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OTAN - STRASBOURG
Sommet_OTAN_à_Strasbourg_:_1_mois_avec_sursis_pour_possession_d'un_piquet_de_tente

Sommet OTAN à Strasbourg: 1 mois avec sursis pour possession d'un piquet
de tente


Un étudiant allemand a été condamné mercredi à 1 mois d'emprisonnement
avec sursis par la cour d'appel de Nancy pour port d'arme, après avoir été
arrêté en possession d'un piquet de tente lors du sommet de l'OTAN à
Strasbourg en avril 2009.

J. avait été jugé une première fois en comparution immédiate quatre jours
après son arrestation par le tribunal correctionnel de Strasbourg, qui
l'avait condamné à 6 mois de prison ferme.
Il avait toutefois été relaxé en appel, mais cette décision avait été
annulée par la Cour de cassation, saisie par le parquet, qui avait alors
renvoyé l'affaire devant la cour d'appel de Nancy.
"Je suis évidemment très déçue, car nous espérions une relaxe", a indiqué
à l'AFP l'avocate du jeune homme, Me Christine Mengus, qui n'exclut pas de
former un nouveau pourvoi en cassation.
Lors de l'audience, le 9 mars dernier, en présence d'une cinquantaine de
militants altermondialistes, Me Mengus avait contesté que le piquet de
tente puisse être considéré comme une "arme par destination", tel que
présenté par l'accusation.
"Regardez mon stylo, il peut aussi être parfaitement une arme par
destination", avait-elle observé, en estimant qu'on voulait "oppresser,
opprimer les manifestants, les mettre en prison".

info média AFP du 13.04.2011, 18h54

 

suite manif anti-Otan avril 2009 Strasbourg] Le 09 mars 2011 à Nancy, la répression continue !
 




Matthias, un autre ex-détenu, vient d'avoir le jugement suite à la dernière audience en civil. A cause de son interdiction de territoire, il n' pas pu assister à l'audience. Le montant réclamé est de 6000 Euros ; durant l'audience précédente, les parties civiles avaient essayé d'obtenir environ 30 000 Euros ! Étant donné que le fonctionnaire concerné était tombé par sa propre faute, ce jugement paraît insolent.

Philipp, également incarcéré pendant 4 mois suite au contre-sommet de l'OTAN, est toujours en attente de son procès en cassation pour obtenir la relaxe.

Jan risque jusqu'à 3 ans de prison.

Le procès contre Jan aura lieu à Nancy le 9 mars à 13:30 ; à cette occasion, nous appelons à lancer toutes sortes d'actions décentralisées en soutien ce jour là.

A Nancy il y aura un rassemblement devant le tribunal.

Nous organisons un bus vers Nancy qui partira probablement de Berlin en passant par Dresde et Strasbourg. Le départ aura lieu à Berlin le 8 mars vers 20 h, le retour en fonction de la durée de l'audience entre 17 h et 20 h le jour même.

2011/2/26 Dissent!

Le 9 mars 2011 aura lieu à Nancy un nouveau procès d’une personne inculpée
dans le cadre du contre-sommet de l’otan en avril 2009 à Strasbourg.

Cette personne avait été arrêtée le jeudi 2 avril en marge de la chasse à
l’homme lancée par les forces répressives contre les manifestants. Elle a
fait partie des 300 personnes interpellées ce jour-là et conduite en bus
au poste de police pour y être placées an garde à vue.

Jugée en comparution immédiate juste après le contre-sommet, cette
personne, de nationalité allemande, a été jugée pour « participation à un
attroupement armé » et « port d’arme de 6ème catégorie » et condamnée à
six mois de prison ferme et trois ans d’interdiction de territoire. Après
plus de quatre mois de prison, elle a finalement été relaxée lors de son
procès en appel, le 29 juillet. Le juge a alors considéré que le bâton
(une sardine de tente par procuration…) qu’elle portait au moment de son
arrestation, ne pouvait être qualifié d’arme de 6ème catégorie.

Malgré cela, l’État s’est acharné et s’est pourvu en cassation.

En 2010, la cour de cassation a cassé le jugement précédemment cité et la
personne sera donc rejugée prochainement.

Près de deux ans après le contre-sommet de l’otan, le gouvernement
continue à exercer sa pression sur les individuEs venuEs manifester leur
désaccord avec les politiques belliqueuses des États, comme il a réprimé
violemment la contestation lors des manifestations contre la loi sur les
retraites, en automne dernier, criminalisant ainsi les mouvements sociaux
dans leur globalité.

Nous appelons donc à venir soutenir cette personne le 9 mars 2011 à Nancy
devant le bâtiment de la cour d’appel, au 3 terrasse de la pépinière, à
partir de 13h30.

La Legal Team de Strasbourg

Les inscriptions se font par mail via : strasbourgsoli[at]riseup.net

Les frais pour l'aller-retour sont estimées à environ 10 Euros par personne. Pour celles-ceux qui n'ont pas les moyens on trouvera une solution.


04/2010
Lyon accueille 30 soldats de l’OTAN en partance pour l’Afghanistan


Les militaires viendront se former pendant 15 jours à partir de la fin avril au quartier général Frère dans le 7e arrondissement.
L’unité de défense nationale les plongera dans une situation d’exercice grandeur nature.
Le but est de les préparer au contact avec les populations afghanes. Pour rendre l’immersion totale, des militaires se déguiseront et tireront à armes factices.


16/11/2009
4 ans de prisons pour les evenements de strasbourg 2009
Un Allemand et un Russe poursuivis pour avoir mis le feu à un bâtiment des douanes en marge d'une manifestation contre le sommet de l'Otan à Strasbourg, le 4 avril dernier, ont été condamnés lundi à quatre ans de prison dont un avec sursis.
Venus de Rostock, au nord-est de l'Allemagne, les deux manifestants, respectivement âgés de 23 et 18 ans, "se sont retrouvés, au niveau du Pont de l'Europe, dans une excitation extraordinaire, dans un tourbillon, et c'est là que tout a basculé", a expliqué l'un de leurs avocats, Me Emmanuel Hoen.
Qualifiant le jugement de "relativement équilibré", eu égard aux 10 ans de prison encourus et aux quatre ans ferme requis par le parquet, il a salué "la qualité du travail du juge d'instruction" qui a pu démontrer, selon lui, que ses clients n'appartenaient à aucun groupe violent.
Plusieurs centaines de jeunes gens avaient dévasté les abords du Pont de l'Europe durant près d'une heure et demie, sans être inquiétés, pendant que le gros des manifestants anti-Otan se rassemblait sur un champ de foire adjacent.
Les casseurs avaient incendié l'ancien poste de douane franco-allemand, un hôtel Ibis, une pharmacie ainsi qu'un bâtiment administratif des douanes encore en activité, le seul qui n'ait pas brûlé entièrement.
C'est pour ce dernier délit qu'étaient poursuivis l'Allemand et le Russe qui devront encore comparaître devant le tribunal au printemps prochain pour une audience en intérêts civils.
Il s'agit de la plus lourde sanction prononcée par la justice pour les incidents qui ont émaillé le sommet de l'Otan à Strasbourg.
Moins d'une quinzaine de personnes ont été jugées depuis lors, le plus souvent pour des faits mineurs.



OTAN - GAME OVER.

(sources Vredesactie)


Même si l'OTAN est un héritage de la Guerre froide, elle s'est adaptée à une nouvelle époque. Officiellement, elle a été fondée en 1949, après la deuxième guerre mondiale. Dix pays d'Europe de l'Ouest se sont unis avec le Canada et les Etats-Unis au sein d'une alliance militaire et se sont entendus pour défendre ensemble le territoire des états-membres avec des armes nucléaires.
Aujourd'hui, l'OTAN s'est étendue jusqu'aux anciens territoires de l'Union soviétique et regarde avec envie l'Ukraine et la Géorgie comme futurs nouveaux membres dans une tentative d'isoler complètement l'ancien ennemi russe au niveau militaire. Au vingt-et-unième siècle, l'OTAN a décidé qu'elle peut intervenir non seulement sur son propre territoire, mais également dans le monde entier. Ce type d'interventions militaire fait désormais partie de ses tâches fondamentales. Avec la guerre en Afghanistan, l'OTAN montre ce que cela signifie dans la pratique : apporter la paix et la démocratie à travers le canon d'un fusil et le viseur d'un bombardier.
L'OTAN cherche également des partenaires à l'autre bout du monde : Japon, Australie, Corée du Sud, Nouvelle-Zélande. Les Etats-Unis voient dans l'OTAN une solution pour ce que les Nations Unies ne peuvent pas leur offrir : une alliance militaire qui remet de l'ordre au niveau mondial sans devoir se préoccuper des autres états qui ont des objectifs fondamentalement différents.

L'OTAN crée plus de problèmes qu'elle n'en résout. Nous n'avons pas besoin d'une machine à interventions militaires mondiales ou d'une alliance militaire qui menace le reste du monde et crée surtout de cette manière ennemis et contre-réactions.
La Belgique a échappé à l'envoi de chair à canons en Irak, mais les canons sont bien passés par la Belgique en route vers le champ de bataille. En Afghanistan, des soldats belges participent à une occupation tout aussi insensée. L'OTAN attelle et les états-membres à la politique de guerre américaine. En Afghanistan, la mission de l'OTAN permet aux Etats-Unis d'avoir les mains libres pour le gros travail. Des armes nucléaires de l'OTAN sont toujours stationnées à Kleine Brogel.

Apparemment, persone n'a le courage politique de tirer la conclusion logique. Ce fossile de la Guerre froide ne peut pas être restauré d'une manière sensée.

L'OTAN, C'EST QUOI ?

OTAN signifie Organisation du Traité de l'Atlantique Nord. En 1949, 12 pays – Belgique, Canada, Danemark, France, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni et Etats-Unis – signent le Traité de l'Atlantique Nord. Par ce biais, ils se rassemblent au sein d'une alliance militaire avec comme objectif officiel la défense collective du territoire contre une invasion militaire par l'Union soviétique. Les états membres “seront soucieux de favoriser dans la région de l'Atlantique Nord le bien-être et la stabilité et résolus à unir leurs efforts pour leur défense collective et pour la préservation de la paix et de la sécurité.” Un élément central du traité est l'article 5 : une attaque armée contre un des membres sera considérée comme une attaque contre tous les membres et les états membres réagiront ensemble.

STRUCTURE
L'OTAN en tant qu'organisation internationale n'a pas d'armée propre. Ce sont les états membres qui attribuent leurs armées à l'OTAN et les placent sous les ordres d'un commandant de l'OTAN. L'OTAN en elle-même se compose d'une série de quartiers-généraux et d'une quantité limitée d'infrastructures militaires financées en commun.
La structure d'organisation de l'OTAN se divise en 2 piliers : un politique, avec son quartier-général à Bruxelles, et un militaire. Le Conseil de l'Atlantique Nord (présidé par le secrétaire-général et composé des représentants permanents et des ambassadeurs des membres) est responsable pour les décisions politiques – prises sur base du consensus. Le Comité militaire (le plus haut organe militaire) conseille le Conseil de l'Atlantique Nord, le Defence Planning Committee et le Nuclear Planning Group. Des parlementaires des états membres se rassemblent au sein de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, mais celui-ci n'a pas la moindre relation formelle avec l'OTAN, et donc pas d'influence.

ACTION - REACTION
Après que l'Allemagne de l'Ouest soit devenue membre de l'OTAN en 1955, l'Union soviétique et les états communistes d'Europe Centrale et de l'Est forment à leur tour le Pacte de Varsovie. Durant les décennies suivantes, les deux alliances militaires s'observent à couteaux tirés. Des armes nucléaires sont installées dans différents pays européens.

A LA RECHERCHE D'UNE NOUVELLE RAISON D'ETRE
Suite à l'écroulement de l'Union soviétique et à la dissolution du Pacte de Varsovie en 1991, l'OTAN perd sa raison d'être et entame une période de transformation. Pour commencer, l'OTAN s'étend à l'Est, avec des cycles d'élargissement en 1999 (Tchéquie, Hongrie, Pologne) et en 2004 (Lituanie, Lettonie, Roumanie, Slovénie, Slovaquie, Estonie, Bulgarie). Dans le même temps, l'OTAN se met à la recherche de nouvelles raisons d'être et de nouveaux objectifs.

NOUVEAU CONCEPT STRATEGIQUE
La discussion aboutit à un premier résultat avec un Nouveau Concept Stratégique approuvé en 1999. Le Nouveau Concept Stratégique est le document politique au sein duquel l'OTAN définit les risques qu'elle voit en matière de sécurité et la manière dont elle leur apporte une réponse. Ce document est actualisé par un deuxième document politique, la Comprehensive Political Guidance, rendue publique en 2006 lors du sommet de Riga.
Ces documents expliquent à quoi l'OTAN doit ressembler au 21ème siècle : plus grande, plus flexible, avec plus de possibilités. Outre la défense, l'OTAN doit pouvoir faire de la “gestion de crise” - également en dehors de son territoire.

QUEL ENNEMI ?
Dans son Concept Stratégique, l'OTAN affirme que le risque de guerre conventionnelle à grande échelle sur son territoire est plus qu'improbable, mais reste toujours possible à long terme. Pour légitimer son ancien rôle d'organisation collective de défense, l'OTAN doit surtout mettre en avant des “ennemis particulièrement hypothétiques dans un futur lointain”.
En l'absence de grand ennemi, elle fait référence à d'autres sources potentielles d'insécurité :
- l'instabilité et des crises éventuelles dans des pays autour de la zone euro-atlantique,
- la verspreiding potentielle d'armes nucléaires, biologiques et chimiques,
- d'éventuels opposants qui peuvent se procurer des systèmes d'armement avancés grâce à la verspreiding de technologies.
En outre, l'OTAN fait référence de manière très générale et vague, voir purement hypothétique, aux contexte international. Notre sécurité peut être ébranlée par le terrorisme, les sabotages, le crime organisé et l'interruption de flux cruciaux de marchandises.
La concrétisation de ces références peut prendre toutes les directions et entraîne de nombreuses discussions. Dans la pratique, l'entente semble parfois bien éloignée.
Quant à la question de savoir dans quelle mesure la politique de l'OTAN ou de ses membres crée elle-même de nouveaux ennemis ou menaces, elle n'est même pas abordée.

LA REPONSE ?
Armes nucléaires
Une dissuasion crédible n'est pas possible uniquement avec des troupes conventionnelles. Selon l'OTAN, les armes nucléaires conservent une importance capitale
Interventions militaires partout dans le monde
En raison du contexte international, il doit être possible d'intervenir loin hors de la région euro-atlantique. Pour cette raison, l'OTAN à besoin d' “instruments de gestion de crise”. En d'autres termes : des troupes pour des interventions militaires.
Avec le nouveau Concept stratégique, les états-membres décident que l'OTAN peut interveni non seulement sur son propre territoire, mais également partout dans le monde. “Notre sécurité est influencée de manière globale, donc l'OTAN doit pouvoir intervenir de manière globale”. Les interventions militaires partout dans le monde deviennent une des tâches fondamentales de l'Alliance.
A l'initiative des Etats-Unis est lancée la NATO Response Force, une force d'intervention rapide de 21.000 soldats qui doit pouvoir être lancée entre une semaine et un mois et peut soutenir trente jours de lourds combats. Tous les 6 mois, de nouvelles troupes sont tenues prêtes comme NATO Response Force. Aujourd'hui, la NRF est entièrement opérationnelle.
Nouveaux membres et partenariats
L'élargissement de l'OTAN avec de nouveaux membres et des partenariats est mise en avant comme un instrument pour augmenter la paix et la stabilité dans la région. Le fait que l'élargissement a aidé à la promotion de la stabilité en Europe de l'Est a un fond de vérité. La question est de savoir si l'OTAN était bien nécessaire pour cela. L'UE et l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) ne suffisaient-elles pas pour jouer ce rôle stabilisateur ?
La poursuite de l'élargissement à l'Ukraine et à la Géorgie n'a pas de rôle stabilisateur. Au contraire, elle perturbe en grande partie les relations avec la Russie.

11 SEPTEMBRE
Les attaques du 11 septembre 2001 ont lancé un nouveau chapitre. Pour la première fois, l'article 5 du Traité est invoqué : les attaques sont considérées comme une attaque sur tous les états-membres. L'OTAN se lance dans la 'war on teror'. La lutte contre le terrorisme donne une nouvelle impulsion au développement d'une puissance d'intervention militaire globale.

Chronologie:
1949 : fondation de l'OTAN
1952 : adhésion de la Grèce et de la Turquie
1955 : adhésion de l'Allemagne de l'Ouest
1982 : adhésion de l'Espagne
1990 : l'Allemagne réunie devient membre
1995 : intervention en Bosnie-Herzegovine
1999 : bombardements de l'OTAN en ex-Yougoslavie
adhésion de la Tchequie, de la Hongrie et de la Pologne
sommet de Washington : Nouveau Concept Stratégique
2001 : intervention de l'OTAN en Afghanistan
2002 : sommet de Prague : lancement de la NATO Response Force
2004 : sommet d'Istanbul : adhésion de la Lithuanie, de la Lettonie, de la Roumanie, de la Slovénie, de la Slovaquie, de l'Estonie et de la Bulgarie
2006 : sommet de Riga
2008 : sommet de Bucarest

L'OTAN, QUEL AVENIR ?

Les Américains savent précisément ce qu'ils veulent faire de l'OTAN. Les Européens ne sont pas très enthousiastes mais ne proposent pas d'alternative. L'OTAN et les gouvernements des états membres sont d'accord sur le fait que l'OTAN doit changer. Un nouveau processus de réforme a été lancé.
Lors du sommet des chefs d'état et de gouvernement de l'OTAN à Bucarest en 2008 doit montrer clairement quels sont les objectifs de ce processus. En 2009, lors du 60ème anniversaire de l'OTAN, un nouveau Concept stratégique doit voir le jour.
La première étape dans ce processus de réforme, le sommet de Riga en novembre 2006, n'a pas apporté grand chose. Les visions sont différentes. La discussion a été reportée.


