Éducation libertaire

 

L'Éducation a occupé une forte place dans l'histoire de l'anarchisme, de par la forte préoccupation pour cette question dans le courant. Nombreux et nombreuses ont été les anarchistes qui ont œuvré, à leur façon, comme enseignant(e) dans les écoles, avec les travailleurs/euses et dans leurs vies personnelles et dans la société. -vision anar de l'éducation...

L'école traditionnelle est un instrument de reproduction des structures sociales de domination et d'exploitation et un appareil de résignation où le rôle social des élèves leur est assigné.

L’on peut également nommer l'éducation libertaire, une anti-pédagogie.

Principes

De la même façon que l'on ne peut décrire les idées anarchistes en une seule doctrine, il serait impossible de composer une formule unique à l'expérience de l'éducation ou de la pédagogie libertaire. On peut quand même distinguer deux visions distinctes de l'Éducation chez les anarchistes:

• Celle des éducateurs/trices libertaires, ... militant(e)s anarchistes révolutionnaires ...
• Celle des éducationnistes, qui pensent que le monde peut être changé graduellement en changeant les jeunes.

Voici quelques principes généraux et récurrents dans la description de l'éducation libertaire :

• Éducation intégrale : forme d'éducation d'abord revendiquée chez les socialistes utopiques, en particulier par Charles Fourier.
• Éducation rationnelle
• un développement plurifonctionnel (polytechnique), pluridisciplinaire et libérateur plutôt que simplement professionnel
• une pédagogie critique; le démantèlement de mythes, d'idées préconçues et de la pensée unique
• Émancipatrice : développement de l'autonomie, de la responsabilité, du compromis individuel et communautaire et de la faculté d'autogestion et considération de la liberté comme le droit le plus essentielle de chaque personne

Certain(e)s militant(e)s prônent plutôt la déscolarisation de la société...

La Rébellion éducative

Ohé compagnes et compagnons, le voilà le soleil qui se lève! Pendant que les oiseaux chantaient, nous nous chantions aussi et, en finissions avec le bouquet de ce grand bal. "Grève générale!", nous criâmes sur tous les toits. Nous changions d'école:
"Fini la fac, fini l'cegep! Bonjour la vie!"

L'abandon du train-train de l'éducation nationale et son programme de formation par l'étudiant(e) est une occasion en or pour lui/elle d'exercer son pouvoir sur sa propre vie afin de décider et de penser par lui ou elle-même. En grève ou en drop-out, l'étudiant(e) insoumis(e) à son processus de formation peut exercer sa pleine spontanéité et, prendre conscience ... sortir de la diffusion magistrale et audiovisuelle du modèle de conformité... ébauche>pensée critique, structure de pouvoir remplacée par les orgas de lutte, assumation réelle de sa responsabilité sensation de libération, +conscience sociale

Histoire

Des centaines d'écoles libertaires ont été créés un peu partout sur la planète et le mouvement se perpétue encore aujourd'hui. Les anarchistes ont été très nombreux/ses à théoriser sur une Éducation nouvelle ou/et à mettre directement en pratique leurs idées.

William Godwin fut l'un des premiers anarchistes à traiter de l'Éducation. La vision qu'il entretenait de celle-ci était plutôt éducationniste, voyant la transformation de l'homme comme moteur du changement. Godwin insistait sur la nécessité que l'école soit en dehors du système d'éducation nationale, à cause de son rôle aliénant sur les individus et du conformisme de pensée qu'il véhicule. Godwin critiqua le conditionnement scolaire exercé par l'État.

Max Stirner critiqua lui aussi l'école de l'État et la pédagogie comme des formes affinées de conditionnement. Stirner verra comme but, dans une Éducation libertaire, de favoriser au maximum l'autonomie des élèves et leur libération individuelle jusqu'à l'insubordination.

Léon Tolstoï, un anarchiste non-violent, fut l'un des pionniers dans ce type d'Éducation en fondant vers 1860 (1857?), à Iasnaïa Poliana, en Russie, une école pour enfants et adultes. De 1862 à 1863, il y produit le journal Iasnaïa Poliana.

L'un des personnages les plus importants de l'éducation libertaire fut Francisco Ferrer, qui fonda l'Escuela Moderna, à Barcelone, expérience qui dura de 1901 à 1906 mais, qui donna l'impulsion à tout un mouvement d'"écoles ferrer/modernes". Une foule de collaborateurs/trices très reconnu(e)s, tel(le)s que le géographe libertaire Élisée Reclus, l'astronome Camille Flammarion, l'écrivain Anatole France, le philosophe Herbert Spencer, le biologiste Ernst Haeckel et les anarchistes Pierre Kropotkine et Léon Tolstoï, participèrent à l'Escuela Moderna de Ferrer.

Les principes pédagogiques de Ferrer donnèrent naissance au "Modern School Movement" aux États-unis, qui se propagea dans de nombreux endroits, dont la Modern School de New York. À Turin, en Italie, Pietro Ferrero et Maurizio Garino fondèrent le Centro di Studi Sociali della Barriera di Milano (Centre d'Études Sociales de la Barrière de Milan), qui devint par la suite une école moderne, accueillant, en général, de nombreux/ses ouvriers et ouvrières et prolétaires parmi ses "étudiant(e)s".

En Espagne, plus spécialement durant les années 1930, fut revigorée la vaste tradition éducationnelle du mouvement anarchiste, à travers la propagation des Ateneo Libertario (Athénée libertaire), qui contribuèrent grandement à alphabétiser les ouvriers/ières.

Autres exemples:

• Orphelinat de Cempuis - Paul Robin - Région de l'Oise, France - vers 1880 à 1894
• La Ruche - Sébastien Faure - Région parisienne - 1900(1904?) à 1914
• Modern School - New York, États-Unis - 1911 à 1914¬
  • Colonie Ferrer/Colonie de Stelton - Stelton, New Jersey - 1914 à ?
• École Moderne de São Paulo, Brésil - 1912 à ?
• Écoles libertaires de Hambourg (4 écoles) - Hambourg, Allemagne - 1919 à 1930
• École de Summerhil - A. S. Neill - 1921 à ...
• Paideia - Mérida, Espagne - 1978 à ...
• Projet Bonaventure - Chaucre, Ile d'Oléron - 1993 à 2001

Citations

L’éducateur a l’obligation de ne pas perdre de vue, un seul instant, que c’est lui qui se doit à l’enfant, et non l’enfant à lui ; qu’il est fait pour l’enfant et non l’enfant pour lui ; qu’il ne doit marchander ni son temps ni sa peine ; qu’il doit être moins soucieux de ses convenances personnelles, de sa tranquillité, de sa satisfaction, de ses intérêts propres que ceux de l’enfant que, si faible, si chétif, si désarmé que soit l’enfant, celui-ci doit être, à ses yeux, un adulte en croissance, une personnalité en formation dont il a la charge.

Sébastien Faure