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PHYCHIATRIE, INTERNEMENT

Enquête sur la maltraitance des malades mentaux

  22/03/2012

Rarement dangereux, ces patients sont en revanche souvent victimes de violences.

Faut-il se méfier des malades mentaux? Sont-ils réellement plus dangereux que les autres? Une étude parue dans The Lancet le 28 février dernier fait voler ce cliché en éclats. Elle montre au contraire que ces personnes sont très souvent victimes de maltraitances physiques et sexuelles de la part de leur entourage.

Financée par l'OMS, cette étude était destinée à faire un état des lieux de la violence à l'encontre des personnes handicapées. Pour cela, les auteurs ont passé en revue tous les travaux parus sur le sujet au cours des vingt dernières années et sélectionné 26 études incluant plus de 21.500 handicapés. Les résultats montrent que les malades mentaux paient de très loin le plus lourd tribut: 24% d'entre eux déclarent avoir été victimes de violences physiques ou sexuelles au cours des douze derniers mois, contre 6% en cas de retard mental et 3% pour l'ensemble des handicaps. Dans la catégorie des malades mentaux, les auteurs incluent les schizophrènes, les sujets atteints de dépression majeure, les psychotiques ou encore les déments suivis en ambulatoire ou hospitalisés.

Ce taux de 24% paraît effrayant mais n'étonne ni les auteurs de l'étude ni les professionnels du secteur. «Il est même très probablement sous-estimé, selon le Pr Mark Bellis, coauteur des travaux, car nous avons répertorié les violences subies au cours des douze derniers mois et non au cours de toute une vie. En outre, la peur de représailles ou de ne pas être pris au sérieux réduit le nombre de déclarations.»

«Ce chiffre n'est pas surprenant par rapport à ce que l'on constate en clinique, renchérit le Dr Elena Turpin, psychiatre à l'hôpital Saint-Antoine. Nous nous penchons sur la maltraitance auprès de nos patients car elle peut dégrader leur état de santé, entraîner un traumatisme, provoquer une décompensation. Les patients ne relatent pas spontanément un événement de ce type mais en font part le plus souvent lorsqu'on leur pose simplement la question.»

«Sensibilité réduite au stress»

Même écho du côté de l'association Alma France (Allô Maltraitance des personnes âgées et/ou des personnes handicapées). «Ces données sont malheureusement tout à fait vraisemblables dans la mesure où la cause de la maltraitance est le fait d'être sous l'emprise d'autrui, insiste Robert Moulias, président de l'association. Mais elles sont certainement sous-estimées, car les auteurs se sont limités aux violences physiques et sexuelles et ont ignoré les violences psychologiques, les discriminations, les abus financiers, si fréquents y compris à l'intérieur des familles, et les négligences.»

La maltraitance peut prendre toutes les formes et venir de partout, rappelle Robert Moulias. Mais plus la maladie est sévère, plus le patient est isolé et dépendant, plus le risque est grand, selon lui. «Les malades mentaux ont une sensibilité réduite au stress et des capacités de défense moindres, clarifie le Pr Charles Peretti, chef du service de psychiatrie de Saint-Antoine. Il nous arrive de repérer des cas de violence, dans le service, mais l'entourage ou encore le médecin généraliste sont souvent en première ligne pour constater une maltraitance.»

Négligence de la part de l'entourage

Une commission d'enquête du Sénat indiquait en 2003 que la famille était le lieu du délit dans environ 70% des cas et les institutions 30%. Dans le cadre de cette étude, 37,8% des handicapés mentaux déclarent une violence issue de leur conjoint. «Il s'agit de la personne la plus exposée, la plus stressée, explique Elena Turpin. Lorsque nous prenons un malade en charge, nous rencontrons la famille pour connaître son ressenti sur l'état du malade, entendre sa plainte, l'informer sur la pathologie et l'aider à accompagner le sujet sans le brusquer.» Pour elle, la meilleure façon de prévenir la maltraitance est de bien suivre médicalement les patients et d'impliquer l'entourage. «Quand l'état de santé du patient s'améliore, il est plus apte à communiquer, fait plus attention à lui et devient moins vulnérable. À l'inverse, un patient isolé dont la famille ne cherche pas à comprendre la maladie est plus à risque de maltraitance.»

