Ce samedi 9 février 2008 des personnes se sontgroupées devant la mairie de Meyzieu, d’autres devant l’Hôtel de Ville, approximativement une centaine, à l’appel de différentes organisations, afin que tous ensemble nous protestions :
Sur l’absurdité des nouvelles mesures répressivesgouvernementales dont :
L’OUVERTURE DE PRISONS POUR MINEURS (EPM)
Et sur un nouveau drame :
LE DECES DE JULIEN,ADOLESCENT DE 16 ANS, TROUVE PENDU DANS SA CELLULE DU CENTRE DE RETENTION POUR MINEURS DE MEYZIEU
(Pas de traces de strangulation sur son coumais des brûlures sur ses mains et sur le reste de son corps ont été relevées !)
Julien, un adolescent fragile psychologiquement, en manque de repaire, en manque d’encadrement familial et scolaire, PEUT-ETRE ?
Julien, un adolescent en manque d’estime, de reconnaissance, de valorisation, d’humanité… par des adultes sensés le conseiller,le soutenir, le guider, qui l’on enfermé puis tenu enfermé, sourds à sesappels au secours, ses cris de désespoir, SUREMENT !
A l’aide de portables, la jonction se fait et cette manifestationlourde de son contexte social, politique, émotionnel… se met en route précédée par une voiture de police, cernée par la BAC et les RG talkie-walkie à l’oreille, d’autres voitures et individus deces « illustres » administrations barrant les rues parallèles.
Drapeaux, larges banderoles ousimples panneaux en carton, couverts de slogans sontbrandisau-dessus des visages dont la solennité et la détermination ne démentent pas ces écritsque clament parfois les participants en colère !
« POLICE ASSASSINE »-« PAS D’ENFANTS EN PRISON »
« PAS DE VERITE, PAS DE JUSTICE »
« ETAT COUPABLE »
« A LA MEMOIRE DES DISPARUS » ….
L’avancée est lente et longue jusqu’au quartier de Matholian où se trouve la prison de mineurs malgré une forte opposition depuis 2005 à son ouverture ainsi qu’àla constructiond’autres centres du même genre en France.
Rien n’y fit mais cependant des forces résistantes continuent à appeler à l’insoumission et au blocage du fonctionnement de ces structures.
Photos, interrogatoires des rares journalistes présents énervent des jeunes qui râlent que la manif est trop souvent arrêtée.
Nous traversons une cité où des gens sur leurs balcons ou accoudés à leurs fenêtres, stationnantsur les trottoirs et sur les pelouses,curieux, interrogatifs, nous regardent défiler en silence. Certains applaudissent. Des tracts circulent, des dialogues s’établissent.
De petits attroupements d’enfants se forment. Ils nous suivent en reprenant rageusement nos slogans. Pour eux, cela peut paraître un jeu mais je suis inquiète.
A la sortie de cette cité, soudainement nous rencontrons un barrage de gardes mobiles qui nous interdit d’aller plus loin et d’accéder au centre de rétention où certains responsables parmi les organisations présentes désiraient rencontrer la direction afin de demander des explications sur les circonstances du décès de Julien.
Accès interdit pour « la plèbe » maisaccordé le matin à « Rachida Dati » qui toute honte bue est venue soutenir les « geôliers » traumatisés et féliciter de leur bon travail ces éminents pédagogues »!
Pas de barrières pour séparer les contestataires des « cerbères » mais uniquement une immense banderole tendue courageusement entre eux et nous.
L’atmosphère est lourde, le silence règne, nous nous faisons face, les enfants maintenant entre eux et nous.
Nous les avertissons qu’ils devraient s’éloigner. Ils refusent et nousdemandent pourquoi ils devraient partir. Nous leur expliquons que les cerbères peuvent lâcher leurs chiens. Ils refusent définitivement de partir lorsque l'un d'eux leur dit avec un sourire dédaigneuxqu’ils ne sont pas méchants et qu’ils ne s’énerveront pas !
Inconscience, mépris pour cette future petite racaille… qui croit leurs paroles mensongères, en omettant de leur signaler qu’ils sont aux ordres et prêts à leur marcher dessus.
Soudain, un micro est tendu à une femme qui crie, qui essaie de témoigner mais de quoi, nous ne comprenons pas. Impossible de discerner contre qui elle est en colère. Manipulation !
Le même micro est ensuite tendu à une femme africaine qui sanglote son désespoir : son gamin de 14 ans est enfermé depuis plus d’un mois et on lui refuse même le parloir. Elle exprime son angoisse, sa peur car dit-elle « on lui a dit », « elle sait », que beaucoup de choses pas très bien se passent là-dedans. Elle a peur pour son fils. Dévoués, des femmes prennent ses coordonnées afin d’essayer d’intercéder en sa faveur. Elle se calme mais elle n’y croit pas.
L’émotion est palpable, le silence est de plus en plus pesant. Un porte voie harangue ,hésitant, mal à l’aise mais avec tout son cœur, toutes ses tripes, les représentant des forces de l’ordre, de leur ordre »menaçants, qui bien que ne brandissantaucune arme sontcampés fermement sur leurs jambes écartées, le visage buté et impénétrable, muets.
Devant cette situation bloquée, il demande à plusieurs reprises aux manifestants de se disperser, que c’est fini.
Des jeunes hurlent que pour eux, ce n’est pas fini.
Des groupes s’essaiment, nous repartons le cœur saignant de laisserderrière des barreaux des gosses, nos gosses, à qui nous aurions aimé distribuer bonbons, sucettes et baisers.
MONDETRON !!!
A N T I F A
Le poète Armand Robin (1912-1961)
définit "l'anarchiste" comme celui qui est "purifié volontairement, par une révolution intérieure, de toute pensée et de tout comportement pouvant d'une façon quelconque impliquer domination sur d'autres consciences
Celui qui défile joyeusement au pas cadencé a déjà gagné mon mépris. C'est par erreur
qu'on lui a donné un cerveau puisqu'une moelle épiniére lui suffirait amplement.
Einstein.
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