La réappropriation connaît diverses acceptions. Dans les domaines politique et social, les différentes pratiques et théories de réappropriation relèvent des cadres anarchiste et autogestionnaire. Suivant une acception élargie et descriptive, le terme de réappropriation comporte généralement deux versants : il peut aussi bien concerner des savoir-faire ou des pratiques spécifiques que des modes de fonctionnement collectifs.
Réappropriation et luttes ouvrières
Historiquement, le terme de réappropriation a pu (et peut encore de nos jours) désigner l'action de récupérer les richesses produites par la classe laborieuse. En général, cette acception fonctionne en binôme avec le terme d'« expropriation », généralement utilisé par des anarcho-communistes, dont Emma Goldman et Pierre Kropotkine.
Plus spécifiquement, il peut également désigner une modalité de lutte d'action directe et de lutte syndicale (anarcho-syndicaliste), qui traduit la reprise par les salariés eux-mêmes, et sous leur contrôle, des biens qu'ils ont eux-mêmes produits (et dont ils s'estiment dans ce cas les détenteurs légitimes). Bien que s'agissant de l'acception la plus ancienne, elle reste toujours usitée en ce sens.
Réappropriation des conditions d'existence
Face aux processus et aux logiques de dépossession dans des domaines perçus comme toujours plus nombreux et massifs, diverses personnes en viennent à utiliser le concept de réappropriation dans un sens général, entendu alors comme processus intégral de « réappropriation de l'existence ».
C'est au sein du courant anti-industriel, lui-même gravitant, pour sa variante d'extrême-gauche dans le giron de l'anarchisme que cette acception du terme de réappropriation est davantage théorisée et utilisée. Apparue dans les années 1990, il s'agit de l'acception la plus récente. La réappropriation sert alors à désigner tout processus – lorsqu'il est lié à une critique d'un état d'aliénation, de dépossession, de perte – de reprise en main d'une activité, d'un savoir-faire et, plus largement, d'une reconquête de sa propre autonomie.
« S'il faut parler de réappropriation, c'est donc sur la base du constat de perte du contrôle direct de leurs ressources par les communautés, de la rupture avec la nature, avec des modes de vie autonomes ou tendant à le devenir, des pratiques simples de subsistance, des techniques à dimension humaine ainsi que de la transmission de savoirs non spécialisés. »
Au travers de la notion de réappropriation, il s'agit, pour ses promoteurs, de défendre la nécessité et la capacité des individus de se rendre maître des « conditions matérielles de notre existence par la mise en œuvre de moyens de productions à notre portée », ce qui constitue « un moyen de commencer de se sauver de la société industrielle »[. De telles pratiques ne sont pas considérées comme vouées à rester ponctuelles, individuelles, isolées, mais, dès lors qu'elles sont fédérées « en forces suffisantes pour entrer en opposition explicite avec la société industrielle », à avoir « une portée d'ordre stratégique » dans la mesure où est conférée « à cette démarche un contenu avant tout politique ».
« Une réappropriation devrait avoir d'abord cette dimension politique : son but est la maîtrise des hommes sur leurs propres activités et créations, la domination de la société sur sa technique et son économie. Car chacun doit devenir maître des machines et des choses, de l'ensemble des créations humaines afin de les mettre au service du développement de la vie et non en subir l'évolution, courir derrière leur renouvellement incessant, être asservi à leur fonctionnement. Ce ne sont donc pas toutes les machines et réalisations humaines qui peuvent faire l'objet de cette réappropriation. Il est en effet nécessaire [...] d'effectuer un tri, sur la base de "l'inventaire exact de ce qui dans les immenses moyens accumulés, pourrait servir à une vie plus libre, et de ce qui ne pourra jamais servir qu'à la perpétuation de l'oppression". Il ne faut donc pas se cacher qu'un tel projet politique signifie la remise en cause radicale des bases de la société actuelle, c'est-à-dire l'arrêt du développement économique et le démantèlement d'une grande partie du système industriel et technologique.»
Ainsi, comme le propose par exemple B. Louart, la réappropriation s'entend comme étant de manière indissociable une « démarche expérimentale et critique »; en d'autres termes, il s'agit d'une recherche de cohérence « entre l'analyse critique et l'opposition à la société industrielle et les expérimentations pratiques et l'élaboration d'un idéal social ». Plus précisément, il s'agirait de « réfléchir aux moyens nécessaires pour sortir de la société industrielle en commençant par les expérimenter, c'est-à-dire par l'acquisition de la maîtrise technique nécessaire à la production de l'existence telle que nous la concevons ». Une telle démarche de réappropriation, au caractère subversif revendiqué, n'ignore ni les risques de récupération (par le marché notamment), ni les processus d'intégration de ces pratiques subversives ou alternatives dans le système et ses valeurs dominantes. C'est pourquoi, dans le cadre de la société actuelle, les expériences ponctuelles et individuelles de réappropriation ne sont considérées que comme un « point de départ pour une activité politique plus élargie » ; dans le même temps, du fait des « entraves rencontrées », la méthode proposée est précisément de se servir de ces obstacles (liés à un « contexte sinon hostile, du moins largement étranger aux préoccupations et aspirations » qui motivent ces expériences) pour « pouvoir aller plus loin que l'expérience individuelle isolée, pour relier ces expériences les unes aux autres ».
MONDETRON !!!
A N T I F A
Le poète Armand Robin (1912-1961)
définit "l'anarchiste" comme celui qui est "purifié volontairement, par une révolution intérieure, de toute pensée et de tout comportement pouvant d'une façon quelconque impliquer domination sur d'autres consciences
Celui qui défile joyeusement au pas cadencé a déjà gagné mon mépris. C'est par erreur
qu'on lui a donné un cerveau puisqu'une moelle épiniére lui suffirait amplement.
Einstein.
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