À l'association Alma France, les plaintes émanent toujours de témoins. «Souvent, les malades s'expriment difficilement et, surtout, ils ne savent pas vers qui se tourner», explique Robert Moulias. Les plaintes relatives à des personnes handicapées concernent très majoritairement des maladies mentales. La plupart font état de négligence de la part de l'entourage et l'association tente alors une médiation pour rappeler les besoins du malade, la façon d'y répondre, son besoin d'humanité. «Parfois, la charge est trop lourde pour les familles, elles sont épuisées et dérapent. Mais, dans les cas de malveillance réelle, nous informons les autorités car cela relève de la justice. Je dois rappeler à ce titre que l'abus de faiblesse est une circonstance aggravante et encore plus si l'auteur des faits est responsable du malade», conclut-il.


BRAZIL LANGUEDOCIEN

03 Avril 2012 Par gilles sainati

  Lundi 26 mars 2012, un militant défenseur de l’environnement s’est rendu à la mairie de son village vers 18 h, ayant appris que le maire de sa commune, Loupian, avait demandé le déclassement de l’unique zone terrestre Natura 2000 du village. Il a alors entamé une action non violente dans les locaux de l’hôtel de ville en s’enchaînant à la grille d’un puits.
 Elus, gendarmes et pompiers se rendent sur place et décident, bien que l’action se déroule dans le calme, de l’hospitalisation d’office du militant par arrêté municipal !
  48 heures plus tard, personne n’a pu communiquer avec ce militant. La municipalité refuse de donner toute information. La gendarmerie indique que l’action troublait l’ordre public et que le militant présentait un danger… pour lui-même 
Aujourd'hui, 2 avril 2012, ce militant est toujours interné à l'hôpital La Colombière à Montpellier car il semble qu'il refuse les barbituriques auxquels certains médecins veulent le soumettre y compris par injection... 
 A) L’hospitalisation sans consentement et les pouvoirs du maire
1)Des pouvoirs immédiats illimités:
 L’article L 3213-2 du Code de la Santé Publique issu de la loi du 5 juillet 2011 dispose : En cas de danger imminent pour la sûreté des personnes, attesté par un avis médical, le maire et, à Paris, les commissaires de police arrêtent, à l'égard des personnes dont le comportement révèle des troubles mentaux manifestes, toutes les mesures provisoires nécessaires, à charge d'en référer dans les vingt-quatre heures au représentant de l'Etat dans le département qui statue sans délai et prononce, s'il y a lieu, un arrêté d'admission en soins psychiatriques dans les formes prévues à l'article L. 3213-1.
 Faute de décision du représentant de l'Etat, ces mesures provisoires sont caduques au terme d'une durée de quarante-huit heures.
La période d'observation et de soins initiale mentionnée à l'article L. 3211-2-2 prend effet dès l'entrée en vigueur des mesures provisoires prévues au premier alinéa.
Faute de décision du représentant de l'Etat, ces mesures provisoires sont caduques au terme d'une durée de quarante-huit heures. »
Le maire doit fournir :
a) un certificat médical circonstancié établi par un médecin généraliste ou un psychiatre libéral qui doit 
-  comporter la description de l’état mental du malade et son comportement : agitation, violence, délire,
idées de suicide... 

