Sur la LOPPSI : À deux doigts de la catalepsie
mercredi 19 janvier 2011
Tract distribué lors du rassemblement parisien devant le Sénat
http://abasloppsi.flext.net
Nous nous battons, paraît-il, contre la loi loppsi.
Profitons-en pour être un peu sincères, et tenter de dire quelques vérités.
Cette loi est avant tout un discours, qui nous rappelle le processus immonde dans lequel nous sommes engagés, dans lequel la défaite des luttes passées nous a enfermés.
Ce que les organisations prétendument démocratiques appellent la restriction de nos libertés se résume en fait à l’ajout de quelques chaînes à celles que nous avons déjà. Ce n’est pas une loi qui en est à l’origine, mais la croissance économique, qui implique qu’à mesure qu’avancent nos capacités productives, se renforce le contrôle dont nous sommes l’objet. La loi vient couronner cette nécessité, la traduire dans un langage compréhensible pour l’ordinateur bureaucratique.
Nous sommes les idiots qui fabriquent les caméras qui les filment, les prisons qui les angoissent, qui nourrissent les porcs qui les arrêtent, les éducateurs qui les dressent.
En mettant un coup d’arrêt à la logique de la surveillance et du contrôle au moment où elle ressent le besoin de s’expliquer et de s’intensifier, nous voudrions la faire voler en éclats. Nous voudrions surtout faire la révolution.
Mais le rapport entre une révolution et la mobilisation contre une loi minable, aussi aisée qu’en soit la justification théorique, est la plupart du temps inexistant. Ce rapport peut s’établir n’importe quand, pour à peu près n’importe quoi. Par exemple, le seul moment où, au cours de la mobilisation contre les retraites, l’idée d’en finir avec ce monde en pétant tout a commencé à connaître une application pratique, est apparu lorsque suffisamment de gens étaient dans la rue pour que cette idée ne soit plus honteuse.
Et comme ces gens étaient dans la rue pour de mauvaises raisons, ils n’ont évidemment pas compris -ou pas osé comprendre- ce que voulaient -ce qu’ils voulaient- ceux qui osèrent tout péter.
Nous ne nous sentons jamais à notre place dans un rassemblement pacifique et revendicatif, bien que nous soyons probablement ceux qui les fréquentent le plus. C’est que nous aimerions les transformer en leur contraire, renouer avec le principe originel du conflit social, la violence, et ce qu’elle signifie, l’absence totale de conciliation avec l’oppresseur, la négation de tout ce qui nous unit à lui. Ceux qui ont plus de considération pour leurs chiens que pour ceux qui crèvent au coin des rues, que méritent-ils ?
Nous voulons transformer les rapports sociaux, pas modifier leur règlementation. Le premier rapport social à transformer, c’est celui qui nous prive de nos luttes, qui fait parler des bureaucrates à notre place. Ce n’est qu’en le subvertissant que nous parviendrons à nous dégager des discours qui rendent incompatibles théorie et pratique révolutionnaire.
Par exemple, les déclarations qui émanent des aspirants au pouvoir tunisien depuis la fuite du dictateur sentent tellement le pourri qu’on en serait dégouté de toute insurrection. Si personne ne parvient à leur clouer le bec, et que dans les jours qui viennent ils continuent impunément de traiter la population insurgée de « provocateurs payés par la police », cette révolution finira comme toutes les autres. Et les pisse-froid pourront se faire plaisir en disant qu’elles ne peuvent finir autrement ;
Les singularités quelconques anonymes