Kropotkine est souvent présenté comme « le dernier grand théoricien anarchiste »     . Il est toutefois le premier à imaginer un rapprochement idéologique avec le communisme.

 

Même si Pierre Kropotkine a inventé le communisme anarchiste, sa conception de la société et des relations humaines garde ses distances avec la pensée marxiste.

 

Le prince devenu anarchiste.

 

Né à Moscou le 9 décembre 1842, Piotr Alekseïevitch Kropotkine est issu de la noblesse. Il fut page à la cour du tsar avant de se destiner à une carrière militaire.

Dès sa sortie de l’école, il  demande à partir en Sibérie dans une unité de cosaques, où il reste jusqu’en 1867 « pour avoir plus de chances de servir l’humanité ».

Ses différents travaux scientifiques en Sibérie (il est zoologue et géographe) l’on amené à mieux comprendre que le ressort de la vie sociale, c’est le travail en commun des hommes. Il comprend aussi « l’importance du rôle joué par les masses inconnues dans tous les grand événements historiques ». Il quitte l’armée, n’acceptant pas que l’Etat puisse se servir d’elle pour briser des insurrections, comme en Pologne en 1863.

Rapidement, il fréquente des anarchistes et au contact de la Fédération jurasienne, le devient vraiment.

Après de nombreux voyages en Europe et après avoir vécu en France, en Suisse, en Grande-Bretagne, il rentre en Russie en 1917.

Les bolcheviks (Lénine en personne) lui proposeront des ministères.

Il les refusera toujours, préférant rester du côté des anarchistes, inlassablement pourchassés par le nouveau pouvoir marxiste.

Il meut le 8 février 1921 et son enterrement constituera la dernière grande manifestation libertaire dans la Russie bolchévique. Ce jour-là, sept prisonniers anarchistes sont exceptionnellement autorisés à sortir pour assister aux obsèques où l’on vit flotter le drapeau noir de l’anarchisme.

 

Une nouvelle version de l’anarchisme.

 

Kropotkine va plus loin que l’anarchisme collectiviste de Bakounine en imaginant un rapprochement encore plus évident avec le communisme. Il avoue avoir été séduit par l’anarchisme sur « des principes d’égalité et d’indépendance de pensée ». Il considère que « l’anarchisme cherche le plus complet développement de l’individualité combiné avec le plus haut développement de l’association volontaire sous toutes ses formes. ».

Mais, ne souhaitant pas donner la priorité à l’individualisme, Kropotkine propose de confier à « la communauté (…) l’organisation de la production et du travail, ainsi que l’administration de la propriété ».

En d’autres termes, il s’inspire du modèle communiste.

Il s’inspire du modèle communiste. Il souhaite contribuer au « développement de l’initiative de l’individu et du groupe » tout en organisant une société ou s’effectue la collectivisation de la propriété. Avec toutefois une grande différence : la société voulue par Kropotkine ne dépendra pas d’une autorité quelconque (d’un parti), mais reposera essentiellement sur des valeurs d’entraide.

 

La solidarité avant tout

 

Kropotkine est persuadé que les hommes sont dotés d’un instinct d’entraide (contrairement au principe de la loi du plus fort). Il croit en la solidarité humaine. Il pense même que cette solidarité assurera l’édification progressive de la société libertaire. D’après lui, la pensée anarchiste correspond parfaitement à cette tendance naturelle, la notion même d’entraide ne pouvant qu’aller à l’encontre des pulsions autoritaires et oppressives de l’Etat. Il développera cet important volet de sa pensée dans un ouvrage devenu aujourd’hui une référence libertaire, l’Entraide, un facteur d’évolution (1903), et expliquera  sa conception de la morale anarchiste dans l’Ethique (publiée en 1922).

 

Kropotkine déçu par  la révolution russe

 

De  retour en Russie en 1917, Kropotkine éprouve rapidement une grande méfiance vis-à-vis du pouvoir marxiste. Il se permet même d’écrire à Lénine « Si la situation actuelle se poursuit, le mot même de socialisme deviendra une malédiction. »

 

Kropotkine et la Grande Guerre

 

En 1916, lors de la première guerre mondiale, Kropotkine affiche son soutien aux alliés opposés à l’Allemagne. Il est même l’un des instigateurs du Manifeste des seize, texte dans lequel les signataires confirment leur opposition à l’impérialisme allemand.

Les anarchistes pacifistes sen déclarent alors choqués et le traitent d’ »anarchiste de gouvernement ».