-  insister sur les éléments cliniques démontrant la nécessité des soins et la dangerosité pour autrui, notamment ses proches, en rappelant l’absence de consentement et l’urgence des soins appropriés. 
 b) L’ arrêté du Maire  doit être motivé (Placement Provisoire d'Urgence) et - comporter le rappel des faits  et viser le certificat médical 
2) Des critères généraux et vagues
Les critères bien sûr tombent sous le sens:  la notion de danger imminent implique la nécessité de réagir dans l’urgence en cas de péril imminent, mais comme il n’y a pas de contre pouvoirs, de contrôles possibles dans l’action...La porte est  ouverte pour interprétation très large des critères alors même qu’en matière de libertés fondamentales, c’est une interprétation stricte qui doit prévaloir.
On le voit des notions vagues sous tendent le pouvoir du maire :
- danger imminent pour les personnes, attesté par avis médical et non psychiatrique. En l’espèce , il s’agissait du médecin des pompiers..
Et encore , le Conseil Constitutionnel dans sa  décision du 6/10/2011 a supprimé la notion de  notoriété publique sur laquelle aurait pu se baser le maire pour faire interner...
B) Brazil en vue
Ensuite le dangereux citoyen est emmené pas les forces de police ou de gendarmerie à l’hopital psychiatrique... Et ce n’est qu’entre le cinquième jour et le huitième jour qui suit la décision initiale qu’il pourra être examiné plus tranquilement par un psychiatre de l’établissement d’accueil qui établira un certificat médical circonstancié confirmant ou infirmant le précédent... ( article L 3213-3 du code de la santé publique)
Comme nous évoluons de plus en plus vers une psychiatrie essentiellement médicamenteuse, il est sûr qu’une batterie de medicaments et sédatifs en tout genre  sera administré...soit par voie orale soit par voie d’injection....
Autant dire toute attitude de résistance  sera analysée comme un symptôme de votre maladie dangereuse ...
A ce stade, l’on peut s’interroger sur l’absence totale de garanties données au citoyen quand on compare cette procédure d’internement avec  la procédure pénale  judiciaire à la suite de la commission d’un délit ou d’un crime grave....
Ainsi depuis la promulgation de la nouvelle loi du 5 juillet 2011,  une étape vient d'être franchie sur les hospitalisations psychiatriques sans consentement. Il suffit qu’un maire prenne un arrêté pour hospitaliser d’office un opposant ou un gêneur...
 Avec  cette application très large de danger imminent pour la sureté des personnes ,  pourront être internés tous les militants et syndicalistes qui gênent les petites affaires des dirigeants aussi bien locaux que nationaux
A l’image du héros de Brazil vous devenez rapidement un ennemi de l’Etat ici representé par le Maire puis le Préfet et là pas besoin de la qualification de terroriste..au contraire. Ce texte pourra viser principalement (et comme on le voit dans le cas précis héraultais) toutes les actions non violentes ..qui gênent....et dont la mise à execution se déroulent sur la voie publique:  enchaînement, sitting, défilé sans autorisation.
C) Contexte idéologique et local
Il ne fait pas bon être éco warior ou plus prosaîquement militant écologiste un peu actif et non violent: monter sur les toits des centrales nucléaires certes mais  aussi s’enchainer à un puits obturé...
contexte idéologique joue beaucoup pour interpréter les critères légaux mais pas seulement..
Le maire de cette commune héraultaise semble plutôt faire partie d’une famille politique dont l’emblème est la rose...
Mais cette réaction est à la hauteur des enjeux fonciers et de la pression des investisseurs qui convoitent le littoral héraultais et sa plaine agricole, tout y passe:  zone de stockage hinterland du port de Sète, plate-forme logistique en plein domaine viticole, mega centre commercial  à proximité d’une ville d’art et de culture, golf de grand standing au mépris de l’usage courant et agricole de l’eau...A cela s’ajoute la création de zones pavillonaires à perte de vue. Il faut dire que la démographie de l'Hérault est caractérisée par une forte densité  et une population en forte croissance depuis les années 1950.