UNE VISION EUROPENNE OU MONDIALE ?
Pendant la Guerre froide, l'OTAN trouvait un consensus sur sa politique parce que celle-ci ne concernait que la situation en Europe. L'OTAN ne s'intéressait pas au reste du monde. Ainsi, les colonies étaient et sont toujours exclues de la garantie de sécurité reprise dans l'article 5 du traité de l'OTAN.
Aujourd'hui, les États-Unis mettent en avant un agenda mondial comme tâche pour l'OTAN. C'est là que les désaccords deviennent visibles. L'OTAN parvient à un consensus sur l'agenda européen, sur les Balkans,... mais les avis divergent sur les relations avec la Russie, la poursuite de l'élargissement à l'Ukraine et à la Géorgie, le projet de défense anti-missiles,...
L'OTAN s'est laissé entraîner dans l'occupation de l'Afghanistan sans que les membres européens aient vraiment leur mot à dire sur les décisions à prendre. Dès lors, de nombreux membres renâclent à fournir des troupes. Et si ils livrent des troupes, c'est plutôt pour contenter les États-Unis que parce qu'ils croient au sens de l'opération militaire.
Il n'y a pas de consensus sur le rôle de l'OTAN au Moyen-Orient (Irak, conflit israélo-palestinien, Iran, Liban). L'OTAN n'a pour le moment qu'une mission de formation limitée en Irak, des accords de partenariat avec les pays de la Méditerranée et une première collaboration avec les états du Golfe. Il n'y a pas d'accord sur les grandes questions politiques.
Quant à l'Afrique, également une région que les États-Unis veulent mettre à l'ordre du jour de l'OTAN, il est plus question d'une compétition entre les États-Unis et les pays européens que d'une politique commune.

Les États-Unis veulent utiliser l'OTAN pour impliquer les pays européens dans leur politique mondiale. Les pays européens tentent un peu de temporiser, mais en l'absence d'une vision commune propre, ils sont une proie facile pour la politique américaine du diviser pour régner.

UN ELARGISSEMENT EUROPEEN OU MONDIAL ?
La vision américaine pour l'OTAN va encore plus loin. Les États-Unis veulent faire évoluer l'OTAN d'une alliance militaire européano-américaine vers une organisation de sécurité militaire mondiale. Une sorte de “Nations Unies des volontaires” marginalisant de fait les véritables Nations Unies.

LE DEBUT ?
Depuis début 2006, la discussion sur les partenariats avec des pays du Pacifique est à l'ordre du jour politique de l'OTAN. Officiellement, il s'agit d'une collaboration pratique avec des pays qui participent aux mêmes missions.

Pourtant, une telle étape ne va pas de soi. Des partenariats avec le Japon et l'Australie donnent tout d'un coup à l'OTAN un rôle dans le Pacifique et modifient fortement notre relation avec la Chine. Une adhésion signifie une extension de la garantie de défense collective à des pays du Pacifique et transforme l'OTAN en alliance militaire mondiale. Si un conflit éclate dans le Pacifique, l'Europe y est automatiquement impliquée. La première guerre mondiale a montré comment des accords de soutien militaire peuvent transformer un conflit local en guerre mondiale. Dans les milieux militaires américains, on entend souvent que le prochain grand conflit sera avec la Chine. Voulons-nous per se y participer ?

Qu'est-ce que cela signifie pour les pays qui ne font pas partie de cette alliance militaire et sont donc définis comme un problème de sécurité potentiel . Pour eux, ces développements forment une menace à laquelle ils tenteront d'apporter une réponse militaire, avec pour résultat une poursuite de la course aux armements et une militarisation des relations internationales. Affirmer que les menaces sont mondiales pourrait s'avérer bien plus qu'une prophétie.

Jusqu'à présent, nous avons une seule organisation mondiale de sécurité collective, les Nations Unies. Les problèmes de sécurité sont discutés au sein du Conseil de sécurité. Le Conseil de sécurité devrait offrir une garantie contre une militarisation des relations internationales. Dans la pratique, ce n'est malheureusement pas le cas.
Si les États-Unis et leurs alliés dans le monde entier forment une alliance par le biais de laquelle ils confirment leur solution aux problèmes de sécurité collective et donnent une forme militaire à cette solution, si nécessaire en cavalier seul, le Conseil de sécurité ne signifie plus grand chose.
Dans un tel cas, les discussions au Conseil de sécurité sont réduites à un exercice pro forma pour légitimer une décision ou une opération de l'OTAN. Et si la Russie ou la Chine, s'y opposent, la tentation est grande d'intervenir unilatéralement dans le cadre de l'OTAN.
Dans la pratique, l'OTAN devient la seule organisation mondiale de sécurité collective avec un pied militaire. Mais les principales oppositions politiques sont exclues de l'organisation.
Quelle sera la réaction des pays qui n'appartiennent pas aux “volontaires” ? Qu'est-ce que cela impliquera de ne pas être dans le “bon” camp ? Ces pays sont confrontés à une alliance militaire mondiale qui peut les définir comme un problème de sécurité. Ils voudront se défendre. Résultat probable : poursuite de la course aux armements et militarisation des relations internationales.

Les armes nucléaires de l'OTAN
Six pays européens – Belgique, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Turquie et Royaume-Uni – abritent 350 armes nucléaires américaines sur la base des accords de “nuclear sharing" de l'OTAN.
La politique nucléaire de l'OTAN est décrite dans le Concept stratégique de l'OTAN. Celui-ci stipule que : “...l'obligation commune d'empêcher les guerres continue à exiger des alliés européens impliqués dans les plans des défense collective pour les tâches nucléaires qu'ils participent à grande échelle au stationnement de forces nucléaires sur leur territoire…” (par.63)
Cela signifie que cinq états non nucléaires (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Italie et Turquie) ont passé il y a plus de 40 ans des accords avec les États-Unis en matière de “collaboration nucléaire”..


C'EST DU BELGE ?
Dans le cadre de l'OTAN, la Belgique a passé des accords avec les États-Unis quant à la présence d'armes nucléaires sur le territoire belge, quant à l'entraînement de pilotes belges à l'utilisation d'armes nucléaires et à l'entretien des armes nucléaires.
En Belgique, probablement 20 bombes nucléaires B-61 sont entreposées sur la base aérienne de Kleine Brogel.
La B61 est une bombe nucléaires aéroportée très moderne avec quatre niveaux d'explosion adaptables entre 0,3 et 170 kilotonnes. Une seule B61 a une force de destruction potentielle de 14 fois la bombe atomique d'Hiroshima.
Les bombes nucléaires sont entreposées dans 11 bunkers sous-terrains de type WS3 (Weapons Storage & Security System). Ces bunkers se trouvent sous les hangars des F16. Chaque bunker WS3 peut accueillir 4 bombes atomiques, ce qui donne théoriquement une capacité totale de 44 bombes nucléaires.
Les armes nucléaires sont placées sous le contrôle de 110 soldats américains du 52ème MUNSS (Munition Support Squadron), mais ce sont des pilotes belges qui sont formés avec leurs appareils belges F16 à lancer ces armes nucléaires de destruction massive en temps de guerre.

SOLIDARITE ?
Selon l'OTAN, la présence d'armes nucléaires américaines en Europe assure un lien politique et militaire essentiel entre les membres européens et nord-américains de l'OTAN et un partage des charges et des risques.
Néanmoins, sur les 26 membres de l'OTAN, seul six abritent des armes nucléaires américaines sur leur territoire. Chaque arme nucléaire représente une menace pour la sécurité européenne et nuit aux efforts internationaux en faveur du désarmement nucléaire. Chaque bombe est une cible potentielles pour des actions terroristes et implique un risque d'accident inacceptable.

BOUM !
Pour l'usage des armes nucléaires, l'OTAN a approuvé une nouvelle stratégie depuis 2000, sous l'influence des États-Unis. Cette stratégie permet d'utiliser des armes nucléaires contre des états qui eux-même n'en possèdent pas.
A l'origine, les armes nucléaires étaient utilises comme moyen de dissuasion face à d'autres états détenteur de l'arme nucléaire. Celui qui ne possédait pas d'armes nucléaires n'était pas menacé par des armes nucléaires. Aujourd'hui, des pays pour lesquels il existe un soupçon qu'ils disposent d'armes de destruction massive comme des armes biologiques ou chimiques, peuvent être menacés avec des armes nucléaires. Étant donné que beaucoup plus de pays peuvent disposer d'armes chimiques ou biologiques, beaucoup plus de pays sont aujourd'hui une cible potentielle des armes nucléaires de l'OTAN. L'utilisation préventive d'armes nucléaires en cas de soupçon de possession d'armes de destruction massive chez l'adversaire fait partie des possibilités.
La politique de l'OTAN permettant d'utiliser des armes nucléaires en premier apporte une dimension dangereuse supplémentaire lorsqu'elle est combinée à la politique de sécurité américaine qui plaide pour une guerre préventive.

ILLEGALE
Les principes de nuclear sharing de l'OTAN sont illégaux parce qu'ils sont contraires au droit international humanitaire et au Traité de non-prolifération.
Du jugement de la Cour internationale de justice de La Haie en 1996 sur la légalité des armes nucléaires, on peut conclure que toutes les armes nucléaires existantes sont illégales. Le Traité de non-prolifération, le traité qui doit empêcher la diffusion des armes nucléaires, oblige tous les signataires à lutter pour un monde débarrassé des armes nucléaires. La reconfirmation de la valeur politique et militaire des armes nucléaires de l'OTAN est une violation de cette obligation.

AFGHANISTAN
Après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis ont envahi l'Afghanistan et renversé le régime des Talibans. L'OTAN s'est déclarée solidaire et à mis en application l'article 5 du Traité de l'OTAN : une attaque armée contre un des membres sera considérée comme une attaque contre tous et les états-membres réagiront ensemble. A ce moment, les États-Unis ont rejeté l'aide de l'OTAN et ont fait appel à des pays qu'ils ont choisi individuellement. Lorsque la guerre en Irak a mal tourné, les États-Unis ont tout de même fait appel à l'OTAN. Depuis août 2003, l'ISAF (International Security Assistance Force) est dirigée par l'OTAN en Afghanistan. A l'origine, la mission de l'ISAF est restée limitée à la capitale, mais elle s'est depuis lors étendue à tout le pays.

ECHEC DE L'INTERVENTION MILITAIRE
Tout comme en Irak, cette intervention n'évolue pas positivement. L'OTAN est embobinée dans une opération de counter-insurgency (anti-insurrectionnelle).
En théorie, une intervention militaire doit apporter la sécurité de manière à ce qu'un processus politique puisse voir le jour et qu'une démocratie stable puisse se développer. Dans la pratique, la sécurité est une illusion depuis des années. Les États-Unis étant particulièrement larges dans leur définition du terme « dégâts collatéraux », ils s'attirent de plus en plus les foudres de la population locale. Dans la plupart des cas, le pouvoir du président Karzaï ne dépasse pas Kaboul et il est considéré en grande partie comme une marionnette des États-Unis. Il n'est pour ainsi dire pas question d'un processus politique, et encore moins d'une évolution vers un régime stable.
Il paraît évident de donner la faute de cet échec aux méthodes musclées américaines. Mais les échecs en Irak et en Afghanistan montrent en fait que c'est l'instrument « interventions militaires » qui échoue. Imposer la paix et créer une démocratie avec des moyens militaires est une illusion. De tels objectifs politiques ne peuvent pas être atteints avec des moyens militaires. Au contraire, l'intervention militaire est plutôt un obstacle.
Avec une intervention militaire, l'importance des groupes armés impliqués dans un conflit augmente. Elle renforce les oppositions dans le conflit et diminue la place disponible pour une solution politique. Une intervention militaire fait de tout le monde une partie prenante au conflit, ce qui crée une guerre ouverte ou un scénario de lutte anti-guérilla.
De cette manière, une intervention entraîne peut-être une victoire militaire, mais polarise surtout le conflit et éloigne encore plus qu'auparavant une solution politique. Si la possibilité d'un véritable processus de paix n'est pas évidente, on est confronté à une présence militaire pouvant durer des années, voir des dizaines d'années, et à une reprise du conflit après le retrait des troupes.

LES INSTRUMENTS D'UNE INTERVENTION MILITAIRE
Malgré cela, l'OTAN continue à développer les outils lui permettant d'intervenir militairement plus rapidement et de manière plus efficace. Depuis la fin 2006, la NATO Response Force est complètement opérationnelle. Il s'agit d'une force d'intervention rapide de 21.000 soldats qui doit pouvoir être déployée entre une semaine et un mois et doit pouvoir soutenir trente jours de lourds combats. Tous les six mois, d'autres troupes sont attribuées à la NATO Response Force. Des investissements supplémentaires sont menés dans les capacités nécessaires en matière de transport, de recueil d'information,... En outre ,les états membres se sont fixés comme objectif de rendre 40% de leurs troupes terrestres déployables à l'étranger et de déployer effectivement 8 pourcent de leurs forces terrestres à l'étranger.
En d'autres termes, l'OTAN fait clairement le choix de devenir un instrument pour des interventions militaires dans le monde entier. Cet instrument militaire permet-il également d'atteindre les objectifs politiques définis, comme la promotion de la stabilité, de la paix et de la démocratie ? On peut en douter. C'est en tout cas une question qui ne peut pas être posée au sein des structures de l'OTAN.

ACCORDS SECRETS
L'OTAN n'a pas d'armée propre. Ce sont les états membres qui attribuent leurs armées à l'OTAN et les placent sous le commandement de l'OTAN. Il y a en outre les armées nationales. Une partie de ces armées peut être stationnée sur le territoire d'un autre état membre de l'OTAN. Au sein de l'OTAN, des accords sont passés quant à la stratégie commune, aux troupes nécessaires et à leur matériel. Ces accords ne sont pas contraignants au niveau juridique. Les états-membres sont donc eux-mêmes responsables de la mise en oeuvre des accords et concluent pour ce faire des accords militaires bilatéraux. Il s'agit souvent d'accords-cadres, et toute une série d'accords techniques sont encore signés pour la mise en oeuvre proprement dite.
Quelques exemples : c'est au sein de l'OTAN qu'est décidée la stratégie nucléaire ainsi que le nombre d'armes nucléaires qui sont nécessaires à son exécution. Pour le stationnement proprement dit, un accord bilatéral est conclu entre les États-Unis et le pays abritant les armes pour régler les responsabilités de chacun. Il en va de même pour le stationnement de troupes américaines en Allemagne. Un accord a été conclu avec l'Allemagne pour tous les aspects de ce stationnement. Un accord a été signé avec la Belgique à propos de ce qu'on appelle les « lignes de communication », c'est-à-dire les mesures réglant le passage et le ravitaillement de ces troupes par le territoire belge.

ABUS
Ces accords rendent possible le fonctionnement militaire de l'OTAN. Ils sont conclus en vue de la mise en oeuvre des accords dans le cadre de l'OTAN, mais ils peuvent également être utilisés pour des aventures militaires qui n'ont rien à voir avec l'OTAN. C'est ce qui s'est passé pendant la dernière guerre en Irak. Les États-Unis ont utilisé les accords conclus dans le cadre de l'OTAN pour leurs propres objectifs.
Dans leur stratégie militaire, les États-Unis utilisent souvent le stationnement de troupes américaines en Europe d'une manière qui ne correspond pas à la stratégie de l'OTAN. Les troupes américaines en Europe servent de poste avancé pour des interventions au Moyen-Orient et en Afrique, sans que les pays d'accueil aient vraiment leur mot à dire.

PLATEFORME LOGISTIQUE POUR LA GUERRE
La
dernière guerre en Irak en a fourni l'exemple le plus frappant. Officiellement, le gouvernement belge était opposé à la guerre en Irak. Tout comme le gouvernement allemand, il trouvait que cette guerre était contraire au droit international. Dans la pratique, plus de 20.000 soldats américains ont  été transportés d'Allemagne vers la région du Golfe et leur matériel a été transporté vers Anvers et Rotterdam pour y être transbordé. La Belgique a servi de plateforme logistique pour la guerre.
Sans cette collaboration, la guerre aurait été impossible ou beaucoup plus difficile. En collaborant de cette manière, la Belgique a dérogé à ses obligations dans le cadre de la Convention de La Haye sur les états neutres et de la Charte des Nations Unies. Le gouvernement belge a affirmé devoir respecter ces accords militaires, si nécessaire en contradiction du droit international de la guerre et de la Charte des Nations Unies. On peut se permettre de douter de cette affirmation. Une lecture de l'accord bilatéral obtenu suite à des fuites montre clairement que la Belgique conserve le droit d'en interrompre l'application lorsque celle-ci est contraire à ses propres intérêts nationaux. Au delà de cette discussion juridique, la guerre en Irak a montré que l'adhésion belge à l'OTAN peut signifier une implication dans des aventures militaires unilatérales des États-Unis.

ET LES ARMES NUCLEAIRES ?
Ces abus des États-Unis dans le cadre de l'OTAN peut en théorie prendre des formes encore plus graves. En effet, les armes nucléaires américaines en Europe ont une autre fonction dans la stratégie militaire américaine que dans celle de l'OTAN. Les États-Unis prévoient un rôle possible pour ces armes nucléaires au Moyen-Orient. Cela ne signifie pas qu'elles peuvent être tout à coup utilisées à partir du territoire belge sans approbation du gouvernement belge, mais bien que les États-Unis peuvent à tout moment les transporter vers le Moyen-Orient pour leurs propres troupes les utilisent sur place. Ici aussi, le stationnement d'armes nucléaires joue le rôle de poste avancé de l'armée américaine, tout comme pour les troupes conventionnelles.


L'OTAN et la politique de guerre américaine.

L'OTAN incarne le lien transatlantique qui relie la sécurité de l'Europe et celle de l'Amérique du Nord, affirme l'OTAN dans son concept stratégique. Un bel argument si les visions quant à cette sécurité sont les mêmes. Mais la pratique montre une image tout à fait différente.

L'adhésion à l'OTAN entraîne les états membres européens dans une politique beaucoup plus agressive que celle qu'ils souhaitent. Le lien transatlantique s'avère surtout un étranglement qui rend souvent impossible une autre politique étrangère. Les États-Unis font pression pour imposer leur vision et menacent les autres s'ils pensent à mettre en cause le « consensus ».
Les chapitres précédents consacrés à la politique d'armement nucléaire et aux interventions en Afghanistan et en Irak ont déjà illustré cette explication. En voici encore quelques exemples.

