cherchent un moyen de nous faire chier »
Une heure plus tard, de retour de l’interrogatoire, les membres de La
Cantine me livreront leur récit. Blasés, les jeunes gens ont « fait les
têtes de mule » face aux fonctionnaires :
« Ils cherchaient des travailleurs clandestins, mais tout le monde
est bénévole.
Ils pensaient trouver des stocks de boisson, et ils ont été déçus.
Ils voulaient savoir combien coûtaient les repas, si on vendait des
boissons, où on se fournissait...
Ça n’avait rien à voir avec le bail, ils savent qu’on est un squat,
mais ils cherchent un moyen de nous faire chier. »
Des coups de marteau sur la vitrine
La Cantine des Pyrénées est née un jour de fin décembre, après une
courtoise visite au même commissariat du XXe. « On est venus dire :
“Bonjour, on est là depuis plus de quarante-huit heures” », raconte un
des membres de l’association Kulture Zéphémère.
Les tenanciers du Bar des amis avaient été expulsés voilà plusieurs
mois, et une trentaine de jeunes militants du quartier avaient décidé
d’ouvrir une cantine. Ils avaient noué des liens autour du squat du 260,
rue des Pyrénées [http://fr.squat.net/tag/260-rue-des-pyrenees/] ou sur
Indymedia Paris [http://paris.indymedia.org/], site communautaire de
convergence entre les luttes sociales.
En choisissant de squatter illégalement un local commercial, ils
savaient que leur lieu serait condamné à une existence brève. Mais grâce
aux lourdeurs de la justice, ils espèrent durer au-delà de la trêve
hivernale, qui prend fin le 1er avril.
En trois mois, ils ont déjà eu la visite :
- des policiers du quartier, venus constater l’occupation du lieu ;
- du propriétaire, ou plutôt de son homme de main qui, armé d’un marteau
a tenté début janvier de défoncer la vitrine, debout sur une échelle –
alertée par les squatteurs, la police l’a convaincu d’arrêter et
l’épisode s’est terminé par une simple main courante ;
- des services de l’hygiène, qui ont vérifié l’installation et n’ont
rien eu à redire.
Ne manquait plus que l’Urssaf, donc. Les agents de contrôle agissaient
sur réquisition du procureur, probablement averti par la mairie, des
voisins ou la police.
« Je ne me fais aucune illusion sur cette police qui est là pour
défendre l’ordre établi par la “bourgeoisie”... enfin, je ne sais pas
quel autre mot employer », lâche l’un des responsables, dans une
éprouvante tentative d’autodéfinition.
Le seul texte sur lequel ils ont réussi à se mettre d’accord est ce
court document de présentation signé de « chômeurs, travailleurs,
précaires, sans-papiers, habitants du quartier ou pas ».
Ils y estiment qu’« à plusieurs, on est plus forts pour affronter nos
galères, nos problèmes d’argent et nos difficultés face aux institutions
et aux patrons ».
Internet et la presse ne sont pas les bienvenus. Ici on lit « Paris20,
Infos et lutte de classe », et on peut consulter le livret de la Caisse
d’autodéfense juridique collective à Paris, où on apprend comment
s’organiser face à la répression policière.
« Il en faudrait un dans chaque quartier »
Mettre une étiquette sur La Cantine est la dernière des choses à faire.
Seule certitude, celle d’innover : selon ses initiateurs, c’est le
premier squat-resto de Paris, et ce n’est pas rien.
Quand l’un commence à revendiquer une filiation « avec des initiatives
qu’on a vues en Argentine ou en Grèce », l’autre le renie estimant qu’il
n’y a « aucun corpus idéologique commun, seulement la rencontre
d’initiatives concrètes ». Puis, cet avertissement :
« Attention à ne pas dire “vous” : l’idée d’un groupe à l’identité
définie est un fantasme. Moi, je viens cuisiner ici le jeudi et je ne
suis pas sûre de partager beaucoup plus que La Cantine. »
Chez les clients, le sentiment d’appartenance à une expérience
collective particulière s’enracine doucement. Beaucoup prennent des
nouvelles de la procédure judiciaire en cours. « On sera encore là en
juin », le rassure un membre.
« Il en faudrait un dans chaque quartier », dit un habitué. S’attabler
tout seul ici lui permet de discuter plus facilement avec des voisins
qui n’étaient jusque-là que des visages. « Ce n’est pas un lieu de
rencontres mais un lieu où l’on fait des rencontres »...
* * *
L’expulsion
La Société civile immobilière propriétaire du fonds de commerce a lancé
le 10 janvier la procédure en vue de l’expulsion, et une audience a été
fixée au 24 mai devant le tribunal de grande instance.
48 heures
Lorsque des squatteurs investissent un lieu, la police peut les expulser
sans délai dans les 48 premières heures. Au-delà, il faut que le
propriétaire lance une procédure judiciaire.
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MONDETRON !!! |
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A N T I F A |
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Le poète Armand Robin (1912-1961) |
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