En janvier 2007, le département de l’Hérault comptait officiellement 1 011 207 habitants, se situant en 21e position sur le plan national. En huit ans, de 1999 à 2007, sa population s'est accrue de près de 114 000 unités, c'est-à-dire de plus ou moins 14 300 personnes par an. Mais cette variation est différenciée selon les 343 communes que comporte le département.
La densité de population du Hérault, 165,7 habitants par kilomètre-carré en 2007, est supérieure de plus de 60 % à celle de la France qui est de 100,5 pour la même année.
 Petits arrangements, modifications des PLU en fonction d’un clientèlisme électoral tout cela est su et connu de tous, mais à défaut d’une réglementation d’urbanisme plus stricte et d’un véritable politique d’aménagement du territoire, les rares espaces naturels en bord de Méditerranée finiront bétonnés..
Et encore se rapproche le spectre de l’exploitation des gaz de schistes dont nous n’avons pas fini de re-parler.
Une seule question lancinante : De quelle folie parle t-on ?
GS

Plus d’infos sur l’affaire locale: ttp://www.ldh-france.org/section/loupian/2012/03/29/hospitalisation-sous-contrainte-dun-militant-non-violent/
http://blogs.mediapart.fr/blog/gilles-sainati/030412/brazil-languedocien



30.07.2011

Appliquer une loi antithérapeutique ?

 

La loi du 5 juillet 2011 réformant les soins psychiatriques entrera en vigueur le 1er août 2011. Dans les hôpitaux, son application va engendrer des pratiques toujours plus inquiétantes : mise en place de vidéo-audiences dans de nombreux départements, transports collectifs de patients en crise etc.

Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire appelle à refuser de cautionner et de mettre en pratique de telles mesures anti-thérapeutiques qui seront délétères pour des soins psychiques de qualité.

Libertés à distance… plutôt caméras ou plutôt fourgon collectif ?

La loi introduit le juge des libertés et de la détention dans les deux premières semaines de l’hospitalisation sans consentement. Pour respecter cette obligation légale, deux possibilités sont envisagées pour cette audience : le transport des patients dans les Tribunal de Grande Instance (TGI) ou la mise en place de la vidéo-audience.

Devant la pénurie de juges et de greffes, de nombreux TGI ont fait savoir qu’il n’y aurait pas d’audience systématique dans les hôpitaux psychiatriques (les audiences « foraines »), reportant la gestion du manque de moyens sur les équipes psychiatriques déjà fort démunies pour assurer leur mission de base, soigner.

Comment les équipes pourront-elles faire face à cette nouvelle pénurie des personnels vacants des services qui impliquerait une aggravation de la dégradation des soins ?

Comment les patients insuffisamment stabilisés par douze jours d’hospitalisation réagiront-ils à un transport parfois de plusieurs dizaines de kilomètres ainsi qu’à l’attente au tribunal ? Faudra-t-il camisoler chimiquement et physiquement les patients pour les emmener devant le juge ?!

Si les directions d’hôpitaux ont obligation d’assurer l’audience devant le juge, nous devons rappeler à nos administrations et aux juridictions que les soignants ne peuvent éthiquement cautionner des mesures allant à l’encontre de la clinique, des soins, de leur éthique et de leur indépendance professionnelle.

et de s’organiser en conséquence (audiences foraines etc.). L’impératif premier pour tout soignant est, d’abord et avant tout, de ne pas nuire à la santé du patient.

Secret médical : un secret de polichinelle

Le juge des libertés et de la détention rendra sa décision lors d’audiences publiques.

Alors que les certificats médicaux étayeront sa décision du juge, qu’adviendra-t-il du secret professionnel lors de telles audiences? Nous appelons les rédacteurs de certificats à mettre le strict minimum pour ne pas violer intégralement ce secret qui est l’un des garants de la relation thérapeutique.