LA DEFENSE ANTI-MISSILES
Depuis les années quatre-vingt déjà, les États-Unis rêvent de Star Wars, un bouclier de l'espace qui doit les protéger contre des missiles nucléaires. Il y a vingt ans, ce n'était pas une carte jouable au niveau technique, mais l'actuel président Bush a approuvé l'installation du système national de défense anti-missiles. Pour ce faire, il a suspendu le traité ABM (Anti Ballistic Missile), un traité conclu entre les États-Unis et la Russie qui interdisait les systèmes de défense anti-missiles.
On ne sait pas si ce système fonctionne, mais les installations de lancement de missiles anti-missiles sont là en tout cas.
L'Europe a toujours fait preuve de moins d'enthousiasme pour ce système. Les États-Unis ne sont pas parvenus à le « vendre » au sein de l'OTAN. Comme compromis, une étude a été commandée à propos de la faisabilité technique d'une 'Missile Defence Initiative' dans le cadre de l'OTAN. Pour de nombreux pays européens, c'était une manière de garder ses distances. Pour les États-Unis, c'était le début d'une prise de décision rampante. Par le biais de la commande d'une telle étude, la discussion s'est limitée à la faisabilité technique et la discussion sur la nécessité d'un telle système a été balayée. Lors du sommet de l'OTAN à Riga en 2006, les États-Unis ont à nouveau essuyé un échec, et une nouvelle étude a été commandée !
Mais le gouvernement Bush veut développer le plus possible le système de défense anti-missiles pendant sa législature afin qu'un nouveau président ne puisse plus faire demi-tour : les États-Unis ont négocié en aparté avec la Pologne et la République tchèque quant au placement d'installations pour leur bouclier anti-missiles. Résultat : la République tchèque va accueillir une installation rader et la Pologne des missiles de défense.
La Russie réagit avec irritation. Il peut-être vrai que les plans de défense anti-missiles ne forment pas à l'origine une menace pour la Russie, mais la Russie tient compte d'une possible évolution. Un bouclier anti-missiles efficace donne à un pays la possibilité de lancer lui-même une attaque nucléaire sans que la partie adverse puisse réagir de manière tout aussi destructrice. Cela perturberait l'ensemble de l'équilibre stratégique basé sur la dissuasion. Cela représente pour la Russie l'occasion de menacer de se retirer du traité INF, qui interdit les missiles à moyenne et longue distance. Les conséquences de cette réaction fâchée de la Russie touchent toute l'Europe.
Étant donné que les États-Unis poursuivent si nécessaire leurs avancées de manière unilatérale, toute discussion sur l'utilité d'un tel système est dépassée. La discussion ne porte plus sur l'utilité d'un bouclier anti-missiles, mais sur le cadre dans lequel il est placé (l'OTAN ou une coalition des volontaires d'Europe de l'Est). L'Europe plie et les États-Unis obtiennent ce qu'ils veulent. L'Europe est entraînée dans une politique beaucoup plus agressive par rapport à la Russie.

L'ELARGISSEMENT
Les États-Unis veulent utiliser la faiblesse actuelle de la Russie pour la limiter tellement dans sa marge de manoeuvre qu'elle ne puisse plus jamais atteindre sa puissance d'antan. Les États-Unis essaient d'intégrer le plus possible de l'ancien territoire soviétique dans la sphère d'influence américaine, et l'OTAN est l'instrument idéal pour ce faire. Dès lors, les États-Unis soutiennent un élargissement à l'Ukraine et à la Géorgie. Le fait que la population ukrainienne soit très divisée sur la question et qu'une grande partie se sente liée à la Russie n'est pas pris en compte, et encore moins le fait que l'OTAN fonce en Géorgie dans un nid de guêpes comparable à l'ex-Yougoslavie. La Russie est furieuse, mais cela n'a pas beaucoup d'importance pour les États-Unis, qui veulent surtout éliminer un concurrent potentiel. Pour l'Europe, une bonne relation avec la Russie est beaucoup plus importante. La Russie est un voisin, avec lequel il vaut mieux avoir de bonnes relations. Pourtant, le processus de prise de décision, soumis à des pressions constantes, évolue lentement vers le point de vue américain.

LA COLLABORATION MILITAIRE AVEC ISRAEL
Une collaboration militaire avec un pays qui occupe un territoire depuis des années en violation de toutes les règles du droit international, qui viole régulièrement le droit humanitaire international et ignore toute une série de résolutions des Nations Unies, c'est quelque chose que personne ne voudrait défendre. Et pourtant, les États-Unis n'y voient pas le moindre problème. Et plus fort encore, l'OTAN en fait de même.
Dans le cadre du « Dialogue méditerranéen », une collaboration militaire est menée avec divers pays de la Méditerranée. Il s'agit d'exercices militaires, de participation à diverses sessions d'études, d'entraînements, du sponsoring d'études scientifiques communes, etc. entre autres en matière de lutte contre le terrorisme et de surveillance des frontières. Une telle collaboration signifie quelque chose de tout à fait différent dans le contexte israélien que dans l'européen ! En mai 2006, Israël a participé à l'exercice de la force aérienne Spring Flag/Volcanex,. Deux mois plus tard, la même force aérienne israélienne bombardait le Liban.



L'OTAN, COMBIEN CA COÛTE ?

L'OTAN est financée en commun par ses membres. Les contributions des états membres sont calculées selon une clé de répartition basée sur leur produit national brut (PNB). Plus de 95% des coûts ne sont pas intégrés dans le budget de l'OTAN mais sont pris en charge par les états membres. Le budget de l'OTAN ne contient que les quartiers-généraux et une quantité limitée d'infrastructures communes. Les coûts liés à l'équipement, à l'entraînement et à l'envoi en mission militaire des troupes sont payées par l'état membre lui-même.

UN BUDGET COMMUN POUR L'OTAN
L'OTAN dispose de 3 budgets communs :
- le budget civil, avec lequel sont financés le quartier-général de l'OTAN, le personnel civil et les programmes scientifiques. En 200, il s'élevait à 181 millions d'euros. La contribution à ce budget est placée dans la plupart des états membres sous le budget des affaires étrangères.
- le budget militaire, avec lequel sont financés le quartier-général militaire (SHAPE), divers quartiers-généraux subalternes et les installations de défense aérienne. En 2007, ce budget s'élevait à 954 millions d'euros. La contribution à ce budget est placée dans la plupart des états membres sous le budget de la défense.
- le programme NATO Security Investment (NSIP), avec lequel sont financés divers projets destinés à augmenter la capacité militaire et la disponibilité. Les pipelines de l'OTAN ressortent de ce budget, tout comme les bunkers dans lesquels sont entreposées les armes nucléaires. Les États-Unis aiment utiliser ce budget pour faire payer en partie par les autres états membres le coûts de leurs installations en Europe. La contribution à ce budget est placée dans la plupart des états membres sous le budget de la défense.

COÛTS DES BASES AMERICAINES POUR LES PAYS D'ACCUEIL
Les États-Unis disposent de statistiques quant à la mesure dans laquelle ils parviennent à faire payer d'autres pays pour leurs installations à l'étranger. Ces coûts sont répartis de manière très inégale et touchent surtout les pays avec une grande présence militaire américaine, comme l'Allemagne et

L'OTAN crée plus de problèmes qu'elle n'en résout. Nous n'avons pas besoin d'une machine à interventions militaires mondiales ou d'une alliance militaire qui menace le reste du monde et crée ainsi surtout des ennemis et des contre-réactions.
nous sommes à chaque fois confrontés à l'OTAN.
- si nous voulons obtenir des modifications fondamentales dans notre politique de sécurité, il est impossible d'y parvenir uniquement à partir de la Belgique. Une coopération européenne est nécessaire.



Dans d'autres pays d'Europe, des mouvements puissants sont en développement

Espagne
Le 17 octobre 2005, des activistes ont bloqué un train transportant du matériel dans le cadre d'exercices de grande ampleur liés à l'établissement d'une base de la NATO Response Force à Valence. Sur place, une inspection civile a été organisée pour la cinquième fois le 12 mai 2007. Cette action était la conclusion d'une semaine d'actions contre des bases militaires partout en Espagne. Début février 2007, à Séville, dix mille personnes ont manifesté contre l'OTAN à l'occasion du sommet des ministres de la défense. Le gouvernement ne reste pas insensible à ces critiques : à Séville, l'Espagne a refuser à une demande de l'OTAN d'envoyer plus de militaires en Afghanistan.
Italie
En Italie aussi l'OTAN est soumise à un feu de critiques, surtout depuis la guerre en Afghanistan. L'opposition aux bases américaines a explosé ces derniers mois lorsqu'a été annoncée l'extension de la base militaire située près de Vicenza, d'où partent des avions américains à destination de l'Irak et de l'Afghanistan. Le 17 février 2007, Vicenza a été submergée par une manifestation de cent mille personnes. Quelques jours plus tard, le premier ministre Prodi a donné sa démission parce que son gouvernement n'était plus à même de trouver une majorité pour la poursuite de la participation italienne à l'occupation de l'OTAN en Afghanistan.
Royaume-Uni
Le mouvement de la paix au Royaume-Uni a les mains pleines avec la politique étrangère de son propre gouvernement. Les protestations se concentrent sur le soutien volontaire du gouvernement aux guerres en Afghanistan et en Irak et sur la discussion relative à la modernisation du système d'armes nucléaires Trident. Mais outre ses propres armes nucléaires, le Royaume-Unie abrite également des armes nucléaires de l'OTAN. Sur la base de Lakenheath, base d'accueil du 48th Fighter Wing américain, sont entreposées 110 armes nucléaires. Le Lakenheath Action Group est le moteur derrière un flux interminable de manifestations et d'actions directes.
Allemagne
L'Allemagne connaît depuis des années un fort mouvement de la paix. Un nouveau développement est l'apparition d'un réseau de groupes locaux autour de diverses bases militaires. Au nord de Berlin, un vaste mouvement est actif contre la mise en service d'un terrain d'exercice pour bombardements aériens, le Bombodrom. Le mouvement utilise actuellement des moyens juridiques, mais si ceux-ci sont épuisés, une occupation permanente du terrain est prévue pour empêcher la mise en service. Des groupes locaux mènent des actions autour des bases aériennes de Büchel, Spangdahlem et Ramstein. Il en va de même autour de l'aéroport de Leipzig, où sont stationnés des avions Antonov pour des interventions de l'UE ou de l'OTAN et où atterrissent les soldats américains en congé d'Irak ou d'Afghanistan. A Ansbach également, un groupe local est actif. C'est là-bas que l'armée américaine veut concentrer une grande partie de son déploiement en Allemagne et où sont stationnés ses régiments d'hélicoptères.
République tchèque
Après la Guerre froide, les pays d'Europe de l'Est se sont rapprochés de l'OTAN. Des pays comme la Pologne, la République tchèque et la Hongrie se sont révélés des membres obéissants. Mais là aussi, les protestations augmentent.
En République tchèque, cela se cristallise autour de la résistance contre l'installation d'un radar pour la défense anti-missiles américaine. En août 2006 a été créée une vaste coalition baptisée Ne základnám : Non aux bases militaires – avec l'organisation à Prague des premières manifestations contre les plans. Aujourd'hui, ce mouvement dispose de groupes locaux dans tout le pays et rassemble des signatures pour un référendum. Dans les villages autour du site proposé, des référendums locaux ont été organisés, avec près de 100% des voix contre les plans.
Pologne
En Pologne également, un vaste mouvement s'oppose aux plans de Star Wars. Ce mouvement a été lancé pendant la guerre en Irak. En Pologne, un site de stationnement de missiles est prévu. Outre des manifestations, le mouvement utilise également la possibilité d'un référendum pour atteindre de larges couches de la population. Ce mouvement, composé de groupes de diverses tendances, est réuni au sein de la coalition Stop Wojnie (Non à la guerre).
Hongrie
Enfin, en Hongrie également sont visibles les premiers signes de résistance, même si ce n'est qu'au niveau local. A Tubes et à Pécs, des actions sont menées contre l'installation d'un site radar destiné à l'OTAN.

OTAN - GAME OVER
La Belgique abrite le quartier-général politique de l'OTAN. Les possibilités pour une action te une collaboration européenne sont évidentes. En nous opposant à l'OTAN, nous pénétrons dans le coeur de notre sécurité militaire. Avec les activistes allemands, britanniques, espagnols,... nous lançons le samedi 22 mars 2008 le premier 'OTAN, game over'.
Cinq ans après le début de la guerre en Irak, nous nous rendons ensemble au quartier-général de l'OTAN pour le fermer. Effectivement. Nous en fermons les portes, les voies d'accès. De manière non violente et décidée.
Les Bombe-spotters pénètrent sur et inspectent les terrains où sont préparés le recours à des armes nucléaires et tentent d'empêcher des crimes de guerre.
'OTAN - Game over' n'est pas une manifestation. Et encore moins un jeu. Jusqu'à présent, chaque action directe non violente sur ou autour du quartier-général de l'OTAN a entraîné un déploiement policier massif, des kilomètres de fil barbelé, des interdictions de rassemblement,... Dommage, quel gaspillage de l'argent du contribuable ! Par le biais d'actions directes non violentes, nous tentons d'empêcher des guerres et de mettre un terme à des crimes de guerre. Ouverture quant à ses intentions, non-violence active et sens des responsabilités sont des conditions de base pour participer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 





http://www.imi-online.de/2009.php3?id=1938
Confronter l'alliance guerrière à des manifestations massives


Malgré toutes les prévisions quant à sa dissolution imminente, l'Otan a développé ces dernières années une effrayante dynamique belliqueuse. Stratégie de la première frappe nucléaire, escalade des opérations contre-insurrectionnelles en Afghanistan, intensification de la coopération avec l'Union européenne en passant par une transformation institutionnelle: il y a plus de raisons que nécessaires pour s'opposer, par des manifestations massives, au 60e anniversaire de l'alliance guerrière qui sera célébré les 3 et 4 avril 2009 à Kehl et à Strasbourg,

Stratégie de la première frappe nucléaire et bouclier de défense anti-missile

Dans un document d'opinion rédigé par cinq éminents stratèges de l'Otan et publié début 2008 («Vers une stratégie d'ensemble pour un monde incertain»), la stratégie de la première frappe nucléaire est ouvertement promue. «L'utilisation préventive de l'arme nucléaire doit demeurer un moyen ultime pour empêcher l'utilisation d'armes de destruction massive».

De telles frappes préventives devraient aussi et particulièrement être possibles contre des États qui ne sont pas eux-mêmes en possession de l'arme nucléaire, tel l'Iran.

De par la menace nucléaire, le bouclier ad hoc se doit d'être développé. Il fut décidé lors du sommet de Bucarest, en avril 2007, d'intensifier la préparation d'un bouclier de défense antimissiles étendu. Ce bouclier serait créé en plus des installations américaines prévues en Pologne et en République Tchèque. La décision s'appuie sur une étude secrète de faisabilité que l'Otan a contractée auprès de plusieurs entreprises d'armement. D'après les estimations de ces entreprises, son coût total serait de 20 milliards d'euros. L'Institut allemand pour les affaires internationales et les questions de sécurité (SWP), qui conseille le gouvernement allemand, estime que ce projet déstabilisant coûtera le double.

L'Afghanistan: champ expérimental pour les opérations civilo-militaires de contre insurrection

L'opération militaire de l'Otan en Afghanistan a mis en mouvement une cruelle escalade. Depuis que l'USAF et troupes de l'Otan agissent de plus en plus offensivement, les échauffourées avec usage d'armes et les morts parmi la population afghane croissent de manière tragique.

Sous occupation militaire, ont été créées les structures d'une économie libérale de marché qui a totalement échoué quant à réduire la pauvreté manifeste en Afghanistan. Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la situation humanitaire a empiré depuis que les opérations de l'Otan ont débutées: 61% de la population souffre de malnutrition chronique, 65% n'a pas l'accès à l'eau potable. Quant au droit des femmes, les améliorations sont minimes d'après le PNUD.

L'occupation de l'Afghanistan par l'Otan est le problème et non la solution pour ce pays opprimé. De ce fait, un retrait immédiat d'Afghanistan est plus que nécessaire. Au lieu de cela, l'Otan veut y envoyer plus de troupes. Aussi le gouvernement allemand a décidé de «poser des mesures plus vigoureuses au cœur » comme l'a annoncé le ministre de la Défense en mars 2008.

À travers la coopération civilo-militaire telle qu'elle est pratiquée en Afghanistan, même l'aide au développement est intégrée à l'effort de guerre de l'Otan. Caritas International a d'ailleurs critiqué l'Otan en juin 2008, indiquant que «la distribution des fonds de l'aide ne se fait pas en fonction des nécessités réelles mais est orientée selon les besoin de la contre insurrection». Au sommet de l'Otan à Bucarest il fut décidé - mais maintenu au secret - de mettre en place un «plan d'action», qui fera généralement de la contre insurrection civilo-militaire le centre d'intérêt des missions actuelles et futures de l'Otan.

Frères d'âme: l'intensification de la coopération entre l'Otan et l'Union européenne

Peu après sa prise de fonction, le président français Nicolas Sarkozy fraîchement élu a entamé auprès de l'Otan une réelle offensive de charme. Il a annoncé la complète réintégration de la France au sein des institutions militaires de l'Otan dont elle fut absente pendant 40 ans. Les deux organisations coopèrent déjà étroitement, dans le cadre de l'accord «Berlin plus» par exemple, qui permet à l'Union européenne d'accéder à des ressources de l'Otan pour ses opérations propres. Mais la France qui préside le Conseil de l'Union européenne jusqu'à la fin 2008, va maintenant intensifier la coopération à tous les niveaux. Pour cela, l'Institut allemand pour les affaires internationales et les questions de sécurité (SWP) propose un renforcement des liens entre les deux organisations par la création d'une «capacité de préparation et de conduite d'opérations civilo-militaires au sein de l'Otan» qui serait à même de «coordonner les capacités civiles et militaires de l'Union européenne et les capacités militaires de l'Otan en un seul lieu ... [S]ous l'égide d'un «Berlin plus inversé», l'Otan disposerait de la possibilité de recourir aux capacités civiles de l'Union européenne».

Renouvellement des institutions

À l'occasion de son 60e anniversaire en 2009, l'Otan veut signer ou au moins mettre en mouvement un nouveau concept stratégique. Le document d'opinion «Vers une stratégie d'ensemble pour un monde incertain», cité auparavant, propose un large spectre de mesures, dont la fin de la nécessité du mandat de l'ONU pour les futures guerres de l'Otan. Une autre requête qui ressort est que l'Alliance devrait dans le futur «abandonner le principe du consensus à tous les niveaux inférieurs au Conseil de l'Otan, et introduire la règle du vote à la majorité simple pour le comité et les groupes de travail». En outre, les auteurs proposent que les pays qui ne souhaitent pas être engagés dans une mission n'aient, dans le futur, aucun droit à participer aux décisions quant à cette mission, seuls ceux prenant part au combat le pourraient alors: «La contribution possible pour chaque nation en moyens comme en forces a toujours été laissée à la discrétion de chaque nation. Mais les nations ne contribuant pas en combattant ne devraient pas non plus avoir de mots à dire quant à la conduite des opérations militaires. Nous proposons de ce fait ... que seules les nations participant à une mission - par exemple: engageant des forces armées dans une opération militaire - puissent décider du processus de l'opération.» La part de ces requêtes et d'autres de ce type, dans le Nouveau concept stratégique est actuellement inconnue, mais celles-ci joueront un rôle important dans les débats à venir.

