OCEANS - La surpêche de certaines espèces entraine un déséquilibre des écosystèmes marins...
La surpêche a déjà fait disparaître les deux tiers des thons, morues et mérous dans les océans depuis un siècle, bouleversant l'écosystème et menaçant de réduire dangereusement cette source clé de l'alimentation humaine, ont mis en garde vendredi des experts. «La surpêche a eu pour effet de modifier l'équilibre de la faune dans les océans alors que la forte diminution des gros prédateurs a fait exploser les populations de petits poissons», a expliqué Villy Christensen, professeur à l'Université de Colombie Britannique au Canada.
Quelque 54% de cette diminution des gros poissons s'est produite au cours des 40 dernières années, période correspondant à un accroissement continu de la pêche industrielle, selon une étude publiée vendredi aux Etats-Unis. «Actuellement, nombre de poissons sont transformés en farine et huile pour être utilisés comme aliments pour l'industrie de l'aquaculture qui dépend de plus en plus de cette source d'alimentation», a aussi noté Villy Christensen.
Les océans, une «ferme à produire des aliments»?
«Si cette situation persiste, nos océans risquent de devenir un jour une ferme à produire des aliments pour l'aquaculture», a-t-il mis en garde.
Pour Reg Watson, un scientifique travaillant également à l'Université de Colombie Britannique, il semblerait que l'humanité pourrait avoir déjà atteint un seuil dans l'exploitation de ressources de pêche de la planète. «Il semble que nous consacrons de plus en plus d'énergie et de ressources pour saisir le même tonnage de poissons voire moins ce qui doit être un signe de l'état de santé de l'océan», a-t-il dit lors de cette même présentation. «Nous pourrions en fait avoir atteint un pic pour les poissons au même moment où nous pourrions connaître la même situation avec les réserves de pétrole...», a-t-il noté.
«La Chine détermine l'offre et la demande de poissons»
Pour donner une idée de la frénésie et de l'ampleur de l'activité de la pêche industrielle dans le monde, ces chercheurs ont calculé l'énergie totale nécessaire pour faire fonctionner les chalutiers et autres bateaux de pêche en 2006. «Nous avons calculé qu'il a fallu utiliser 1,7 milliard de watts d'énergie ou environ 22,6 millions de chevaux pour l'ensemble de l'industrie de la pêche mondiale cette année-là», a indiqué Reg Watson. Cette surpêche répond à une demande «très dynamique et croissante»
Le poisson compte aujourd'hui pour 12% des calories consommées per capita dans le monde comparé à environ 20% pour la viande, a-t-il dit. Près de 50% de «l'accroissement de la consommation de poissons provient de la région Asie-Pacifique, dont 42% est le fait de la Chine seule», a-t-il précisé. «La Chine détermine l'offre et la demande de poissons».
De bonnes pratiques scientifiques à développer
Vu les multiples contraintes limitant la pêche industrielle et l'aquaculture, la gestion des ressources de la pêche «devient très importante en termes de poissons et de savoir comment nous allons nous nourrir dans le futur», a-t-il jugé, estimant que le développement de l'aquaculture sera essentiel pour répondre à la demande. «La clé est le recours à de bonnes pratiques scientifiques --comme la réduction de l'usage des antibiotiques -- et de gestion», selon lui.
Pour cette recherche, le Pr Christensen et une équipe de scientifiques ont étudié plus de 200 écosystèmes marins dans le monde dont ils ont tiré plus de 68.000 estimations sur les populations de poissons et prises de pêche, sur une période allant de 1880 à 2007.
Courrier international
CANADA • Des poissons difformes nagent dans les eaux albertaines
17.12.2010
"Des centaines de poissons anormaux ont été observés par une agence fédérale canadienne dans les rivières coulant à proximité des sites d'extraction des sables bitumineux en Alberta.
Cette découverte n'a cependant pas été portée à la connaissance du gouvernement.
L'agence en cause, le Regional Aquatics Monitoring Program (le Programme régional d’observation de l'eau, RAMP), est régulièrement critiquée pour son manque de transparence", rapporte The Globe And Mail.
Depuis 1987, 915 poissons difformes ont été tirées des eaux albertaines. Ils nageaient pour la plupart dans la rivière Athabasca qui coule dans la région où le pétrole est extrait des sables bitumineux au coût d’un procédé extrêmement polluant.
Ces données gardées secrètes prennent ainsi une dimension politique et ces poissons risquent de tourner à l'affaire d’Etat.