Par ailleurs, les « soins » sans consentement en ambulatoire voient le jour. Alors que la contrainte se généralise et n’a pas de limite spatiale ou temporelle, le législateur a choisi de ne pas faire intervenir le juge pour garantir les libertés. Pourtant, les psychiatres devront rédiger un programme de soins qui, s’il n’est pas appliqué à la lettre par le patient, pourra conduire à sa ré-hospitalisation. Ce programme devra être visé et accepté par le préfet qui pourra le récuser ainsi que ses modifications ultérieures ; ce qui ouvre la porte à des imbroglios juridiques où les enjeux soignants sont mis sous tutelle sécuritaire !

Par principe, nous appelons autant que faire se peut, à ne pas prescrire de tels « soins » contraints et nous appelons les prescripteurs de ces programmes à rédiger leur certificat en sachant qu’il servira d’instrument de contrôle social.

Une loi contre indiquée pour les soins

Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire rappelle son combat depuis deux ans pour refuser cette loi de défiance qui, centrée sur la seule contrainte, dévoile ses incohérences, ses lourdeurs paralysantes et l’aggravation qu’elle va provoquer pour les soignants, les patients et leurs familles.

25.05.2011

Psychiatrie : réforme de la loi de 1990, le grand enfermement
 
 
Alors que les lois relatives aux privations de libertés et de fichage de la population pleuvent (loi sur l'immigration, loi LOPPSI 2, loi HADOPI), la psychiatrie est elle aussi touchée par cette inquiétante mouvance sécuritaire de notre gouvernement. Profitant de faits divers et utilisant populisme et démagogie il s?attaque à toutes les populations souffrantes et les patients en psychiatrie ne font pas exceptions, il les stigmatise, les surveille, les rejette.
 
Depuis le fait divers de Grenoble et la direc­tive minis­té­rielle qui en a découlé le nombre d'HO aug­mente, les sor­ties d'essais sont de plus en dif­fi­ci­le­ment accep­tées et ne par­lons même pas des levées d'HO (Hospitalisation d'Office, ou sous contrainte du préfet). Après son enquête sur la psy­chia­trie le contrô­leur géné­ral des lieux de pri­va­tions des liber­tés, Jean-marie Delarue, est formel : « Au regard des droits de l'homme, la situa­tion est inquié­tante et elle s'aggrave. » « C'est le grand retour de l?enfer­me­ment qui carac­té­rise désor­mais ces lieux de soins. » « Les portes d'un nombre crois­sant d'unités hos­pi­ta­liè­res psy­chia­tri­ques sont en effet fer­mées à clef. » « Aujourd?hui, devant ces deman­des de sortie d?essai, le préfet hésite, dili­gente une enquête de police. Les sor­ties d?essai se sont rédui­tes comme peau de cha­grin. Des mala­des, habi­tués à sortir régu­liè­re­ment, en sont inter­dits. » 
Les dis­po­si­tifs de soins exis­tants sont sans cesse atta­qués : fer­me­tu­res de lits, fer­me­tu­res des struc­tu­res exté­rieu­res (CMP, CATTP, Hôpitaux de jour,?), dimi­nu­tions des effec­tifs, casse de la poli­ti­que de sec­teur par les res­tric­tions bud­gé­tai­res. Par contre alors que la psy­chia­trie clas­si­que est atta­quée, l?enfer­me­ment se déve­loppe lar­ge­ment et là, l?argent coule à flot pour les grands grou­pes béton­neurs qui se frot­tent les mains : créa­tion des UHSA, mise en place de la vidéo sur­veillance dans les hôpi­taux psy­chia­tri­ques, mul­ti­pli­ca­tion des UMD, créa­tion des pri­sons pour mineurs, La psy­chia­trie tra­di­tion­nelle est peu à peu rem­pla­cée par ces lieux d?enfer­me­ment
 
L'amal­game entre « patient et dan­ge­ro­sité » est posé. La réforme de la loi de 1990 se fonde clai­re­ment sur cette « vision pri­maire » et c'est le retour au fli­cage, fichage qui est annoncé dans cette loi. On ne soigne plus, on contrôle, on for­mate. La déviance n'est plus tolé­rée, il faut uni­for­mi­ser et ren­trer dans les cases? On ne prend plus en charge « l?Être » dans son ensem­ble, on traite des symp­tô­mes.
 