60e anniversaire de l'Otan: appel à manifester à Strasbourg et Kehl

L'Otan va - vraisemblablement - célébrer son 60e anniversaire les 3 et 4 avril 2009 à Kehl et à Strasbourg. C'est aussi une invitation pour nous, mouvements pacifistes et antiguerre. L'Otan représente la mise en œuvre par l'armée des intérêts occidentaux, et est de plus en plus une alliance pour guerroyer. Nous devrions commencer une campagne pour délégitimer l'Otan, cette organisation superflue qui devrait être dissoute. Un point d'orgue de cette campagne pourrait être les actions internationales s'opposant au sommet de l'Otan, à Kehl et à Strasbourg, lequel marquera son 60e anniversaire.

Tobias Pflüger

Géopolitique impériale: l’Ukraine, la Géorgie et la nouvelle Guerre froide entre l’OTAN et la Russie

Celui qui désire comprendre la politique actuelle et future des États-Unis, de l’UE et de l’OTAN ne peut faire l’impasse sur le livre de Zgbiniew Brzezinski intitulé « Le grand échiquier ». Dans cet ouvrage, l’ancien conseiller en charge de la Sécurité nationale américaine livrait, voici plus de dix ans déjà, une description limpide des impératifs de la géopolitique impériale. Il affirmait que les États-Unis devaient maintenir à tout prix leur hégémonie sur la planète, ce qui nécessitait l'expansion en Eurasie de l'OTAN, "tête de pont" américaine, et la prise de contrôle des régions revêtant une importance géostratégique, afin d’éviter tout rétablissement de la puissance russe.

Brzezinski pensait ce faisant plus particulièrement à deux pays et régions : d’une part, « l’Ukraine, une pièce nouvelle et essentielle sur l’échiquier eurasiatique, [qui] constitue une plaque tournante géopolitique, dès lors que son existence même en tant qu’État indépendant contribue à la transformation de la Russie. Privée de l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire eurasien. […] Or, si la Russie venait à rétablir sa domination sur l’Ukraine, forte de 52 millions d’habitants et de richesses naturelles considérables, et à recouvrer l’accès à la mer Noire, elle aurait automatiquement les moyens de devenir un empire puissant, qui dominerait l’Europe et l’Asie. »[1] D’autre part, ajoute Brzezinski, il est tout à fait indispensable de contrôler la région du Sud-Caucase (Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie), sur le flanc sud de la Russie. Avec une clarté impressionnante, le vieux maître de la géopolitique américaine décrit ensuite l’objectif et la finalité de la politique que doit déployer l’OTAN : « Les États-Unis et les pays de l’OTAN s’attellent pour l’heure – en veillant certes autant que possible à ne pas heurter la fierté de la Russie, mais d’une manière néanmoins résolue et constante – à saper les fondements géopolitiques qui pourraient permettre à la Russie, ne serait-ce qu’en théorie, de nourrir l’espoir de se poser en numéro deux sur la scène politique mondiale. »[2]

Dans les années qui ont suivi, ce scénario a été méthodiquement traduit dans la pratique et l’OTAN s’est peu à peu étendu, au gré de ses élargissements, jusqu’au voisinage immédiat de Moscou. Par ailleurs, le soutien résolu des Occidentaux aux révolutions « de couleur » en Géorgie (2003) et en Ukraine (2004) a permis de remplacer des gouvernements et présidents jusqu’alors pro-russes ou à tout le moins neutres par de nouveaux dirigeants, pro-occidentaux.[3] Aux yeux de Moscou, l’OTAN a franchi la « ligne rouge » en s’engageant dans une telle politique. Comme l’a montré la guerre entre la Russie et la Géorgie à l’été 2008, la Russie n’est plus disposée à assister sans réagir à de nouvelles tentatives d’expansion. Pourtant, l’alliance militaire occidentale poursuit imperturbablement sur la voie de l’escalade et évoque l’adhésion à l’OTAN de l’Ukraine et de la Géorgie, afin de pérenniser les « succès » obtenus. Le nouveau président américain, Barak Obama, plaide lui aussi pour l’adhésion de ces deux pays.[4] Et le fait que Michael McFaul, partisan de la ligne dure vis-à-vis de Moscou, soit appelé à assurer la responsabilité de toutes les questions liées à la Russie au sein du Conseil national de sécurité, ne permet guère d’espérer que, sous le nouveau président, Washington prenne quelque distance avec sa politique agressive et anti-russe. Cette attitude revient toutefois à accepter sans autre forme de procès que la nouvelle Guerre froide entre l’OTAN et la Russie, que tant d’observateurs se plaisent à annoncer, ne se transforme en self-fullfilling prophecy.

L’Ukraine : « en chevauchant la monture d’un autre »

Manifestement, les recettes géopolitiques venimeuses concoctées par Brzezinski dictent aujourd’hui encore l’attitude adoptée à l’égard de l’Ukraine. Dans ce dossier, les questions d’adhésion à l’OTAN et d’approvisionnement énergétique de l’Europe sont intimement liées. S’exprimant dans le quotidien Handelsblatt, Peter Zeihan, membre de la cellule de réflexion Strategic Forecast (souvent qualifiée d’ombre de la CIA), résumait comme suit l’imbroglio géopolitique : « d’une part, la ‘révolution orange’ de 2004 a porté au pouvoir un gouvernement ukrainien opposé aux objectifs de la Russie. Le président Viktor Iouchtchenko voudrait que son pays intègre l’Union européenne et l’OTAN, ce que la Russie assimilerait à un ‘baiser de la mort’. L’Ukraine héberge en effet la majeure partie des infrastructures qui relient la Russie à l’Europe – des oléoducs aux voies ferrées en passant par les lignes à haute tension. L’industrie et l’agriculture des deux pays témoignent d’une profonde interpénétration ; la partie orientale de l’Ukraine compte la population russe la plus nombreuse au monde en dehors de la Russie ; la flotte russe de la mer Noire est ancrée à Sébastopol, car il n’existe aucune alternative raisonnable. L’Ukraine s’enfonce si profondément dans la partie méridionale de la Russie qu’une puissance étrangère présente sur son territoire pourrait même menacer Moscou. Par ailleurs, le pays est à ce point étendu vers l’est qu’un gouvernement hostile pourrait aller jusqu’à mettre en péril les liaisons avec le Caucase. Bref, si l’Ukraine devait échapper à l’influence de la Russie, celle-ci ne pourrait plus opter que pour une stratégie défensive. Par contre, si la Russie reprenait le contrôle sur Kiev, elle pourrait s’élever au rang de puissance régionale, voire mondiale. »[5] Soucieux de ne pas en arriver là, les responsables américains ont déployé une activité frénétique, peu de temps encore avant la fin du mandat du président George W. Bush, pour rapprocher l’Ukraine de l’adhésion à l’OTAN. Condoleezza Rice, encore à l’époque ministre américaine des affaires étrangères, avait peut-être à l’esprit les fameuses paroles de Luther – « Il est aisé de se ruer dans les flammes en chevauchant la monture d’un autre » - lorsque elle et le ministre ukrainien des affaires étrangères, Volodymyr Phryzko ont signé, le 19 décembre 2008, l’accord de partenariat pour la sécurité entre leurs deux pays. À cette occasion, Mme Rice a fait la déclaration suivante : « Les États-Unis soutiennent l’intégration de l’Ukraine dans les structures euro-atlantiques et je veux une fois encore souligner, à cet égard, que la déclaration de Bucarest, qui prévoit l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN une fois que ce pays satisfera aux normes concernées, demeure sans la moindre réserve au cœur de notre politique. » Son homologue ukrainien a pour sa part insisté sur le renforcement de la présence américaine en Ukraine, notamment concrétisée par la présence d’une mission diplomatique sur la presqu’île de Crimée, en mer Noire.[6]

La signature de ce partenariat implique non seulement le rapprochement de l’Ukraine avec l’OTAN, mais aussi une collaboration étroite sur les questions énergétiques, qui passe par le biais d’une coopération intensive dans le domaine de la sécurité. L’accord prévoit notamment que « les deux parties, conscientes de l’importance que revêt le bon fonctionnement du secteur de l’énergie, envisagent de collaborer à la réfection et à la modernisation des infrastructures ukrainiennes d’acheminement de gaz. »[7] En effet, cet accord de partenariat a également été conclu sur fond de « guerre du gaz » entre l’Ukraine et la Russie. Le 1er janvier 2009, l’Ukraine n’ayant pas réglé ses dettes et aucun nouveau contrat de livraison de gaz n’ayant été signé, la partie russe a décidé de fermer les robinets. Quelques jours plus tard, le litige produisait déjà ses effets sur l’approvisionnement énergétique de l’Europe toute entière : le 6 janvier, la Turquie, la Bulgarie, la Grèce et la Macédoine signalaient l’interruption des livraisons via les gazoducs ukrainiens. En Autriche, l’approvisionnement accusait une chute de 90 %. Certains éléments semblent indiquer que l’attitude de l’Ukraine ne peut s’expliquer que par le soutien des États-Unis. C’est aussi ce que pensait la partie russe : « le groupe gazier russe Gazprom tient les États-Unis pour responsables du conflit gazier avec l’Ukraine. Ce mardi, l’entreprise a déclaré que le cap suivi par l’Ukraine était défini par l’administration américaine. Malgré la présence d’observateurs de l’UE, l’Ukraine continuerait de détourner du gaz qui transite par son territoire, ce qui expliquerait que la Russie ne peut approvisionner les États de l’UE. Alexander Medvedev, vice-président du géant énergétique russe, a accusé les États-Unis d’attiser le conflit. »[8]

Dans le cas géorgien comme dans celui de l’Ukraine, le conflit gazier et la volonté d’adhésion à l’OTAN sont intimement liés. Dans une analyse produite en avril 2008, la fondation Bertelsmann constatait que ces deux pays étaient déjà fortement intégrés dans les processus de travail de l’OTAN. « Les deux pays font partie du programme de partenariat pour la paix, destiné à favoriser la coopération bilatérale entre États membres de l’OTAN et pays tiers, depuis la création de ce programme par l’Alliance nord-atlantique, en 1994. La coopération a été étendue par la suite. […] Les deux pays jugent que leurs accords de coopération bilatérale avec l’OTAN permettent d’opérer un rapprochement avec l’Alliance par la voie de réformes profondes à l’intérieur du pays. Si les réformes en question portent au premier chef sur la consolidation des structures démocratiques à l’échelon national, elles ont aussi pour axe prioritaire la lutte contre le terrorisme international et le soutien aux opérations et missions de l’Alliance nord-atlantique. Ce dernier point était d’ailleurs un argument avancé par le président américain George W. Bush pour insister sur la nécessaire intégration de l’Ukraine et de la Géorgie dans le ‘plan d’action pour l’adhésion’. L’état d’avancement de l’intégration dans les structures de défense de l’OTAN relativise quelque peu la question – soulevée lors du sommet de Bucarest – de l’attitude qu’allaient adopter l’Ukraine et la Géorgie après s’être vu provisoirement refuser l’accès au plan d’action pour l’adhésion. La voie empruntée les conduira inévitablement à intégrer l’OTAN. »[9]

L’Allemagne joue un double rôle dans ce dossier. Bien qu’ayant refusé, d’accord avec la France, de lancer pour l’Ukraine la procédure d’adhésion accélérée que souhaitaient les États-Unis, elle n’en participe pas moins à attiser une question déjà brûlante et ne s’est pas opposée au principe d’une adhésion de ce pays à l’OTAN. Le ministère des affaires étrangères lui-même décrit parfaitement ce double rôle : « Lors du sommet de l’OTAN organisé à Bucarest en avril 2008, les membres ont convenu du principe d’ouvrir à l’Ukraine la perspective d’adhésion à l’Organisation (‘Nous avons convenu aujourd’hui que ces pays [à savoir, l’Ukraine et la Géorgie] deviendraient membres de l’OTAN’). L’Ukraine ne s’est toutefois pas vu proposer un plan d’action pour l’adhésion (MAP), mais plutôt l’entame d’un processus d’examen détaillé. »[10] Pour Moscou, cette perspective d’adhésion concédée pour la première fois et, peu de temps après, l’agression géorgienne en Abkhazie et en Ossétie du Sud ont été les deux gouttes qui ont fait déborder le vase.

La Géorgie : une pièce maîtresse géopolitique

Il suffit de se pencher sur une carte géographique pour prendre toute la mesure de l’importance du Sud-Caucase. La Géorgie est la seule route possible pour acheminer vers l’Europe le gaz et le pétrole dont regorge le sous-sol de l’Asie centrale et d’assurer par voie terrestre le transport de marchandises et de biens depuis la Chine et le Kazakhstan. Le projet d’oléoduc ‘Nabucco’ a pour objectif de diminuer la ‘dépendance’ de l’Europe vis-à-vis des exportations de gaz russe, qui représentent actuellement 40 % de l’approvisionnement et tendent à augmenter fortement. D’après le service de presse européen euractiv, les États-Unis s’efforcent « depuis longtemps déjà de mettre en place dans la région de la Caspienne des oléoducs et des gazoducs qui contournent la Russie et passent principalement par le territoire géorgien. »[11]Ce projet revêt la plus grande priorité pour l’Union européenne également, comme le confirment les déclarations faites en 2006 déjà par Martin Bartenstein, ministre autrichien de l’économie, lors de la présidence autrichienne du Conseil de l’UE : « [le] pipeline Nabucco est le principal projet énergétique européen. »[12]

Dès lors, la Géorgie constitue, tant pour l’UE que pour les États membres de l’OTAN, la zone géographique essentielle pour priver la Russie de ses voies d’exportation. En lançant les trois projets de gazoduc baptisés Nord-Stream (gazoduc de la mer Baltique), South-Stream (gazoduc russo-italien qui traverserait la mer Noire en passant par Varna, en Bulgarie) et Blue Stream (tracé reliant la Russie à la Turquie à travers la mer Noire), la Russie tente de contrecarrer les visées occidentales et de s’assurer des voies d’exportation d’énergie directes vers l’Europe occidentale et méridionale, hors du contrôle d’anciens pays du Bloc de l’Est, extrêmement bien disposés à l’égard des États-Unis. Cela explique pourquoi les États-Unis, soucieux de contenir l’influence politique de la Russie en Europe et d’éviter que ce pays ne se hisse au rang de puissance industrielle, ont misé sur la carte géorgienne.


Le soutien militaire occidental

L’Allemagne a apporté – et apporte encore – une contribution non négligeable à l’armement de la Géorgie. La Bundeswehr assure via son programme LGAI (stage de formation du service d’État-major ouvert à une participation internationale) la formation d’officiers, géorgiens pour la plupart, et on a assisté, ces dernières années, à un véritable défilé de délégations militaires géorgiennes de haut rang auprès de la Bundeswehr. S’y ajoutent la livraison par la firme Heckler und Koch de fusils d’assaut G 36 à la Géorgie. Et pourtant, ce sont les États-Unis qui se taillent la part du lion. L’armée américaine a assuré la formation de soldats géorgiens, « afin d’amener les forces armées de la Géorgie, fidèle allié de Washington et poste avancé dans le Caucase, au niveau des troupes de l’OTAN. »[13] D’après les informations de l’hebdomadaire Der Spiegel, les États-Unis ont accordé à la Géorgie, pour la seule année 2006, une aide de 80 millions de dollars, dont 13 millions consacrés au paiement de « fournitures et de services militaires » et à la formation des troupes. Par ailleurs, les États-Unis sont venus en aide à la Géorgie en assurant une modernisation régulière de sa flotte et en fournissant gratuitement au pays des hélicoptères.[14] Pour traduire l’ampleur considérable de l’aide militaire américaine « apportée par le Pentagone afin de mettre à niveau les forces armées géorgiennes, de la base jusqu’au sommet », le New York Times formulait les choses comme suit : « au niveau du commandement militaire, les États-Unis ont contribué à redéfinir les buts poursuivis par l’armée géorgienne et à assurer la formation des officiers et de l’État-major. Au niveau des unités de combat, les Marines et autres unités de l’armée de terre américaine ont initié les soldats géorgiens aux principales techniques de combat. »[15]

Au total, l’armée géorgienne disposait ce faisant de cinq brigades d’infanterie de 2 000 hommes chacune, auxquelles s’ajoutent diverses unités de réserve considérablement moins bien formées. Officiellement, le gouvernement géorgien affirme disposer de 37 000 soldats d’active et de 100 000 réservistes. Depuis l’arrivée au pouvoir de Michail Saakashvili, les dépenses militaires du pays ont grimpé en flèche : « Alors qu’en 2003, elles se montaient encore à 52 millions de laris (soit 24 millions de dollars américains), elles atteignaient le triple en 2006, soit 139 millions de laris (ou 78 millions de dollars américains). Les dépenses réelles sont cependant bien plus élevées. C’est ainsi que tout appelé potentiel peut se soustraire au service militaire obligatoire en versant une somme d’argent – dont les quatre cinquièmes aboutissent directement dans les caisses du ministère. »[16]

La Géorgie entretient également une coopération intense avec l’OTAN. En juillet 2008 encore, des manœuvres communes, organisées dans le cadre du programme de partenariat pour la paix, ont réuni quelque 1 630 militaires, dont un millier d’Américains et 600 Géorgiens.[17] Par ailleurs, l’armée géorgienne a pris part ou prend encore une part appréciable dans les interventions armées menées en violation du droit international en Iraq, en Afghanistan et au Kosovo. Dans le premier cas, le contingent géorgien était même en 2008, avec ses 2 000 hommes, le troisième par la taille au sein de la « coalition des volontaires ». En août 2008 toutefois, après que l’armée géorgienne eut été balayée en Ossétie du Sud et tandis que les combats faisaient encore rage, l’aviation militaire américaine a ramené les unités militaires géorgiennes stationnées en Iraq pour qu’elles puissent prendre part aux combats sur le front intérieur. Compte tenu de cette campagne de soutien massif déployée par les États-Unis et leurs alliés, il est difficile de croire que les responsables américains, même s’ils n’ont pas donné leur feu vert, n’étaient pas au courant de l’attaque prévue et ont promis de garder le silence.

