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Solidarité avec la famille L.

Samedi 22 décembre une jeune fille roumaine de 13 ans accompagnée de son beau frère a pris contact avec le DAL86. Elle nous a expliqué qu’elle était en France depuis deux ans et sur Poitiers depuis un an avec sa mère et une de ses sœurs de 20 ans qui a une petite fille de 9 mois et et qui est là avec le père de son enfant. Qu’ils vivaient dehors et dormaient tous dans une voiture garée sur les parkings.

Vu l’urgence de la situation, et comme nous l’avait conseillé Bruno Belin, Premier Vice-président du Conseil général et Président de la Commission de l’Action Sociale, de la Solidarité, de l’Insertion et des Personnes handicapées, si nous trouvions des enfants à la rue, dès lundi 24 décembre nous avons accompagné cette famille à l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance). Mais malheureusement c’était fermé pour les fêtes et faisait le pont. Donc le 26 décembre, nous sommes de nouveau allés à l’ASE. Et là, quelle ne fut pas notre déconvenue : selon l’ASE, la situation de cette famille et de ces enfants de 9 mois et de 13 ans n’était pas « préoccupante » puisqu’ils couchaient dans une voiture ! Il faut se rendre à l’évidence, l’ASE de la Vienne, en fait de protection de l’enfance, se préoccupe seulement de la déficience des parents et donc se donne comme seul moyen ce qui est nommé pudiquement le « placement » des enfants. Nous ne contestons pas qu’il soit quelquefois nécessaire pour le protéger de séparer l’enfant de sa famille, mais nous soutenons que c’est une lecture locale étriquée des textes du Code de l’action sociale et des familles en particulier de son article L 221-1 :

« Le service de l’aide sociale à l’enfance est un service non personnalisé du département chargé des missions suivantes :

1° Apporter un soutien matériel, éducatif et psychologique tant aux mineurs et à leur famille ou à tout détenteur de l’autorité parentale, confrontés à des difficultés risquant de mettre en danger la santé, la sécurité, la moralité de ces mineurs ou de compromettre gravement leur éducation ou leur développement physique, affectif, intellectuel et social, qu’aux mineurs émancipés et majeurs de moins de vingt et un ans confrontés à des difficultés familiales, sociales et éducatives susceptibles de compromettre gravement leur équilibre ».

L’aide sociale à l’Enfance constitue donc une des modalités de la mise en œuvre du « droit à une vie décente » ou «droit à la protection sociale et à la sécurité matérielle », lequel constitue « un principe de valeur constitutionnelle » selon le Conseil Constitutionnel. Ainsi le tribunal administratif relève-t-il dans l’affaire Pschenychnyak c./ Dpt. des BdR, que « le droit à une vie décente constitue une liberté fondamentale dont l’aide sociale à l’enfance et l’aide à domicile sont des manifestations » (Ordo. réf. TA Marseille, 4 octobre 2002, req. N° 024716/0).

De plus dans l’article 3-1 de la Convention Internationale des Droits des Enfants de 1989 ratifiée par la France, disposition directement invocable selon le Conseil d’Etat, il est précisé que « em>dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait d’institutions publiques ou privées de protection sociales (…), l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale ».

Le DAL 86 attend donc que Bruno Belin prenne clairement position concernant l’aide apportée à l’enfance par l’ASE de la Vienne. S’agit-il pour elle de seulement protéger l’enfant de ses parents ou d’apporter une protection de l’enfant plus complète dans le cadre du « droit à une vie décente » ou « droit à la protection sociale et à la sécurité matérielle » ?

Après avoir subi ce refus de prise en charge par l’ASE, cette famille est allée retourner dormir le soir dans sa voiture. Elle a malheureusement dû s’en séparer le lendemain. Et ayant perdu ce refuge très précaire, et étant sans abri, en détresse et démunie de toute solution d’hébergement, elle est rentrée par la porte ouverte dans une maison vide pour s’y abriter. Elle y demeure depuis.

Cette famille sait que ce qu’elle a fait est illégal, mais elle l’a fait parce qu’elle était en état de nécessité et surtout pour protéger les deux enfants, rappelons-le de 9 mois et de 13 ans. Elle a donc écrit au préfet afin de ne pas pénaliser plus le propriétaire, pour retrouver le plus rapidement possible une situation légale.

 

Note à l’attention de la préfecture, de la police et des huissiers
qui nous ont habitués à un grand n’importe quoi.