LES GRANDS CHANGEMENTS ANNONCÉS PAR LA RÉFORME
 
 Création de la « garde à vue psy­chia­tri­que » : Une per­sonne pourra être gardée 72 heures en hos­pi­ta­li­sa­tion com­plète pour « obser­va­tion ». Un psy­chia­tre de l?établissement d?accueil aura préa­la­ble­ment vu le patient dans les 24 heures sui­vant son arri­vée pour affir­mer ou non la néces­sité de main­te­nir l?hos­pi­ta­li­sa­tion en vue des condi­tions d?admis­sion du patient. Cette mesure ouvre la pos­si­bi­lité de main­te­nir une per­sonne hos­pi­ta­li­sée 72 heures sans réel­le­ment se deman­der si cette contrainte est fondée. Hors comme l'expli­que le Syndicat de la Magistrature dans son ana­lyse de ce texte, les deman­des de mise en HO sont le plus sou­vent établies par les ser­vi­ces de police et avec la réforme de la garde à vue qui vise à en dimi­nuer le nombre et la durée. On est tout à fait en droit de se deman­der si la ten­ta­tion ne sera par forte de mettre en place une hos­pi­ta­li­sa­tion sous contrainte. Le risque de dérive médi­cale risque alors d?être impor­tant. Enfin, au bout des 72 heures de « garde à vue psy­chia­tri­que » c?est le préfet qui déci­dera de la forme de prise charge du patient. Tiendra-t-il compte de l?avis médi­cal ?
Par la suite, un cer­ti­fi­cat médi­cal sera obli­ga­toire entre le sixième et le hui­tième jour après l?admis­sion.
 
 Suppression des sor­ties d'essais : Seules les sor­ties d'essai de 12 heures maxi­mum sub­sis­tent et toute sortie d?un patient accom­pa­gnée de soi­gnants devra avoir eu en amont l?accord expli­cite du préfet. Les sor­ties d?essai de 24 heures, 48 heures, un mois ne seront plus pos­si­bles.
 
 Mise en place d?un « casier judi­ciaire psy­chia­tri­que » : Le projet de loi pré­voit la créa­tion d?un fichier regrou­pant tous les patients étant ou ayant été en UMD, tous ceux ayant été décla­rés irres­pon­sa­bles ou toute per­sonne ayant fait l?objet de soins sans son consen­te­ment. L?ins­crip­tion des per­son­nes dans ce fichier est sans aucune limite de durée. Une per­sonne fichée le sera donc à vie.
 
 Création des soins sous contrain­tes à domi­cile : Les sor­ties d'essai étant sup­pri­mées, l'État met en place les soins à domi­cile sous contrainte. La per­sonne rece­vra donc des soins obli­ga­toi­res à son domi­cile. C?est une véri­ta­ble intru­sion dans la vie privée des patients. Une sur­veillance impo­sée. Les per­son­nels soi­gnants pour­ront ou devront alors inter­ve­nir de force au domi­cile des patients avec l?aide de la force publi­que. Nous sommes très loin de l?idée du lien thé­ra­peu­ti­que, pour­tant si dif­fi­cile à cons­truire. Il est d?ailleurs très bien sti­pulé dans le projet de loi que la notion « d?hos­pi­ta­li­sa­tion » sous contrainte est rem­pla­cée par celle de « soins » sous contrainte, ce qui ouvre beau­coup de portes? Ne ris­quons nous pas de voir mis en place un jour les bra­ce­lets électroniques pour les patients puisqu?il en avait déjà été ques­tion lors de la pré­pa­ra­tion du projet.
 