Du côté russe en tout cas, on est convaincu que l’attaque a été menée avec le soutien de Washington. L’ambassadeur de Russie auprès de l’OTAN, Dimitri Rogozine, a ainsi déclaré que Saakashvili avait convenu de cette agression avec ses « protecteurs » - on voit très clairement de qui il voulait parler.[18] Quant à Vladimir Vasilyev, président de la commission de la sécurité de la Douma, il a résumé le point de vue russe en ces termes : « Plus cette affaire durera, plus il apparaîtra clairement au monde que la Géorgie n’aurait jamais été en mesure de faire ça [d’attaquer l’Ossétie du Sud] sans les États-Unis ».[19]Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a lui aussi exposé très clairement l’attitude des États-Unis à l’occasion d’une interview accordée à la chaîne de télévision ARD : « On ne peut s’empêcher de penser que les dirigeants américains avaient connaissance de l’action envisagée – et plus encore, y ont pris part […] dans le seul but d’organiser une petite guerre victorieuse. Et, au cas où les choses tourneraient mal, de pousser la Russie dans le rôle de l’ennemi. »[20]

La réaction de la Russie

Il
est effectivement difficile de croire que l’attaque géorgienne ait été menée sans l’aval des États-Unis. Et pourtant, l’administration américaine devait bien avoir conscience que l’armée géorgienne allait être balayée, comme cela s’est d’ailleurs passé. Ce qui soulève la question de la motivation de Washington : les dirigeants américains ont-ils tout simplement commis l’erreur de croire que la Russie accepterait sans rien dire l’attaque géorgienne ? Quoique difficilement concevable, cette hypothèse est toutefois possible. L’autre explication consiste à penser que l’objectif premier était de provoquer un conflit avec la Russie, afin d’amener l’Union européenne à adopter une position plus anti-russe encore, et qu’à cet égard, Saakashvili s’est révélé être l’idiot utile qu’il convenait d’utiliser, au détriment des populations de la région. S’il est impossible de trancher cette question avec certitude, la deuxième option semble cependant plus plausible.

Quoi qu’il en soit, ce calcul s’est révélé erroné lui aussi, car la Russie a profité de la possibilité offerte par l’agression géorgienne pour améliorer sa position dans le Caucase. Il est en effet tout aussi difficilement concevable d’imaginer que Moscou n’ait pas été informé des plans d’invasion géorgiens, d’autant que la Russie y était manifestement bien préparée. Dès juillet, 8 000 soldats russes s’entraînaient à repousser une attaque géorgienne. Un fait qui pourrait également expliquer pourquoi les troupes géorgiennes ont été arrêtées en moins de 24 heures et justifier la mainmise relative rapide des troupes russes sur le terrain. Pour autant, prétendre que le président géorgien Saakashvili, en lançant cette offensive, s’est jeté tête baissée dans le piège que lui tendaient les Russes, n’est guère convaincant. Le fait que les Russes se soient révélés bien préparés n’enlève rien au fait que la Géorgie a mené une guerre d’agression.

En tout état de cause, cette confrontation a permis à la Russie d’ébranler la confiance de certains dans la capacité de la Géorgie d’offrir à l’avenir une solution de transit fiable pour les ressources énergétiques de la mer Caspienne. Le président géorgien lui-même a déclaré que « l’un des motifs essentiels de l’offensive russe était que la Géorgie disposait déjà d’un oléoduc – l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), enfoui sous un mètre de terre sur toute sa longueur et conçu pour contourner la Russie. »[21] Ce soupçon n’est pas sans fondement. Car l’entrée en fonction, en mai 2006, de l’oléoduc BTC, objet de controverses entre Washington et Moscou pendant près de dix ans, avaient été un des grands succès géopolitiques obtenus par les États-Unis dans leur projet de réduire l’influence de la Russie dans la région : « Selon M. Lomaia, conseiller géorgien en charge de la sécurité, les Russes auraient lâché six bombes sur l’oléoduc, sans pourtant l’atteindre. Si ces informations sont exactes, elles montrent que l’opération militaire russe a d’autres objectifs, d’une portée plus stratégique, qui dépassent la seule volonté d’éviter une crise humanitaire en Ossétie du Sud. »[22]

Un rude coup a également été porté au projet Nabucco. Selon Ed Chow, du Center for Strategic and International Studies, « la Russie a semé de sérieux doutes dans la tête des bailleurs de fonds et investisseurs […] quant à la possibilité de protéger un tel ouvrage des attaques menées sur le territoire géorgien ou de le prémunir du contrôle de Moscou. »[23] En dépit de cela, le commissaire européen à l’énergie, Andris Piebalgs, a tenté de convaincre que le conflit de Caucase ne modifiait en rien la volonté de l’UE de mener à bien son projet de construction de l’oléoduc Nabucco à travers le territoire géorgien, ajoutant que l’Europe avait besoin de cette infrastructure.[24]

Pour la première fois depuis la fin de la Guerre froide (de l’ancienne), la Russie s’est opposée militairement à une tentative d’expansion occidentale – ce seul point de vue permet de prendre la mesure du conflit russo-géorgien. Dans le même temps, l’intervention sur le territoire géorgien a montré clairement à l’Occident qu’à l’avenir, il faudrait à nouveau compter avec la Russie sur l’échiquier international du pouvoir. On peut lire à ce propos dans une analyse de Strategic Forecast que, « par son opération en Ossétie du Sud, la Russie a démontré trois choses. 1. En dépit des doutes nourris auparavant par les observateurs étrangers, son armée peut mener à bien une opération militaire. 2. Les Russes peuvent vaincre des forces armées formées par les instructeurs militaires américains. 3. La Russie a démontré que les États-Unis et l’OTAN n’étaient pas en position d’intervenir militairement dans ce conflit. »[25]

Un unilatéralisme frappant


On ne sera guère surpris que la réponse russe à l’invasion géorgienne ait été fermement condamnée par les Américains et que ces derniers se soient rangés quasi sans réserves du côté de la Géorgie. C’est ainsi que Zgbiniew Brzezinski s’est exprimé haut et fort pour comparer les méthodes de Poutine à celles de Hitler et affirmer que l’attitude de Moscou ne pouvait que « conduire à sa mise à l’écart et à des sanctions économiques et financières, [soulignant que] si la Russie poursuivait dans cette voie, elle devrait en fin de compte être mise au ban de la communauté internationale. »[26]

Il est plus surprenant de noter que l’Union européenne a elle aussi adopté un positionnement tout aussi unilatéral : « Le Conseil européen est gravement préoccupé par le conflit ouvert qui a éclaté en Géorgie, par les violences qu'il a entraînées et par la réaction disproportionnée de la Russie. » C’est par ces mots que les chefs d’État ou de gouvernement ont commenté, le 1er septembre, les événements survenus dans le Caucase, sans évoquer – et encore moins critiquer – le fait que le conflit avait incontestablement été déclenché par l’agression géorgienne. Dans la suite de leurs conclusions, les dirigeants européens clouent la seule Russie au pilori et condamnent « fermement la décision unilatérale de la Russie de reconnaître l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. » Aux antipodes de la ligne adoptée par la grande majorité des États membres de l’UE sur la question de la reconnaissance du Kosovo, ils rappellent ensuite « qu’une solution pacifique et durable des conflits en Géorgie doit être fondée sur le plein respect des principes d’indépendance, de souveraineté et d’intégrité territoriale reconnus par le droit international, l'Acte final de la Conférence d'Helsinki sur la sécurité et la coopération en Europe et les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies. »[27]

Ça et là, certains ont même réclamé à cors et à cris d’adopter une attitude plus radicale encore à l’égard de la Russie. C’est le cas par exemple du président de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, Jacek Saryusz-Wolski (PPE-DE), qui a demandé que l’UE adopte une position « plus ferme que celle de l’OTAN ».[28] Et si les partisans de la ligne dure n’ont pu entièrement imposer leur vues, cela vient aussi d’une constellation intérêts spécifiques, qui rendaient inopportune – notamment du point de vue allemand – une telle position. Car, si l’on veut certes montrer à Moscou qui est le chef dans la maison européenne, on ne souhaite pas pour autant se brouiller tout à fait avec la Russie – les affaires qu’on fait dans ce pays sont trop rentables.[29] Néanmoins, l’Allemagne souscrit elle aussi sans guère de réserves à l’escalade recherchée par l’OTAN.

Mise en place de l’OTAN (de l’énergie)

Dès novembre 2006, le sénateur américain Richard Lugar, l’un des principaux stratèges de l’OTAN, est passé littéralement à l’offensive. En marge du sommet de l’OTAN de Riga, il a dénoncé les tentatives de Moscou de se servir du pétrole comme d’une « arme » contre l’Occident et proposé la création d’une « OTAN de l’énergie », dont l’idée maîtresse serait d’amener à l’avenir l’Organisation à traiter une interruption dans la fourniture de gaz et de pétrole comme une agression militaire (cf. la contribution de Tobias Pflüger).

En janvier 2008, cinq généraux haut placés de l’OTAN ont présenté une note d’orientation explicitement présentée comme un catalogue de revendications destiné à alimenter le débat en vue de la prochaine mise à jour du concept stratégique de l’OTAN . Cette note pourrait par ailleurs servir de brouillon pour le sommet de l’OTAN programmé les 3 et 4 avril 2009 : « Dans un contexte de concurrence internationale croissante pour des ressources toujours plus rares, à tout le moins pour les combustibles fossiles, les fournisseurs verront s’accroître les possibilités d’abuser de leur position et de leur pouvoir d’influence. […] La dépendance vis-à-vis du gaz et du pétrole crée une vulnérabilité que certains gouvernements tenteront d’exploiter – la crise Gazprom a démontré combien il était aisé de manipuler la demande. L’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) est un mécanisme – et il le restera probablement – destiné à maintenir les prix pétroliers à un niveau artificiellement élevé et la Russie et les Émirats arabes unis examinent la possibilité de créer un OPEP pour le gaz. […] Pour cette raison, il pourrait être indiqué de réfléchir à la possibilité d’user de l’OTAN comme d’un instrument apte à assurer la sécurité d’approvisionnement énergétique. »[30]

Peu de temps après, en juin 2008, Richard Lugar, entre-temps pressenti pour devenir le ministre de la défense de Barak Obama, a renouvelé lors d’une audition du Sénat ses menaces à l’encontre de la Russie et a plaidé vigoureusement pour la réalisation du projet Nabucco.[31] Durant la même audition, le nouveau vice-président américain, Joseph Biden, a salué avec insistance l’action de Lugar en matière de politique de l’énergie et souligné l’importance des conflits dans la région de la Caspienne : « les enjeux sont énormes : des centaines de milliards de dollars en pétrole et en infrastructures, le redressement de la puissance russe et la sécurité énergétique de l’Europe. […] Les Russes aiment les échecs. Notre réponse stratégique sur l’échiquier qu’est l’Asie centrale doit être d’établir une présence sur les cases qu’ils ne contrôlent pas encore. Cela implique de construire de nouveaux pipelines, qui offrent des alternatives […] au monopole russe. »[32]

Joseph Biden devrait dès lors avoir accueilli positivement une des dernières grandes initiatives de sécurité de l’administration Bush, censée attirer davantage encore la Géorgie dans l’orbite occidentale par le biais d’une déclaration commune de partenariat : « Grâce au pacte signé par les deux gouvernements le 9 janvier [2009], les États-Unis et la Géorgie sont officiellement devenus des ‘partenaires stratégiques’. […] Peu de détails ont été communiqués à propos de ce document signé quatre mois après la guerre désastreuse entre la Géorgie et la Russie. Les signataires ont cependant expliqué à l’envi que le pacte géorgien était comparable à l’accord de partenariat stratégique signé en décembre par les États-Unis et l’Ukraine. »[33] Il devrait donc prévoir, au même titre que ce dernier, une coopération militaire renforcée et des mesures visant à une adhésion rapide de la Géorgie à l’OTAN. Dès le 15 septembre 2008, l’OTAN a décidé de mettre en place une commission chargée d’approfondir les relations avec la Géorgie et qui devrait permettre de coordonner la « reconstruction militaire » du pays.[34]

La Guerre froide : une prophétie appelée à se concrétiser d’elle-même

L’objectif de la politique prônée par les États-Unis en Ukraine et en Géorgie est d’engager une nouvelle Guerre froide contre la Russie et de la soumettre à une provocation permanente faite de « révolutions de couleur », de blocus énergétiques, d’élargissement de l’OTAN et de stationnement de missiles sur le territoire de la Pologne et de la République tchèque. En perturbant les relations économiques russes avec l’Europe occidentale, Washington entend réduire l’influence de la Russie sur la scène politique mondiale et entraver son avènement au rang de nouvelle puissance industrielle. Si ce scénario devait se voir couronné de succès, il ne fait aucun doute que les pays d’Europe occidentale membres de l’Alliance se verraient entraînés dans une stratégie commune d’escalade et contraints de s’engager davantage encore dans des projets militaires de sécurité énergétique.

Le fait que cette stratégie a jusqu’ici été couronnée de succès et que rien ne permet hélas de supposer que le nouveau président américain, Barak Obama, entende s’écarter de cette logique de confrontation laisse craindre le retour de l’affrontement entre deux blocs. Au plus fort de la crise géorgienne, le président russe, Dmitri Medvedev, a adressé un message clair à l’Occident : « Nous n’avons peur d’absolument rien, pas même de la perspective d’une nouvelle Guerre froide. »[35] Le mouvement anti-guerre devra s’accommoder des réalités de la nouvelle Guerre froide. Il faut s’opposer avec calme, ici et maintenant, à la stratégie impérialiste de l’OTAN et de l’UE.

[1] Brzezinski, Zgbiniew : Le Grand échiquier, l’Amérique et le reste du monde, Hachette (Paris), 1997.

[2] Ibid.

[3] Concernant le soutien occidental aux « révolutions de couleur », cf. Chauvier, Jean-Marc : Les multiples pièces de l’échiquier ukrainien, Le Monde diplomatique, 14.01.2005.

[4] Carpenter, Ted : Worse than Bush ? National Interest Online, 11.07.2008.

[5] Zeihan, Peter : Moskau wird Kiew nie dem Westen überlassen [Moscou n’abandonnera jamais Kiev à l’Occident], Handelsblatt, 20.01.2009.

[6] United States, Ukraine Sign Security Charter, America.gov, 19.12.2008.

[7] United States-Ukraine Charter on Strategic Partnership, 22.12.2008, URL :
http://tinyurl.com/agqc4k

[8] Befeuern die USA den Gasstreit ?
[Les États-Unis attisent-ils la guerre du gaz ?], heute.de, 13.01.2009.

[9] Isic, Mirela : Ein « Vielleicht für die Ukraine und Georgien [Un « peut-être » pour l’Ukraine et la Géorgie], CAP-News, 10.04.2008.

[10] Ministère des affaires étrangères, Ukraine, situation en octobre 2008, URL : http://tinyurl.com/b3gvbg

[11] Nabucco : Projekt unrealistisch durch Georgien-Krise ? [La crise géorgienne rend-elle irréaliste le projet Nabucco ?], euractiv, 25.08.2008.

[12] Ibid.

[13]Friedmann, Matti : Sie waren nicht bereit für den Krieg mit Russland [Ils n’étaient pas prêts à entrer en guerre contre la Russie], AP, 19.08.2008.

[14] Schröder gibt Saakaschwili die Schuld [Schröder accuse Saakashvili], Der Spiegel, 16.08.2008.

[15] Grey, Barry : Bush accentue la confrontation avec la Russie, World Socialist Web Site, 13.08.2008.

[16] Der Spiegel, 16.08.2008.

[17] Dans la perspective de l’adhésion à l’OTAN, la Géorgie renforce considérablement son armée, russland.ru, 16.07.2008.

[18] Nuclear Nigthmares : The Return of M.A.D., Huffington Post, 19.08.2008.

[19] Chin, Larry : South Ossetia : superpower oil war, Online Journal, 13.08.2008.

[20] Ces propos et nombre d’autres remarques critiques formulées par Poutine ont été coupés au montage lors de la diffusion de l’interview par la chaîne ARD. Pour une transcription complète de l’interview, consulter l’adresse http://www.spiegelfechter.com/wordpress/392/das-interview

[21] euractiv, 25.08.2008.

[22] Rosenbaum, Kaspar : Südossetien : Der Westen in der Propaganda-Schlacht [Ossétie du Sud : l’Occident dans la guerre de propagande], ef-online, 11.08.2008.

[23] euractiv, 25.08.2008.

[24] Energie-Agentur sagt wachsende EU-Abhängigkeit von Importen voraus [Selon l’Agence de l’énergie, l’UE devrait dépendre de plus en plus des importations], Yahoo News Finanzen, 04.09.2008.

[25] Stratfor : Russland hat Stärke gezeigt und wird nur auf Stärke hören [la Russie a fait la preuve de sa puissance et n’écoutera que la force], RIA Novosti, 11.08.2008.

[26] Russlands Vorgehen ähnelt dem von Hitler [Les méthodes de la Russie ressemblent à celles de Hitler], Die Welt, 11.08.2008.

[27] Session extraordinaire du Conseil européen, Bruxelles, 01.09.2008, 12594/08.

[28] Pflüger, Tobias : EU eskaliert den Konflikt mit Russland weiter [L’UE poursuit l’escalade dans le conflit avec la Russie], IMI-Standpunkt 2008/052.

[29] À propos du rôle de l’Allemagne, cf. : Hantke, Martin, Georgienkrieg und imperiale Geopolitik [Conflit géorgien et géopolitique impériale], in : AUSDRUCK (octobre 2008).

[30] Naumann, Klaus et al. : Towards a Grand Strategy for an Uncertain World : Renewing Transatlantic Partnership, URL : http://tinyurl.com/5bujl9 pp. 47 et suivantes.

[31] U.S. Senate Committee on Foreign Relations, Senator Richard G.Lugar Opening Statement for Hearing on Oil, Oligarchs and Opportunity : Energy from Central Asia to Europe, 12.06.2008, URL :
http://tinyurl.com/df7tg8

[32] BIDEN : We Need to Confront Russia’s Oil Dominance with Aggressive, High Level Diplomacy, 12.06.2008, URL :
http://tinyurl.com/ crjhol

[33] Corso, Molly : Georgia : Washington and Tbilisi sign Strategic Pact sure to irk the Kremlin, Eurasia Insight, 09.01.2009.

[34] Framework Document on the establishment of the NATO-Georgia Commission, Tbilisi, 15.09.2009.

[35] Dimitri Medvedev raises spectre of new Cold War, The Times Online, 26.08.2008.

Martin Hantke

Frères d’esprit : intensification de la coopération Europe - Otan

Ce n’est pas tant en raison de la grave crise économique et des problèmes militaires des États-Unis que le nouveau président Barack Obama cherche à serrer les coudes avec ses alliés européens. En échange d’un pouvoir politique croissant, les États européens soutiendraient militairement encore plus fortement les États-Unis pour le maintien de l’ordre mondial occidental.