Le fait que cette famille en état de détresse soit entrée par la porte ouverte dans une maison composée de 4 logements indépendants vides de meubles et vacants depuis au moins 3 ans pour s’y abriter, ne peut constituer en aucun cas une violation de domicile au sens de l’article 226-4 du Code pénal : « L’introduction ou le maintien dans le domicile d’autrui à l’aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contrainte, hors les cas où la loi le permet, est puni d’un an d’emprisonnement et de 15000 euros d’amende ». Carole Frazier dans son article, Violation de domicile, Répertoire de droit pénal et de procédure pénale Dalloz, mars 2001, explique : « Sont visés par l’article 226-4 les seuls lieux qui peuvent servir effectivement d’habitation. Ainsi les squatteurs qui s’introduisent dans un appartement vide de meubles entre deux locations ou encore dans un appartement neuf et non occupé ou encore dans un appartement vide de meubles en attente de démolition, même par effraction, ne se rendent pas coupables de violation de domicile (Cass. Crim. 19 juill. 1957, Bull. Crim. n°513 ; CA Versailles, 8e ch. 31 janv. 1995, Juris-Data n°040700). Ceci amène à retenir [… qu'] un local n’est pas occupé quand il est vide de meubles (il n’y a donc pas violation de domicile possible : Cass. crim. 22 jan. 1997, Bull. crim. N°31).

Il est donc hors de question que le propriétaire invoque une telle violation de domicile et fasse une « Requête en expulsion d’un occupant sans droit ni titre ».

D’autre part, le DAL86 sera très vigilant concernant une expulsion sauvage sans jugement. Carole Frazier dans son article, Violation de domicile, Répertoire de droit pénal et de procédure pénale Dalloz, mars 2001, explique : « La demeure est inviolable dès lors que l’occupant peut se dire chez lui “quel que soit le titre juridique de son occupation” Cass. crim. 13 oct. 1982, préc. confirmé par Cass. crim. 23 mai 1995, préc.). Ainsi [...] la protection est reconnue à l’occupant sans titre ne pouvant arguer d’une quelconque autorisation, dès qu’il habite les lieux depuis un certain temps. Ainsi, les squatteurs vivants depuis plusieurs semaines dans les lieux sont dans leur domicile dont ils ne peuvent être expulsés par la force publique qu’un vertu d’une décision judiciaire exécutoire (Cass. crim. 22 janv. 1957, Bull. crim., n°68). Il est difficile de fixer une durée minimale en deçà de laquelle l’éviction des intéressés pourrait être réalisée sans décision de justice; les service de police devraient se montrer prudents au delà de 48 heures (V. Chapus et Chemin, Centre. doc. et inf. pol. nat. Bull. n°13, janv. 1982).

Le DAL dans son guide Faire face à une expulsion de logement, la Découverte, précise : « dans l’hypothèse d’une entrée sans autorisation du propriétaire, l’usage considère que, passé un délai de 48 heures, le local occupé constitue désormais le domicile des personnes entrées sans autorisation (question parlementaire du 21 septembre 2004, J. O. Ass. Nat ;, 8 mars 2005, p. 2526). Dans ce cas, le propriétaire et les forces de l’ordre ne peuvent les expulser qu’à la suite d’une procédure judiciaire d’expulsion engagée par le propriétaire. »

Il est clair que s’il y a expulsion illégale (sans décision judiciaire) le DAL86 soutiendra la famille lésée pour faire une demande de réintégration devant le juge des référés.

Enfin, il n’est pas nécessaire de faire une « ordonnance sur requête » pour connaître l’identité des occupants sans titre puisque leur nom est affiché sur la porte d’entrée et le préfet a reçu un courrier de leur part.

Un toit c’est un droit

Paris. Une cinquantaine de mal-logés évacués d'un immeuble vétuste

 

L'immeuble du 141 rue du Charonne (Paris 11e) a été évacué par les forces de l'ordre, dans la nuit de dimanche 4 à lundi 5 novembre 2012.

L'immeuble du 141 rue du Charonne (Paris 11e) a été évacué par les forces de l'ordre, dans la nuit de dimanche 4 à lundi 5 novembre 2012.

Ils étaient 46, dont 10 enfants, à habiter depuis mardi cet immeuble vétuste du 11e arrondissement de Paris. Ces sans-logis, ainsi que leurs soutiens, ont été expulsés par la police dans la nuit de dimanche 4 à lundi 5 novembre. Les forces de l'ordre les ont également conduits au commissariat pour contrôler leurs identités.

L'évacuation du bâtiment situé 141 rue de Charonne s'est achevée à 0 h 30. Elle a été confirmée par une source policière, qui n'a pu préciser combien de personnes avaient été conduites au commissariat. Dimanche soir, des dizaines de CRS se sont rassemblés devant l'immeuble, avant d'en forcer l'entrée peu après 23 heures. Les habitants et des militants venus les soutenir se sont alors réfugiés au deuxième étage, encerclés par les policiers et scandant "Non, non, non aux expulsions !", avant d'être évacués.