 Dérèglementation des mises en HDT (Hospitalisation à la Demande d?un Tiers) et pour les soins sans consen­te­ment à la demande de l?auto­rité publi­que : Le deuxième cer­ti­fi­cat médi­cal qui per­met­tait de contrô­ler si une hos­pi­ta­li­sa­tion sous contrainte était jus­ti­fiée est sup­primé.
 
 Le ren­for­ce­ment du contrôle pour les deman­des de sor­ties d?hos­pi­ta­li­sa­tion pour les per­son­nes pla­cées en HO judi­ciaire ou ayant séjourné en UMD : Désormais il fau­drait l?avis d?un col­lège de soi­gnants com­posé de deux psy­chia­tres et deux exper­ti­ses concor­dan­tes. Quand on voit les dif­fi­cultés que ren­contrent actuel­le­ment les psy­chia­tres et les équipes soi­gnan­tes pour obte­nir les levées de ces mesu­res avec la légis­la­tion actuelle, son ren­for­ce­ment risque for­te­ment de les rendre excep­tion­nel­les voir impos­si­bles.
 
 Un préfet tout puis­sant sur les soins : Le préfet jugera de la mise en place de soins sous contrainte pour une per­sonne, du main­tient de ce pla­ce­ment (même contre l?avis médi­cal), d?auto­ri­ser ou non une sortie d'essai de 12 heures maxi­mum ou encore d'un accom­pa­gne­ment à l?exté­rieur d?un patient par des soi­gnants. Il pourra également deman­der une exper­tise psy­chia­tri­que à tout moment ou encore pren­dre un arrêté pro­vi­soire d?hos­pi­ta­li­sa­tion d?office? Enfin et sur­tout il pourra inter­ve­nir direc­te­ment sur les soins et la prise en charge des patients car il pourra modi­fier le pro­to­cole de soins pro­posé par un psy­chia­tre.
 
 Le « faux » rôle accru du juge des liber­tés et de la déten­tion : Alors qu?actuel­le­ment le juge n?inter­ve­nait que sur recours de l'inté­ressé, désor­mais il contrô­lera toutes les HDT et HO de plus de quinze jours. Hors, selon les magis­trats leurs nom­bres et les moyens qui leurs sont attri­bués sont tota­le­ment insuf­fi­sants pour mettre en place une telle réforme. De plus leur inter­ven­tion ne porte que sur le bien fondé de l'hos­pi­ta­li­sa­tion, en aucun cas la per­sonne ne pourra contes­ter le trai­te­ment qui lui est admi­nis­tré ou le pro­to­cole d?obli­ga­tion de soins à domi­cile. Enfin le direc­teur de l'établissement ou le préfet pour­ront deman­der au pro­cu­reur de la répu­bli­que de saisir dans les six heures le pre­mier pré­si­dent de la cour d?appel pour sus­pen­dre la déci­sion de main­le­vée d?une hos­pi­ta­li­sa­tion sous contrainte prise par le juge.
 

Ce n'est pas la pre­mière fois que les per­son­nels du Vinatier se sai­sis­sent de la ques­tion, lire Vinatier : Retour sur la Nuit blan­che de résis­tance du 9 mars 2010
 
Sur une thé­ma­ti­que proche voir aussi les vidéos du col­lo­que Psychiatrie et prison : la ques­tion du soin aux per­son­nes déte­nues en février der­nier à Lyon.
 
Source : rebellyon
MONDETRON !!!  
  Just Foreign Policy - Morts irakiens dus a l'invasion U.S.  
A N T I F A  
 
 
Le poète Armand Robin (1912-1961)  
  définit "l'anarchiste" comme celui qui est "purifié volontairement, par une révolution intérieure, de toute pensée et de tout comportement pouvant d'une façon quelconque impliquer domination sur d'autres consciences Celui qui défile joyeusement au pas cadencé a déjà gagné mon mépris. C'est par erreur qu'on lui a donné un cerveau puisqu'une moelle épiniére lui suffirait amplement. Einstein. °