Il est possible de pointer d’ores et déjà les premiers signes d’un tel « partage de la charge » et d’un rôle croissant de l’Otan. Dès aujourd’hui, l’Europe peut utiliser les capacités de l’Otan pour mener des opérations militaires dans le cadre de l’accord Berlin +, tel qu’il est actuellement pratiqué en Bosnie. Cependant il y a aussi de plus en plus de débats sérieux pour instaurer le processus inverse et permettre à l’Otan d’avoir accès aux capacités civiles de l’Europe pour mener ses guerres (Berlin + inversé). La présidence du Conseil de l’Europe, qui incombe jusqu’à l’été 2009 à la République tchèque, a donné son mot d’ordre principal : l’amélioration du partenariat avec l’Otan dans le cadre de la politique militaire de l’Union européenne. Un rapport, rédigé sous la direction d’Ari Vatanen (groupe parlementaire des conservateurs français), a été adopté à la mi-février, avec une très faible majorité ; il demande au Parlement européen d’augmenter le travail en commun entre l’Europe et l’Otan, notamment à travers l’établissement de structures permanentes de coopération. Pour couronner le tout, au sommet de l’Otan, en avril, à Strasbourg, Baden-Baden et Kehl, le gouvernement français veut réintégrer pleinement les structures militaires de l’Otan, après plus de quarante ans d’absence. Pour cela, la France devrait être récompensée par un important poste de commandement.

Autre domaine d’intense coopération : l’Irak. Barack Obama n’a pas fixé d’échéance pour le retrait des troupes américaines. Selon Robert Gates, inamovible ministre de la Défense, plus de 40 000 soldats peuvent occuper le pays pour des décennies. À peine une semaine après l’élection d’Obama, le Conseil de l’Europe décide que la mission EU JUST LEX entraînera dès la mi-2009 les forces régulières d’Irak, et, ainsi, elle soutient directement les États-Unis dans leur occupation militaire. En décembre 2008, l’Otan dans sa totalité a pris une décision similaire.

Mais l’aspect le plus important reste la demande des États-Unis pour une aide plus large et significative dans la guerre en Afghanistan. Barack Obama veut envoyer plus de 30 000 soldats en sus des 55 000 déjà sur place. Au même moment, il insiste avec véhémence pour que l’Union européenne augmente massivement ses troupes d’occupation. Les États européens y sont déjà favorables – par exemple, M. Jung, ministre de la Défense allemand, avait annoncé, lors de la conférence sur la « sécurité » de Munich, que son pays fournira des contingents supplémentaires pour la Force de réaction rapide, en charge des opérations de contre insurrection dans le Nord de l’Afghanistan.

Tout ceci croît ensemble et forme une unité : l’Union européenne et l’Otan travaillent de plus en plus fortement pour joindre leurs efforts, planifier et mener leurs guerres.

Tobias Pflüger

L’OTAN entre 1949 et 1991 : bref bilan d’une histoire belliqueuse

L’OTAN se définit elle-même comme une alliance défensive. Or, à sa création voici 60 ans, elle ne se désignait aucun ennemi. Dans une étude datée du 6 janvier 1945, l’ « État-major conjoint des services de renseignement américains » lui-même estimait que l’Union soviétique (URSS) n’affichait ni la capacité, ni la volonté d’une confrontation avec les États-Unis et ses alliés, qu’elle était contrainte de se concentrer sur la reconstruction et la protection de sa zone d’influence et qu’elle ferait tout pour éviter de nouveaux conflits internationaux dans l’environnement de l’après-guerre.[1]

Les États-Unis et leurs alliés avaient toutefois conscience du fait que, s’ils ne représentaient qu’une petite partie de la population mondiale, ils disposaient de la grande majorité des richesses de la planète. Il s’agissait dès lors de « concevoir un modèle de relations qui nous permette de préserver cette situation de déséquilibre », comme l’exprimait George F. Kennan, théoricien de la politique d’endiguement de l’Union soviétique , dans la « Policy Planning Study 23 » publié par le Département d’État américain.[2]

Roll Back

Les deux Guerres mondiales désastreuses qu’avaient menées les unes contre les autres les puissances impérialistes avaient sensiblement réduit la part du monde sur laquelle elles exerçaient un contrôle direct. L’objectif commun à tous les pays capitalistes était par conséquent de rétablir leur contrôle sur les territoires qui s’étaient détournés du capitalisme après la Première Guerre mondiale (pour la Russie) ou la Deuxième (pour l’Europe centrale et orientale et la Chine). Pour ce faire, il leur fallait désormais tirer sur la même corde. Forts de leur hégémonie incontestable, les États-Unis furent en mesure de constituer autour d’eux une alliance transatlantique garante d’une coopération étroite entre États impérialistes et capable de contrer toute velléité de compétition entre ces États. Pour les États-Unis, l’OTAN constituait l’instrument apte à asseoir leur hégémonie sur le camp occidental ; pour les puissances européennes affaiblies, la soumission volontaire leur garantissait le soutien nécessaire pour défendre leurs intérêts vis-à-vis du bloc oriental et des pays africains et asiatiques en lutte pour leur indépendance.

Avant même la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis avaient élaboré des plans ambitieux destinés à s’assurer le contrôle stratégique de l’économie mondiale et développé pour ce faire un concept baptisé « Grand Area Planning » (planification du grand espace). Y étaient mentionnées les régions du monde qui devaient être « ouvertes » - aux investissements et à la mainmise sur les ressources – et les modalités d’organisation des institutions financières et de la planification financière.

L’Union soviétique et la Chine formaient les principaux obstacles à ces projets. Il s’agissait dès lors de concentrer, par le biais d’une politique baptisée « Roll Back », l’ensemble des efforts politiques et militaires sur l’endiguement d’un « communisme agressif ». Ces efforts débutèrent au cœur du monde occidental, avec la lutte militaire contre le front populaire de gauche en Grèce et l’élaboration de projets de putsch destinés à empêcher la prise du pouvoir par les partis communistes – en France et en Italie, par exemple. La sauvegarde de l’ordre capitaliste dominant à l’intérieur de ses frontières allait également devenir l’une des principales missions de l’OTAN.[3] À partir de juin 1950, soit neuf mois après la création de l’OTAN, tous les États membres de l’époque – à l’exception de l’Islande et du Portugal – combattirent en Corée aux côtés des États-Unis.


Des plans de guerre nucléaire

Deux semaines seulement après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’État-major des forces armées américaines avait adopté un mémorandum, dans lequel il demandait de n’attendre en aucun cas une frappe de l’URSS et de frapper les premiers.[4] Tout au long de la Guerre froide, ce principe demeura le leitmotiv de tous les plans militaires élaborés contre l’URSS et la base de toutes les stratégies américaines, base reprise peu ou prou par l’OTAN. Dans les années qui suivirent, cette recherche de la confrontation fut renforcée par des plans d’attaque brutaux baptisés « Cible nucléaire : Union soviétique » (directive JIC 329, 1945), « Broiler » (1947), « Halfmoon » (1948) ou encore « Dropshot » (1949). Tous prévoyaient la destruction par bombardement nucléaire de centres soviétiques dont le nombre croissait année après année.[5]

En 1949, après le premier essai nucléaire soviétique, les États-Unis imaginèrent la stratégie de « représailles massives », en vertu de laquelle même une agression conventionnelle restreinte sur un membre de l’Alliance devait entraîner une frappe nucléaire. Cette stratégie fut reprise par l’OTAN en 1952. Après que l’Union soviétique eut rétabli, en 1954, l’équilibre stratégique en se dotant de ses premiers missiles nucléaires intercontinentaux, les États-Unis débutèrent l’installation en Europe de missiles à courte et moyenne portée équipés de têtes nucléaires et capables d’atteindre le territoire du Bloc de l’Est. Réarmée, la RFA adhéra elle aussi à l’OTAN. En réaction, l’Union soviétique fonda, en 1955, l’alliance militaire connue sous le nom de Pacte de Varsovie et équipa elle aussi d’armes nucléaires ses troupes stationnées en Europe orientale. En 1958, l’OTAN prit la décision d’intégrer les armes nucléaires américaines dans ses stratégies militaires, tout en laissant aux États-Unis le pouvoir de décider de leur utilisation.

Le quasi-rétablissement de l’équilibre nucléaire par l’URSS rendit caduque une stratégie de « représailles massives » qui risquait de transformer rapidement un conflit localisé en une guerre d’anéantissement total. Qui plus est, cette stratégie n’aurait guère été politiquement défendable plus longtemps face aux répercussions à long terme d’un conflit nucléaire. C’est pourquoi , en 1967, la stratégie des « représailles massives » céda la place à une autre. Baptisée « Flexible Response » (réponse flexible), cette nouvelle stratégie prévoyait l’engagement graduel d’armes conventionnelles, d’armes nucléaires tactiques et de missiles nucléaires intercontinentaux, en vue de pouvoir circonscrire géographiquement une guerre contre les pays du Pacte de Varsovie ou de restreindre le choix des armes engagées. Maintenue – moyennant quelques modifications en ce qui concerne les armes nucléaires – jusqu’en 1991, cette stratégie prévoyait elle aussi l’option de la première frappe nucléaire.

Contrairement à la propagande répandue d’une menace soviétique, les États de l’OTAN ont toujours bénéficié d’une large supériorité militaire par rapport à ceux du Pacte de Varsovie et joui d’une avance considérable, à tout le moins qualitative, dans tous les types d’armements.[6] Et si la capacité de riposte soviétique est demeurée incontestée, en dépit des efforts d’armement déployés, la situation de pat nucléaire a dans une large mesure vidé de toute utilité politique l’arsenal nucléaire gigantesque constitué par les deux camps. Le recours à de telles armes dans un conflit conventionnel limité était en effet une éventualité à ce point disproportionnée et risquée qu’elle ne pouvait constituer une menace crédible. Ces armes ne pouvaient donc guère servir les intérêts des uns et des autres en matière de politique étrangère.

À partir des années 1970, les États-Unis, forts de ce constat et encouragés par le développement de nouveaux missiles à moyenne portée capables de frapper avec précision des objectifs militaires et des postes de commandement, intensifièrent leurs efforts en vue de refaire de l’option nucléaire une perspective réaliste susceptible de mener à la victoire. Se fondant sur ces systèmes d’armes, ils passèrent à une stratégie visant à « décapiter » l’Union soviétique par la destruction de sa direction politique et militaire. En 1980, le président américain Jimmy Carter signa la Presidential Directive 59, qui énonçait une « stratégie de l’équilibre » destinée à pouvoir remporter un conflit nucléaire en évitant l’anéantissement global.[7] En décembre de la même année, Colin S. Gray, conseiller au Pentagone, fit paraître un article intitulé « Victory is possible » (la victoire est possible), dans lequel il affirmait qu’il fallait envisager l’option d’une attaque nucléaire menée par surprise par les États-Unis en vue d’éliminer les cercles de direction politiques et militaires soviétiques et allait jusqu’à qualifier de risque supportable la perspective de 20 millions de victimes aux États-Unis. Le président Ronald Reagan entérina officiellement cette stratégie et fit de son concepteur son principal conseiller militaire.[8]

Au cœur de cette stratégie offensive perfectionnée se trouvaient les missiles Pershing II et autres missiles de croisière, installés en Europe occidentale à la suite de la « double décision » prise par l’OTAN en décembre 1979. Si, officiellement, les 108 Pershing II et 464 missiles de croisière terrestres étaient censés répondre à la menace posée par les nouveaux missiles SS-20 soviétiques, ils n’en faisaient pas moins partie – comme le confirma Colin S. Gray dans le magazine Air Force en 1982 – de la stratégie de décapitation évoquée plus haut.[9]

Air-Land-Battle et Follow-On-Forces-Attack

Parallèlement aux plans de guerre nucléaire, les États membres de l’OTAN réorientèrent également leur conception de la guerre conventionnelle, délaissant le principe de la « défense avancée » le long des frontières mêmes du Pacte de Varsovie pour lui préférer celui d’opérations offensives menées loin en territoire ennemi. Ce principe fut énoncé pour la première fois en 1982 dans la doctrine « Air-Land-Battle » de l’armée américaine et formulé plus clairement encore dans des plans à long terme tels que « Air-Land Battle 2000 ». Ces deux documents furent également entérinés par l’armée fédérale allemande.[10] Au niveau de l’OTAN, le comité de défense de l’Alliance adopta, en 1984, un concept quasi identique : baptisé « Follow-On-Forces-Attack », il prévoyait des offensives menées jusqu’à 500 km à l’intérieur du bloc soviétique.[11]

Ces plans militaires étaient étroitement liés au concept d’ « escalade horizontale », qui faisait partie intégrante de la « réponse flexible » et prévoyait de répondre à une intervention politique ou militaire de l’Union soviétique dans un conflit local – dans le Golfe persique par exemple – par des attaques visant des points plus vulnérables du Pacte de Varsovie.[12] Comme l’affirmaient en 1982 Meinhard Glanz, alors inspecteur des forces armées allemandes, et son collègue américain Edward C. Meyer dans le concept « Air-Land Battle 2000 » élaboré par leurs soins, l’enjeu n’était pas seulement le conflit avec l’Union soviétique, mais aussi le contrôle du reste du monde. « Les pays émergents du tiers monde [concourent à accroître] le déséquilibre des forces. Ces nations pourraient s’allier à des États ennemis et recourir au terrorisme, au chantage ou à des conflits circonscrits, pour obtenir une part équitable des ressources. »[13] C’est à cela aussi que servait le réseau de bases militaires créées dans le cadre de l’OTAN et dont le centre de gravité se situe en RFA. Dès le départ, il servit également de base pour les guerres menées contre les peuples africains et asiatiques qui se battaient pour leur indépendance. L’OTAN apporta par ailleurs un soutien actif aux États-Unis dans les guerres de Corée et du Vietnam, ainsi qu’au Portugal, en Angola et au Zimbabwe.

Au vu de ce qui précède, la politique ouvertement offensive déployée par l’OTAN depuis 1990 ne constitue aucunement un changement de cap pour une organisation dont on prétend souvent qu’elle est passée du statut d’ « alliance défensive » à celui d’ « alliance offensive ». Depuis l’effondrement de l’URSS, les États membres de l’OTAN ont tout simplement les mains libres pour conduire une politique suivie depuis la fondation de l’Organisation.


Remarques:

[1] Memorandum of the Joint Intelligence Staff, Capabilities and Intensions of the USSR in the Post-War Period, JIS 80/2, January 6, 1945, National Archives, Washington D.C. (Cité d’après Lühr Henken “Die NATO im Kalten Krieg – Verteidigungs- oder Angriffsbündnis“, Beitrag auf dem Kasseler Friedensratschlag [L’OTAN dans la Guerre froide – alliance défensive ou offensive, contribution au Conseil de paix de Kassel], 2.12.2008)

[2] George F. Kennan, „Review of Current Trends in U.S. Foreign Policy“, Policy Planning Staff, PPS No. 23, in: Foreign Relations of the United States, 1948, Vol.
I v. 24.2.1948, pp. 509-529

[3] C’est à cette fin que fut notamment créé le réseau Gladio, organisation paramilitaire secrète de l’OTAN, chargé de mener des opérations de guérilla en cas de prise du pouvoir par les communistes en Europe occidentale. Certains éléments de cette organisation active entre 1950 et 1990 se sont livrés à des actes de terrorisme systématiques et ciblés dans divers pays d’Europe occidentale, avec le soutien des organes de l’État.
Cf. Daniele Ganser: NATO’s Secret Armies: Operation Gladio and Terrorism in Western Europe, London 2005

[4] Joint Chiefs of Staff, Basis for the Formulation of a U.S. Military Policy, JCS 1492/2, September 9, 1945, Printed in: U.S. Department of State, Foreign Relations of the United States 1946, vol.I, Washington D.C.

[5] Cf. Heinrich Hannover, Befreiung auf amerikanisch [Libération à l’américaine], Ossietzky, tirage à part mars 2004 (source : Jürgen Bruhn, Der kalte Krieg oder: Die Totrüstung der Sowjetunion [La Guerre froide ou l’armement funeste de l’Union soviétique], Gießen)

[6] Cf. Lühr Henken op.cit.

[7] Matthew M. Oyos “Jimmy Carter and SALT II: The Path to Frustration” American Diplomacy, 12/1996

[8] Colin S. Gray u. Keith Payne, “Victory is Possible”, Foreign Policy, été 1980, pp. 14-27

[9] Till Bastian (Éd.): Ärzte gegen den Atomkrieg.
Wir werden Euch nicht helfen können [Les médecins face à la guerre nucléaire. Nous ne pourrons pas vous aider], Pabel-Moewig Verlag Kg, 1987, p. 9 (s. IPPNW-Chronik 1982)

[10] Bjørn Møller, „Wider die Offensive - Vorschläge für eine defensive Sicherheitsstruktur in Europa“ [Contre l’offensive – propositions relatives à une structure de sécurité défensive en Europe], W&F, 3-98
Ludwig Weigl, Strategische Einsatzplanungen der NATO, Dissertation, Universität der Bundeswehr München [Plans d’intervention stratégique de l’OTAN, thèse de doctorat, université de l’armée fédérale, Munich], septembre 2005

[11] , Bernard W. Rogers, "Greater Flexibility For NATO's Flexible Response", Strategic Review, XI (Spring 1983), pp. 11-19

[12] Wilhelm Bittorf, „Der Schlieffen-Plan des Pentagon“ [Le plan Schlieffen du Pentagone], Gewerkschaftliche Monatshefte, 9/83

[13] Clemens Ronnefeldt, „Wieder einmal Blut für Öl“ [Quand le pétrole fait à nouveau couler le sang], Friedensforum 1/2002

Joachim Guilliard

Politique nucléaire agressive et défense antimissiles de l’OTAN

La mise en place d’une défense antimissiles en Europe figurera en avril 2009 à l’ordre du jour du Sommet de l’OTAN, dont la stratégie y sera par ailleurs débattue. S’agissant de défense antimissiles, l’OTAN a désormais lancé deux programmes, le premier étant le « système de défense active multicouches contre les missiles balistiques de théâtre » (Active Layered Theatre Ballistic Missile Defence System, ALTBMD). La première tranche de ce système d’armes conçu pour protéger les corps expéditionnaires à l’étranger devrait être opérationnelle d’ici 2010. À cette fin, divers États membres de l’OTAN fourniront les capteurs et les composantes des armes, tandis que l’OTAN en son entier se chargera des structures de commandement (BMC3I – système de commandement, de contrôle, de communication et de renseignement pour la gestion tactique). La réalisation de ce projet aura un coût annoncé d’environ 800 millions d’euros, dont 18 % à la charge de l'Allemagne.[1] Il est en outre prévu d’intégrer à ce système le projet américano-germano-italien controversé MEADS de défense aérienne élargie à moyenne portée (Medium Extended Air Defence System). [2]

Lors du Sommet d’Istanbul en 2004, les chefs d’État et de gouvernement des États membres de l’OTAN sont convenus d’accélérer les plans de défense antimissiles. Ils ont approuvé la mise en place d’une organisation de gestion du programme sous l’égide de la Conférence des Directeurs nationaux des armements (CDNA) qui fonctionne depuis mars 2005. En septembre 2006, au Sommet de Riga, le système ALTBMD a fait l’objet d’un premier contrat de développement, d’un montant approximatif de 75 millions d’euros, entre l’OTAN et un consortium de sociétés des États-Unis, de Grande-Bretagne, d’Allemagne, de France, d’Italie et des Pays-Bas.

