Dès le lendemain des faits, le soir du 9 septembre, à l'hôpital Jean-Verdier de Bondy (Seine-Saint-Denis), le préfet Christian Lambert s'était rendu à son chevet. Les premières déclarations de la préfecture évoquaient ce policier «victime» blessé à la jambe, renversé par un automobiliste qu'il avait voulu contrôler dans le quartier de la Rose-des-Vents, à Aulnay-sous-Bois. Un procès-verbal faisait état de la course-poursuite entre les policiers et le contrevenant, au volant d'une Twingo, et de l'accident soi-disant provoqué par le conducteur de cette voiture.
Doutes. C'est peu de temps après, le lendemain de l'arrestation du prétendu chauffard, placé en garde à vue pour tentative d'homicide sur fonctionnaire de police (un crime passible de la perpétuité), que les premiers doutes sont apparus. Un supérieur hiérarchique des policiers a relevé certaines étrangetés dans la procédure, et les a interrogés. Deux d'entre eux ont alors immédiatement reconnu avoir menti. «Par solidarité»,«pour protéger» leur collègue à l'origine de l'accident, ont-ils dit. Une enquête a été confiée à l'Inspection générale des services (IGS). Elle a révélé la vraie version des faits.
Ce soir-là, les policiers pourchassaient le conducteur de la Twingo. Mais celui-ci s'est arrêté, est descendu de son véhicule, et s'est enfui à pied. Un deuxième véhicule de police, banalisé, a rejoint la scène, et c'est à ce moment-là qu'il a percuté le fonctionnaire à la jambe droite. Le conducteur de la Twingo, interpellé, a lui été frappé par trois policiers alors qu'il se trouvait à terre.