Non seulement ils ne trouvent pas de travail, mais l'ex-ANPE leur réclame de l'argent ! Parfois plusieurs milliers d'euros, pour "allocations indues". Un cauchemar.
Depuis peu, Jean, 31 ans, vit seul dans son studio de Maurepas, dans les Yvelines. Son épouse est partie chez sa mère, avec leur bébé, pas loin de là. Impossible de les nourrir. Lui-même ne prend qu'un repas par jour, une omelette en général. Câbleur en contrat à durée indéterminée dans une fabrique de machines agroalimentaires, il s'est inscrit à Pôle Emploi en 2009 quand l'usine s'est délocalisée à Angers. Il n'a pas pu suivre, faute de trouver un logement social. Depuis, il passe de mission d'intérim en mission d'intérim. Aujourd'hui, à nouveau demandeur d'emploi, il perçoit en moyenne 800 euros par mois. "Mais il y a le loyer, 400 euros par mois à payer, et l'électricité avec l'hiver qui se prolonge."
Un oubli qui coûte 3 300 euros
Cauchemar supplémentaire : au début de l'année, il a reçu une lettre recommandée de Pôle Emploi lui demandant de rembourser... 3.300 euros pour "allocations indues". Explication : quand il termine une mission, Jean se déclare à nouveau chômeur, donc pense avoir droit à une indemnisation immédiate. Le problème, c'est que, conformément à la loi, l'entreprise d'intérim qui l'a employé, comme toutes les autres avant, ne déclare sa fin de mission qu'une semaine plus tard... "Je l'avais oublié, dit-il. C'est vrai que lors de mon premier rendez-vous, le conseiller de Pôle Emploi m'en avait parlé. Je ne leur en veux pas, ils font ce qu'ils peuvent !"
Le 4 avril dernier, Jean a écrit à son agence pour demander un étalement de sa dette. Réponse favorable : il doit restituer 133 euros par mois, pendant deux ans. Mais c'est encore trop : "Je ne peux pas", dit-il simplement.
300 millions d'euros de trop-perçus au total
On appelle ces sommes à rembourser les "indus", depuis qu'en 2010 un demandeur d'emploi s'était donné la mort après avoir reçu une lettre recommandée de Pôle Emploi lui réclamant un "trop-perçu" de 8.944,70 euros. Selon l'ancienne ANPE, ils sont 500.000 aujourd'hui en France à avoir accumulé des dettes avec cet organisme. Pour un montant moyen de 596 euros et un total de 300 millions d'euros.
Des tricheurs, ceux qui touchent ces "indus" ? Non, répond-on catégoriquement à la direction de Pôle Emploi. Chez nous, les fraudes s'élèvent à 0,1% de la masse salariale ! Le problème, c'est l'augmentation massive des salariés en "activités réduites" [1.545.000 fin mars, NDLR], CDD ou intérim. Notre réglementation est devenue très complexe. Il y a les règles générales et les cas particuliers, difficiles à expliquer. Nous devons faire des efforts de transparence. Nous avons commencé, avec des simulations de situations sur internet. Mais il faut continuer."
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