Le Sommet de Prague qui s’est tenu en 2002 a été l’occasion de commander une étude de faisabilité concernant un second programme de défense antimissiles dont l’objectif, autrement plus ambitieux, est de protéger le territoire de l’OTAN et les plus grands centres de population. Vu que l’élaboration en a été confiée précisément à un consortium de sociétés d’armement fortement et naturellement intéressées par un tel bouclier[3], on ne s’étonnera pas que cette étude de 10 000 pages, tenue jusqu’ici confidentielle, soit parvenue à la conclusion qu’une défense antimissiles couvrant la superficie de l’OTAN est techniquement réalisable dans son principe. Quant à savoir si les directions politiques des membres de l’OTAN connaissent véritablement la teneur de cette étude, on peut en douter. Néanmoins, ses conclusions ont été confirmées par les ministres de la « Défense » en avril 2006. Une fois déployé dans toutes ses phases, ce système devrait coûter entre 27,5 et 30 milliards d’euros, et 40 milliards ou davantage en tenant compte des indispensables satellites d’alerte précoce.[4] Enfin, lors du Sommet de l’OTAN en avril 2008 à Bucarest, le Conseil de l’OTAN a été chargé « d’élaborer des options d’une architecture étendue de défense antimissiles afin de couvrir la totalité du territoire et la population de l’Alliance qui ne sont pas abrités par le parapluie américain. Elles seront examinées lors de notre Sommet de 2009 afin d’étayer toute décision politique future ».[5]

Parfaitement à l’inverse de toutes les assurances au rabais, ces projets de défense antimissiles ne concernent aucunement la défense, mais bien la capacité d’attaque. Même la Fondation Science et Politique, bien que proche du gouvernement, déclare « que les éléments dont nous disposons aujourd’hui ne permettent guère de douter de l’inexistence actuelle de risques et de menaces qui justifieraient la mise en place d’une architecture de défense antimissiles ». L’auteur relie l’importance de la défense antimissiles à la politique interventionniste de l’OTAN et de l’UE. « Qu’il s’agisse de l’OTAN (NRF, Force de réaction de l’OTAN) ou de l’Union européenne (groupements tactiques de l’UE), l'Allemagne fournit une part considérable des forces d’intervention rapide (…) Au cas où un État, contre lequel une intervention de la communauté internationale est devenu incontournable, aurait les moyens de menacer la République fédérale d’un recours à des armes de destruction massive, il s’ensuivrait une situation stratégique radicalement transformée. » [6]

L’OTAN et les armes nucléaires

En adoptant un nouveau concept stratégique lors du Sommet de Washington en avril 1999, l’OTAN se muait une fois pour toutes en une alliance interventionniste à l’échelle mondiale. Tout en menant en Yougoslavie une guerre d’agression collective contraire au droit international, elle décidait par ailleurs de ne plus réfléchir à l’éventuelle renonciation à la première frappe nucléaire, tel que l’avait brièvement mis en débat Joschka Fischer, ancien ministre allemand des Affaires étrangères. Au contraire, les armes nucléaires devaient continuer à jouer pour l’OTAN un rôle essentiel « en maintenant tout agresseur dans le doute quant à la façon dont les Alliés riposteraient en cas d’agression militaire. »[7]

En janvier 2002, le rapport secret d’examen de l’arsenal nucléaire américain (Nuclear Posture Review[8]) décrivait les armes nucléaires comme une option militaire quasi normale dans l’arsenal américain. La Russie, la Chine, l’Irak, l’Iran, la Corée du Nord, la Libye et la Syrie étaient qualifiés d’« États voyous » qui pourraient être visés par une éventuelle frappe nucléaire américaine. La mise au point d’« armes anti-bunker » et de « minibombes nucléaires » devait faire de l’atome un instrument utilisable sur le plan tactique. Enfin, l’usage de l’arme nucléaire était également projeté « en cas d’évolutions militaires surprenantes ».

La Stratégie nationale de sécurité de septembre 2002[9] proclame que le but suprême de la politique des États-Unis est d’assurer leur domination. Dès lors, l’éventualité d’une guerre d’agression contre un quelconque pays est un moyen éprouvé d’empêcher qu’une menace contre les États-Unis et leurs intérêts ne puisse à l’avenir émaner de ce pays. Le préalable en est l’absolue supériorité militaire des forces américaines. « En effet, en s’arrogeant le droit d’intervenir à l’échelle globale, les États-Unis portent immanquablement atteinte aux intérêts stratégiques d’autres pays. Pour que ces pays se tiennent tranquilles et ne puissent causer aucun dommage, il faut que la supériorité américaine soit imposante. » [10] C’est dans ce contexte précisément qu’un bouclier de défense prend toute sa signification. Pour Robert Kagan et William Kristol, deux néoconservateurs très en vue, « un système antimissiles [est] … la condition sine qua non d’une stratégie de prédominance américaine … Seule une Amérique bien protégée sera en mesure de dissuader des États voyous – et si nécessaire de s’affronter à eux – s’ils mettaient la stabilité régionale en péril ».[11]

Il y a longtemps que non seulement cette stratégie figure sur le papier, mais que ses orientations également ont « déjà été intégrées à la planification concrète des objectifs (des forces nucléaires) ».[12] Enfin, en janvier 2008, le journal britannique The Guardian faisait état d’un document stratégique dans lequel cinq anciens généraux de l’OTAN conjuguaient à tous les modes la stratégie de guerre nucléaire des États-Unis pour l’OTAN. Sous le titre « Towards a Grand Strategy for an Uncertain World », John Shalikashvili (ex-commandant en chef de l’OTAN en Europe), Klaus Naumann (ex-président du Comité militaire de l’OTAN), Henk van der Bremen (ex-commandant en chef des Armées néerlandaises), Jacques Lanxade (ex-chef d’état-major des Armées françaises) et Lord Inge (ex-chef d’état major britannique) propagent l’idée d’une première frappe nucléaire pour empêcher que des États comme l’Iran n’accèdent à l’arme atomique. « Dans l’arsenal de l’escalade, il faut que la première frappe nucléaire puisse rester cet ultime avertissement permettant d’éviter le recours à des armes de destruction massive. »[13]

Le 21 avril 2008, un sujet du magazine « Fakt » diffusé par l’ARD donnait à Klaus Naumann l’occasion de parler de ce document : « C’est à dessein que nous avons dit qu’il n’existait dans notre arsenal aucune arme dont nous excluions d’emblée l’emploi. C’est alors seulement que s’accroît le facteur d’incertitude dans le calcul de l’adversaire. » [14] « Fakt » cite les auteurs du document à propos d’un possible emploi de l’arme nucléaire contre des terroristes ou des « États voyous » : « Cet argument ultime de la politique peut être parfaitement retenu comme une option première. »[15] À l’évidence, cette stratégie est approuvée même par de hauts officiels de l’UE, ainsi Robert Cooper, conseiller principal de Javier Solana, Haut Représentant de l'UE pour la PESC : « Peut-être emploierons-nous l’arme atomique plutôt que tous les autres, mais je me garderais de le dire à haute voix. » [16]

Il n’est donc guère étonnant que l’hypothèse d’une première frappe nucléaire ait été sérieusement débattue à huis clos lors du Sommet de l’OTAN à Bucarest en avril 2008 : « Selon des informations du journal parisien ‘Le Canard Enchaîné’, le Sommet de l’OTAN de Bucarest débattra non seulement des points officiels à l’ordre du jour, mais aussi en coulisses du recours à des bombes nucléaires miniaturisées. (…) Les frappes nucléaires préventives visent à empêcher la dissémination d’armes de destruction massive à l’ère du terrorisme, une idée appuyée par plusieurs chefs militaires de l’OTAN. Ceci étant, un tel recours contre un État jugé dangereux n’est pas exclu. Les États-Unis ont mis au point des ‘minibombes nucléaires’. La France y avait renoncé en son temps. Le 21 mars, dans un discours consacré à la doctrine nucléaire de son pays, le président Nicolas Sarkozy déclarait que les armes nucléaires permettaient de lancer ‘un avertissement’ à un agresseur. » [17]


La défense antimissiles des États-Unis et la « nouvelle Europe »

Lors des pourparlers menés avec la Pologne et la République tchèque sur le stationnement de composantes de son système antimissiles, l’Administration Bush avait démontré une fois de plus qu’elle n’attachait aucune importance à une fastidieuse concertation avec ses partenaires de l’OTAN, mais qu’elle faisait prévaloir ses intérêts en cavalier seul. Mais en même temps, elle sollicite volontiers l’aide de l’OTAN. Ainsi, Washington n’oublie pas de remarquer « que le Secrétaire général de l’OTAN, Jap de Hoop Scheffer, a expressément souligné que les Alliés étaient persuadés qu’un système antimissiles n’aurait aucune incidence sur l’équilibre stratégique avec la Russie. » [18]

En Alaska et en Californie, les États-Unis ont déjà déployé respectivement dix et cinq intercepteurs (Ground-based Interceptors – GBI) de leur défense antimissiles basée au sol pour la poursuite à mi-course (Ground-based Midcourse Missile Defense System – GMDS). Au total, 44 GBI sont prévus jusqu’en 2013. Bien qu’en 1997 l’OTAN eût assuré la Russie qu’elle ne déploierait pas de potentiels militaires stratégiques dans ses nouveaux États membres, le positionnement prévu de dix missiles basés au sol avec intercepteurs en Pologne et d’un radar de bande X à haute définition en République tchèque fait partie intégrante du bouclier américain. Officiellement, Washington justifie ce déploiement antimissiles en prétextant que le territoire américain serait sous la menace de missiles intercontinentaux iraniens, un argument dénué de la moindre crédibilité. L’Iran en effet, à supposer qu’il en ait militairement l’intention, ne dispose pas des missiles nécessaires, et il est « encore loin d’avoir acquis l’aptitude technologique à la miniaturisation de têtes nucléaires (…), ce qui est indispensable pour les embarquer sur des vecteurs balistiques à long rayon d’action. » [19]

La Russie dans le collimateur

C’est ailleurs qu’il faut chercher les raisons véritables de la fébrilité des efforts américains dans le domaine de la défense antimissiles : « L’objectif globalement recherché par les États-Unis en tant que puissance mondiale est de conserver leur capacité d’action nucléaire et conventionnelle, entre autres vis-à-vis d’États qui sont ou seront eux-mêmes dotés d’armes nucléaires », estiment Frank Elbe, ancien directeur du Centre d’analyse et de prévision du ministère fédéral des Affaires étrangères et Ulrich Weisser, ancien directeur du Centre d’analyse et de prévision du ministère fédéral de la Défense. Raison pour laquelle, à leur sens, l’administration Bush, en dénonçant en 2002 le Traité ABM interdisant la mise en œuvre d’un bouclier territorial étendu « a laissé s’écrouler un important pilier de l’édifice international du contrôle stratégique des armements » et « invalidé le principe d’un équilibre stratégique savamment étudié entre la Russie et l’Amérique. » [20]

De même des voix venues d’Amérique confirment-elles que la défense antimissiles n’est pas pensée en termes de défense, mais d’attaque. Dans la revue Foreign Affairs, la première en matière de politique étrangère aux États-Unis, Keir A. Lieber et Daryl G. Press décrivent le programme américain de défense antimissiles comme un instrument d’une nouvelle guerre froide contre la Russie et la Chine : « Les États-Unis aspirent-ils résolument à la domination nucléaire ? … Les forces nucléaires actuelles et futures des États-Unis semblent conçues pour une décapitation préventive de la Russie ou de la Chine. (…) Le type de défense antimissiles qui sera vraisemblablement déployé par les États-Unis prendrait tout son sens premier dans un contexte offensif – et non pas défensif – comme complément à une capacité américaine de première frappe, et non pas comme un bouclier proprement dit. »[21]

La puissante station radar de bande X que les États-Unis se proposent d’installer en République tchèque sera capable « d’observer les tests en vol de la Russie et le largage de têtes multiples par des fusées russes de type ICBM (Missile balistique intercontinental) ». [22] Le radar peut « détecter précisément des fusées intercontinentales, suivre leur trajectoire et différencier les ogives nucléaires des leurres – et par conséquent fournir des données fiables sur une mise à feu. » [23] Depuis 1998, les États-Unis disposent déjà à Vardø (Norvège) d’une telle installation qui, de l’avis d’experts, sert à surveiller les expérimentations de fusées russes. « Avec un second radar de bande X dont le stationnement est prévu à proximité de l’île de Shemya (Aléoutiennes), il serait possible d’observer toutes les trajectoires des missiles russes de longue portée lancés à partir du centre d’expérimentation de Plessetsk, proche d’Archangelsk au nord-ouest de la Russie, en direction de Kura, sur la presqu’île du Kamtchatka. De surcroît, si le radar de bande X Cobra Dane basé en mer près de l’île de Shemya était mis en réseau avec le système prévu en République tchèque, il serait même possible de surveiller tous les missiles intercontinentaux stationnés sur le sol russe et qui pourraient être dirigés sur les côtes ouest et est des États-Unis. Les systèmes de vecteurs seraient alors connus, de même que les propriétés des ogives et des leurres russes. Ces données pourraient être entrées dans la banque de données centrale du National Missile Defense, ce qui permettrait de savoir à tout moment, de quelle manière et par quels moyens la partie russe entendrait réagir dans le cas des cas. » [24]

Le stationnement, d’ores et déjà en débat, d’un radar supplémentaire dans le Caucase permettrait en outre d’observer les cosmodromes de Baïkonour et de Kapustin Yar. [25] Des experts jugent possible que des intercepteurs basés en Pologne « puissent intercepter des ogives russes dirigées vers les États-Unis (…). En outre, les intercepteurs stationnés en Pologne pourraient être reconvertis en armes offensives munies de charges – nucléaires peut-être – et conventionnelles en tout cas. Les stratèges militaires russes les considéreraient, en raison de leur proximité géographique, comme une lourde menace pesant sur leurs propres silos abritant des missiles nucléaires. » [26]

Mais la Russie redoute avant tout qu’on n’en restera pas au stationnement de missiles en Pologne. D’autres pas de tir, d’ores et déjà débattus, se situeraient en Roumanie et en Bulgarie, en Ukraine et en Géorgie. Côté russe, on s’attend à ce qu’après la Pologne, un nouveau site de stationnement puisse être mis tous les ans en service. En parallèle, il faut compter d’ici à 2020 avec une forte réduction des missiles intercontinentaux russes pour cause d’obsolescence. La Russie n’aura guère les moyens financiers de renforcer ses armes nucléaires embarquées sur des sous-marins. Ainsi, « une multiplication drastique du nombre d’intercepteurs basés dans l’Est de l’Europe, en se combinant avec leur montée en puissance technique (par exemple Multiple Kill Vehicles), pourrait éroder la capacité de seconde frappe de la Russie et par là-même la substance même de la logique de dissuasion. » [27]

Les préoccupations russes sont accentuées par le refus, réaffirmé jusqu’ici par Washington, de proroger le traité START I – qui expire en 2009 et limite le nombre de missiles nucléaires intercontinentaux et d’ogives–, par la signature d’une convention qui permettrait des contrôles véritables. Les États-Unis n’ont pas ratifié le traité SALT II (Strategic Arms Limitations Talk). Sur les instances sans cesse renouvelées de la Russie exigeant un accord, les États-Unis se sont déclarés disposés à signer le traité SORT (Strategic Offensive Reductions Treaty) qui prévoit une limitation des armes nucléaires stratégiques d’ici à 2012. Toutefois, ce traité constitue « une solution taillée sur mesure pour les États-Unis », et par là-même « une nouvelle défaite pour la Russie ». [28] Si le traité SORT autorise les États-Unis et la Russie à maintenir en service opérationnel de 1 700 à 2 200 têtes nucléaires stratégiques de part et d’autre, il ne contient toutefois guère d’instruments de contrôle et laisse la porte ouverte au stockage d’armes nucléaires « neutralisées », mais non pas éliminées. On estime que les États-Unis détiennent en réserve un supplément de 5 000 ogives intactes ainsi que les composantes de 12 000 autres qui pourraient être rapidement réassemblées. Les missiles intercontinentaux Peacekeeper et leurs silos seront simplement encoconnés. La Russie, par contre, n’est pas en mesure d’entreposer et d’entretenir à grands frais un nombre si important d’ogives. Ainsi, « le Traité SORT doit s’interpréter comme étant le fondement d’une supériorité potentielle des États-Unis dans la stratégie nucléaire. » [29]

Les États-Unis voient donc s’accroître sensiblement leurs capacités d’annihiler le potentiel de riposte de la Russie par une première frappe surprise, de même que la possibilité d’en user comme d’un instrument de chantage. Selon Vladimir Poutine, président russe à l’époque de cette déclaration du début 2007, le bouclier antimissiles américain en Europe de l’Est revêt pour la Russie une dimension comparable à celle du déploiement de missiles Pershing-2 dans le cadre de ladite double résolution de l’OTAN du 12 décembre 1979. [30]


La réaction russe

Face à ces projets américains menaçants, Vladimir Poutine, alors président de la Russie, allait perdre patience lors de la Conférence de sécurité de l’OTAN qui s’est tenue à Munich début 2007. Il prenait alors la liberté « d’éviter les formules de politesse superflues » et d’appeler les choses par leur nom au lieu de faire assaut de « clichés diplomatiques vides de sens ». [31] Il fustigeait vivement les doubles standards de la politique des États-Unis et de l’OTAN. Aux yeux de la Russie, l’élargissement de l’OTAN est « un facteur représentant une provocation sérieuse ». Vladimir Poutine a récusé la crédibilité des arguments avancés pour justifier une défense antimissiles et déclaré qu’une « relance de la course aux armements » serait « inévitable » en cas de déploiement.

En mai 2007, l’armée russe a testé le RS-24, nouveau missile intercontinental mobile à têtes multiples visant à perforer la défense antimissiles. Depuis lors, la flotte de bombardiers russes porteurs de bombes nucléaires opérationnelles a repris ses vols ininterrompus. Le niveau d’alerte des forces nucléaires a été relevé. Lors du Sommet du G8 qui s’est tenu à Heiligendamm en juin 2007, Vladimir Poutine a proposé, au cas où les États-Unis renonceraient à une station radar en République tchèque, d’utiliser conjointement une station radar en Azerbaïdjan (Gabala). Celle-ci serait orientée plus favorablement vers l’Iran, sans pouvoir observer aussi bien le territoire russe. L’attitude évasive des États-Unis exprime éloquemment leurs intentions réelles, raison pour laquelle Moscou contre-réagissait en remettant en question sa future participation à d’importants accords de contrôle des armements.

Dans son message annuel adressé au Parlement russe début novembre 2008, le président russe Dmitri Medvedev finissait par annoncer le déploiement de missiles (de type Iskander-N) à court rayon d’action (500 km) dans l’exclave russe de Kaliningrad. Ainsi, la Pologne, mais aussi des pans de la République tchèque et de l'Allemagne deviendraient des zones potentiellement visées par des missiles russes.[32]

La position allemande

Seules des critiques tempérées viennent d’Allemagne contre les projets américains. Elles visent avant tout l’unilatéralisme de l’Administration Bush qui, aux yeux de Berlin, utilise à l’évidence la question de la défense antimissiles comme un coin pour diviser les alliés européens. Au sein de la grande coalition de gouvernement en Allemagne, divers points de vue se sont fait jour après le discours de Vladimir Poutine à Munich en février 2007. Frank-Walter Steinmeier, le ministre des Affaires étrangères, a souligné la nécessité d’une étroite concertation avec la Russie. Un soutien de la position américaine est venu de la CDU, en particulier dans l’appréciation d’une prétendue menace iranienne. Au mois de mars 2007, pour la première fois, la chancelière fédérale Angela Merkel s’exprimait clairement à ce sujet, exigeant « de faire de la défense antimissiles américaine un projet commun à l’OTAN ». [33] Le 20 mai 2008, le ministre de la « Défense » Franz Josef Jung, lors d’une rencontre en Pologne avec son homologue polonais Bogdan Klich, s’est prononcé pour un bouclier antimissiles de l’OTAN. Le ministre a souligné que l'Allemagne était favorablement disposée envers une capacité de l’OTAN à déployer une défense antimissiles à laquelle seront intégrés les éléments américains projetés en Europe ».[34]

Il est toutefois plus qu’invraisemblable que les États-Unis cèdent à l’OTAN la maîtrise sur des éléments de leur défense antimissiles nationale. Qui plus est, une telle arme sous commandement de l’OTAN ne serait guère une moindre menace pour la Russie : « Même intégrée à l’OTAN , une défense antimissiles américaine en Europe de l’Est n’en reste pas moins un danger pour la Russie, comme le déclarait lundi à Moscou le porte-parole officiel du ministère russe des Affaires étrangères, Andreï Nesterenko. ‘Toutes les variantes de la défense antimissiles en Europe intégreront, selon le communiqué (des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN ), le système défensif prévu en Pologne et en République tchèque, lequel représente un potentiel antirusse’. » [35] Ainsi donc, de là à soupçonner que cette proposition est davantage un genre de subterfuge de propagande pour convaincre l’opinion publique du ‘bien-fondé’ d’une défense antimissiles de l’OTAN, il n’y a qu’un pas. » [36]

Pendant ce temps, les recherches et analyses de la Bundeswehr sur la défense antimissiles vont bon train. C’est ainsi que la Luftwaffe par exemple effectue « actuellement ses propres études nationales sur l’architecture système et l’analyse des coups au but à de très hautes altitudes ». [37] Quant à l’industrie des armements, elle proclame haut et fort ses intérêts. « En Allemagne, toutes les technologies nécessaires au développement et à la production d’un potentiel TMD (Theater Missile Defense) sont par conséquent disponibles. » [38]

La défense antimissiles à un tournant ?

« Bush laisse un terrain miné », écrivait l’agence de presse russe RIA Novosti le 1er novembre 2008. De fait, « Bush junior a pris ses fonctions avec une équipe qui, dans sa majorité, était plus unilatéraliste et, davantage qu’aucune autre administration américaine par le passé, résolument fixée sur une supériorité militaire américaine. » [39] Une plus grande souplesse et l’association plus étroite des alliés au sein de l’OTAN sont attendues de Barack Obama et de son équipe. Cependant, précisément le « charisme démocratique » d’Obama pourrait élargir la marge de manœuvre de George W. Bush junior et permettre à la nouvelle direction américaine « d’afficher si nécessaire une implacable et indubitable fermeté ».[40]

Alors que l’Administration Bush a mené tambour battant le déploiement d’un système de défense antimissiles en Europe, des discussions sont menées au sein de l’équipe Obama pour définir les dotations prioritaires de l’armée américaine. Deux points sont en débat : premièrement, l’efficacité de la défense antimissiles reste controversée. Sans doute le Pentagone a-t-il fait publiquement état, début décembre 2008, du huitième test réussi d’une défense antimissiles, mais certains experts doutent de la réalité des conditions d’expérimentation. En outre, un système antimissiles reste relativement facile à forcer par une simple augmentation du nombre de cibles. Il peut alors s’agir de missiles à têtes multiples ou d’une multitude de leurres. Le second point concerne le dérapage incontrôlé des coûts du programme de défense antimissiles. Un laboratoire à idées du Parti démocrate, le « Washingtoner Center For American Progress », chiffrait récemment à 25 milliards de dollars les économies réalisables grâce à l’abandon du projet. Conclusions de son rapport intitulé « Développement des forces armées au XXIe siècle : réalités et priorités nouvelles » : « Il faut suspendre la mise en œuvre du programme antimissiles jusqu’à ce que son efficacité ait été démontrée par des tests réalistes. » [41]

Peut-être donc la mise à exécution du programme sera-t-elle ralentie. Toutefois, il serait illusoire d’en conclure que la défense antimissiles sera enterrée sous la présidence de Barack Obama. Au contraire, ce dernier souhaite un système « performant », « efficient en termes de coûts » et qui fonctionne. Mais avant tout, l’Administration Obama devrait sans doute pousser les membres européens de l’OTAN à prendre en charge une part des immenses coûts de ce système. La Russie – mais aussi les « États voyous » visés par cette stratégie nucléaire – ne toléreront pas sans mot dire cette stratégie agressive et prendront des mesures de rétorsion. Si donc l’OTAN, lors du Sommet d’avril 2009, devait mettre son projet à exécution et accélérer le déploiement d’un bouclier antimissiles, la course aux armements risque d’être relancée.

Appendice : Le réseau du lobby pour la défense antimissiles

Les auteurs de l’étude « Towards a Grand Strategy for an Uncertain World » sont intimement impliqués dans réseau du lobby des armements et du nucléaire. Après sa carrière militaire, John Shalikashvili fut directeur chez Boeing, un groupe qui construit entre autres des missiles porteurs d’armes nucléaires des États-Unis. Jacques Lanxade a travaillé pour le constructeur d’armements EADS qui fournit le nouveau missile M51 destiné aux forces nucléaires françaises. Lord Inge et Klaus Naumann sont membres du conseil de surveillance de la Sté OWR AG qui livre aux militaires du monde entier (en particulier de l’armée américaine) des systèmes de protection et de décontamination atomique, biologique, bactériologique et chimique.

.Aux États-Unis tout particulièrement, la politique – militaire avant tout – n’est pas l’apanage de la seule Maison Blanche. Énorme est le pouvoir du complexe militaro-industriel, du Pentagone et de l’industrie des armements, des thinks tanks et des laboratoires d’armes nucléaires qu’ils financent. Même le gouvernement dirigé par le président démocrate Bill Clinton a dû payer un tribut à cette influence. Sa tentative de modifier radicalement la stratégie américaine de guerre nucléaire, le dimensionnement et la structure des forces nucléaires a été réduite à néant par une « fronde de la bureaucratie militaire ». Dans ce domaine règne « l’interdiction pratique d’une pensée alternative », le contrôle civil et les principes démocratiques sont invalidés. [1]

En son temps, Clinton a dû faire machine arrière et accepter une Nuclear Posture Review qui maintenait en service la triade composée de bombardiers, de missiles intercontinentaux et de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, qui prévoyait une réserve d’ogives supérieure aux limitations du Traité START II et, qui pour la première fois, menaçait d’utiliser l’arme atomique contre des pays ne disposant eux-mêmes pas de telles armes. Un document-clé relatif à la défense antimissiles, le « National Missile Defense Act of 1999 », porte la signature du président démocrate Bill Clinton. Citation : « Il est dans la politique des États-Unis de développer aussi rapidement que la technologie le permettra un système national efficace de défense antimissiles qui soit en mesure de défendre le territoire des États-Unis contre des attaques limitées de missiles balistiques. » [2]

Certains observateurs s’attendent à ce que « le consensus politique bipartisan » se prolonge sur ce sujet de la défense antimissiles. « Mais plus important encore, les budgets constants de 9 à 10 milliards de dollars par an ont généré un énorme réseau étroitement tissé (…). Ce solide réseau d’acteurs et d’intéressés a métamorphosé ‘l’animal ABM-SDI-BMD-MD’ en un dinosaure insatiable qui réclame constamment de la nourriture. » [3] Pour des géants américains de l’armement comme TRW, Raytheon et Lockheed (mais aussi pour des firmes de l’armement comme Thalès, Diehl et EADS dans l’UE), l’enjeu est énorme. Depuis le milieu des années 1980, les États-Unis ont dépensé au total plus de 110 milliards de dollars pour la défense antimissiles. »[4] Ces groupes feront tout pour sauvegarder leurs prébendes et les perspectives de profits futurs, et même dans l’équipe d’Obama, il devrait sans doute se trouver suffisamment de personnes pour les appuyer en ce sens.

A[1] Harald Müller, Annette Schaper : US-Nuklearpolitik nach dem Kalten Krieg (La politique nucléaire des États-Unis après la guerre froide »), op.cit.

A[2] www.whitehouse.gov/news/releases/2003/05/20030520-15.html

A[3] Bernd W. Kubbig : Has Missile Defense Up to Its Promises? State o the Art, Transatlantic Relations and International Challenges, Berlin, 24 juin 2008.

A[4] Center for Security Studies (CSS) : US-Raketenabwehr: Eine strategische Herausforderung für Europa (La défense antimissiles américaine, défi stratégique pour l’Europe) ; Analysen zur Sicherheitspolitik n° 12, Zurich, avril 2007.


Remarques :

[1] Alexander Bitter : Die NATO und die Raketenabwehr. Implikationen für Deutschland vor dem Gipfel in Bukarest 2008, (L’OTAN et la défense antimissiles. Implications pour l'Allemagne avant le Sommet de Bucarest), étude de la Fondation Science et Politique (SWP), octobre 2007.

[2] Le projet MEADS a été adopté par le Bundestag allemand en avril 2005 avec les voix du SPD, des Verts et de la CDU/CSU. Son efficacité est contestée. D’après le plan de la Bundeswehr pour 2006, son coût sera d’environ 3,8 milliards d’euros, alors que la Cour fédérale des comptes l’estime à plus de 6 milliards d’euros. Cf. par ex. Bernd W. Kubbig : Raketenabwehrsystem MEADS: Entscheidung getroffen, viele Fragen offen (Système de défense antimissiles MEADS : la décision prise laisse de nombreuses questions en suspens), Rapport 10/2005 de la HSFK (Fondation d’irénologie et de conflictologie du Land de Hesse).

[3] La société Science Applications International Corporation (SAIC/USA) a été chargée de diriger le consortium dont font par ailleurs partie Boeing (États-Unis), Diehl (Allemagne), EADS ST (France), IABG (Allemagne), TNO (Pays-Bas), Raytheon (États-Unis), Alenia Spazio (Italie) et Thalès (France).

[4] Alexander Bitter: Die NATO und die Raketenabwehr … (L’OTAN et la défense antimissiles … ). Tous les chiffres relatifs aux coûts de la défense antimissiles européenne reposent sur des estimations grossières, comme le concède dans son étude la Fondation Science et Politique (SWP). D’autres scénarios encore considèrent que le total des coûts sera de 50 milliards d’euros.

[5] Déclaration du Sommet de Bucarest, 3 avril 2008, point 37.

[6] Alexander Bitter : Die NATO und die Raketenabwehr … (L’OTAN et la défense antimissiles …).

[7] Le Concept stratégique de l’Alliance, 24 avril 1999, point 62.

[8] Cf. par ex. Marylia Kelley : Das Kernwaffenprogramm der USA: eine Herausforderung für Abrüstungsbemühungen (Le programme nucléaire des États-Unis : défi lancé aux efforts de désarmement), Wissenschaft und Frieden n° 1/2005.

[9] Cf. par ex. Jürgen Wagner : Vom Containment zur Pax Americana: Die Nationale Sicherheitsstrategie der USA (De la politique d’endiguement à la Pax Americana : la stratégie de sécurité nationale des Etats-Unis), Sozialismus, novembre 2002.

[10] Harald Müller, Annette Schaper : US-Nuklearpolitik nach dem Kalten Krieg (La politique nucléaire des États-Unis après la guerre froide), Rapport 3/2003 de la HSFK (Fondation d’irénologie et de conflictologie du Land de Hesse).

[11] Robert Kagan, William Kristol : The Present Danger in The National Interest, n° 59, printemps 2000. Cité ici d’après Thomas Mitsch, Jürgen Wagner : Erstschlag und Raketenabwehr: Die nukleare Dimension des neuen Kalten Krieges und die Rolle der NATO (Première frappe et défense antimissiles : la dimension nucléaire de la nouvelle guerre froide et le rôle de l’OTAN ), AUSDRUCK – Das IMI-Magazin juin 2007.

[12] Martin Deuerlein : Zwischen atomarer Abrüstung und atomarer Aufrüstung: Die amerikanischen Programme für neue nukleare Gefechtsköpfe (Entre armement et désarmement nucléaire : programmes américains pour de nouvelles têtes nucléaires), papier de discussion du Groupe de recherches politique de sécurité, Fondation Science et Politique, novembre 2008.

[13] Naumann, Klaus et al. : Towards a Grand Strategy for an Uncertain World: Renewing Transatlantic Partnership, http://www.worldsecuritynetwork.com/documents/3eproefGrandStrat(b).pdf
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[14] Markus Frenzel : Einsatzoption Atombombe?
(La bombe atomique, une option envisageable ?), magazine de l’ARD « Fakt » du 21 avril 2008, manuscript de l’émission http://ww.mdr.de/fakt/5443020.html
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[15] Ibid.

[16] Traynor, Ian : Pre-emptive nuclear strike a key option, Nato told in Brussels, The Guardian, 22 janvier 2008.

[17] Le Canard Enchaîné : Les minibombes nucléaires à l’ordre du jour du Sommet, DPA, 2 avril 2008.

[18] Fondation Konrad-Adenauer : Raketenabwehr in Europa – die Diskussion in den USA, Tschechien, Polen und Russland (Défense antimissiles en Europe – Le débat aux États-Unis, en République tchèque, en Pologne et en Russie), papier de discussion, août 2007.

[19] Gerhard Mangott, Martin Senn : Rückkehr zum Kalten Krieg? Das russländisch-amerikanische Zerwürfnis über die Raketenabwehr in Osteuropa, (Retour à la guerre froide ? La dissension russo-américaine à propos de la défense antimissiles en Europe de l’Est), IPG 3/2007.

[20] Frank Elbe, Ulrich Weisser : Der Raketenstreit wächst sich zu einer internationalen Krise aus (La querelle des missiles dégénère en crise internationale), DGAP-Standpunkt (Publication de la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik e.V.), juin 2007.

[21] Keir A. Lieber, Daryl G. Press : The Rise of U.S. Nuclear Primacy, Foreign Affairs, mars/avril 2006.

[22] Götz Neuneck, Jürgen Altmann : US-Raketenabwehr – Ein Danaer-Geschenk für Europa und die Welt?

(La défense antimissiles américaine, cadeau empoisonné pour l’Europe et le pour monde ?), Wissenschaft und Frieden, n° 1/2008.

[23] Wolfgang Kötter : Großer Lauschangriff auf den russischen Bären (L’Ours russe sur table d’écoutes), Freitag n° 43/2007.

[24] Ibid.

[25] Gerhard Mangott, Martin Senn : Rückkehr zum Kalten Krieg … (Retour à la guerre froide …).

[26] Spiegel online, 2 avril 2007.

[27] Gerhard Mangott, Martin Senn : Rückkehr zum Kalten Krieg … (Retour à la guerre froide …).

[28] Ibid.

[29] Ibid.

[30] La décision prise par l’OTAN le 12 décembre 1979 se solda par le déploiement en Allemagne de 108 missiles nucléaires Pershing-2 de moyenne portée. En réduisant à cinq minutes la durée du vol jusqu’à Moscou, c.‑à‑d. pratiquement sans délai d’alerte et sans concertation possible en cas de mise à feu accidentelle, ces missiles de moyenne portée faisaient planer une menace stratégique sur l’Union soviétique.

[31] Restitution intégrale du discours de Poutine à Munich, RIA Novosti, 13 février 2007,

http://de.rian.ru/analysis/20070213/60672011.html
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[32] RIA Novosti, 5 novembre 2008.

[33] Neue Zürcher Zeitung, 14 mars 2007.

[34] Le ministre de la Défense Franz Josef dresse un bilan intermédiaire positif pendant sa visite en Pologne, Ministère fédéral de la Défense, communiqué de presse, 20 mai 2008.

[35] RIA Novosti, 8 décembre 2008.

[36] Thomas Mitsch, Jürgen Wagner : Erstschlag und Raketenabwehr...
(Première frappe et défense antimissiles...).

[37] Newsletter Défense, n° 13/semaine 44, 28 octobre 2008, www.gdm-verlag.de/frames/books/books.htm

[38] Op. cit.

[39] Harald Müller, Annette Schaper : US-Nuklearpolitik nach dem Kalten Krieg... (La politique nucléaire des États-Unis après la guerre froide …).

[40] Richard Herzinger : Amerikas erneuerter Missionsauftrag (Mission renouvelée pour l’Amérique), Welt am Sonntag, 9 novembre 2008.

[41] Junge Welt, 12 décembre 2008.

Arno Neuber

La domination mondiale par le contrôle des flux

Le rôle de l’OTAN dans la militarisation des migrations

          


MONDETRON !!!  
  Just Foreign Policy - Morts irakiens dus a l'invasion U.S.  
A N T I F A  
 
 
Le poète Armand Robin (1912-1961)  
  définit "l'anarchiste" comme celui qui est "purifié volontairement, par une révolution intérieure, de toute pensée et de tout comportement pouvant d'une façon quelconque impliquer domination sur d'autres consciences Celui qui défile joyeusement au pas cadencé a déjà gagné mon mépris. C'est par erreur qu'on lui a donné un cerveau puisqu'une moelle épiniére lui suffirait amplement. Einstein. °