L'immeuble doit être démoli

En occupant le bâtiment, les sans-logis espéraient obtenir un logement social, a expliqué un porte-parole du Collectif des mal logés acharnés. "Ceux qui habitent ici sont en général sans logement, vivant chez des amis ou dans la rue, qui ont déposé leurs dossiers de demande de logement social mais n'ont pas été entendus", avait expliqué plus tôt dans la soirée le porte-parole, qui a requis l'anonymat.

L'immeuble, vétuste et devant être démoli, appartient à la Semidep (Société d'économie mixte immobilière interdépartementale de la région parisienne). Cette structure a une mission de bailleur social mais aussi de construction, de réhabilitation et de rénovation d’ensembles immobiliers, selon le porte-parole du Collectif des mal logés acharnés.

Marché de la misère à l’Hôtel de Ville

Les biffins se sont installés hier au pied de l’Hôtel de Ville pour revendiquer une existence légale à Paris.

  11.07.2012


Parvis de l’hôtel de ville (IVe), hier. Les chiffonniers ont déballé leurs marchandises de bric et de broc, tandis que les élus du Front de gauche évoquaient leur cas au Conseil de Paris.

Parvis de l’hôtel de ville (IVe), hier. Les chiffonniers ont déballé leurs marchandises de bric et de broc, tandis que les élus du Front de gauche évoquaient leur cas au Conseil de Paris.

Ils sont habituellement près de 2000, répartis dans les quartiers populaires de la capitale. Près des portes de Montreuil, Montmartre, Bagnolet, sous le pont du aérien de Barbès (XVIIIe), à Belleville (XXe) ou Ménilmontant (XXe). Mais cette fois les biffins sont sortis de l’ombre pour déballer leur marchandise de bric et de broc, sur le parvis de l’Hôtel de Ville alors même que se tenait le Conseil de Paris où les élus du Front de gauche évoquaient le cas des chiffonniers.

« Paris brocante plage, fête de la biffe, du recyclage et de la solidarité ». C’est ainsi que les biffins ont baptisé hier leur manifestation improvisée, sous-tendue par un seul mot d’ordre : « Obtenir la liberté de pratiquer notre activité sans être pourchassés par la police! » clame l’un des quelque 50 manifestants.

« On voudrait des cartes officielles, des emplacements matérialisés, comme c’est le cas depuis plusieurs années porte Montmartre (XVIIIe), et surtout qu’on cesse de faire la chasse aux pauvres que nous sommes. Il y a, parmi nous, des handicapés, des SDF, des personnes sans papiers. Paris refuse de voir la misère sociale parce qu’elle est gênante… » Sur le parvis, sacs et baluchons sont vidés en quelques minutes sur des couvertures de fortune où s’entassent bientôt les objets les plus incongrus. Les passants, eux, n’y voient semblent-ils qu’une brocante improvisée et s’attardent devant les improbables étals, surveillés de près par un cordon de police. « Des centaines de milliers d’euros ont été débloqués par la Ville de Paris et le conseil régional d’Ile-de-France pour organiser les marchés aux biffins dans la capitale, s’indigne leur porte-parole Samuel Le Cœur. Où est cet argent? De même nous attendons toujours que soient rendues publiques les conclusions d’une étude sur les marchés de la misère, réalisée au mois d’avril dernier… Nous savons qu’elle prouve que les biffins sont bel et bien des Parisiens sans ressources, mais personne ne semble vouloir regarder en face cette réalité sociale. » Autour des manifestants, pourtant, quelques voix discordantes s’élèvent, et certains parlent, ici et là, d’exploitation « de la misère par la misère ». Mais, devant le Conseil de Paris, les élus Front de gauche dénoncent, comme ils l’ont déjà fait à plusieurs reprises, un projet d’encadrement des biffins « au point mort », en dépit de la création d’un second « carré », après celui de la porte Montmartre, porte de Vanves (XIVe).

02.07.2012


15.06.2012


“L’avenir de ces femmes est en suspens”

Reportage au centre d’hébergement d’urgence Jean-Rostand d’Ivry-sur-Seine 
Par Emeline Le Naour

 

 Cauchemar de femme

Au troisième étage de l’ancien hôpital Jean-Rostand d’Ivry-sur-Seine, on accompagne, nourrit et héberge les femmes de la capitale qui sont à la rue. Ce centre d’hébergement d’urgence (C. H. U.) est le dernier d’Île-de-France ; pourtant, il doit fermer ses portes le 31 août. Reportage.

Il est 8 h 30. En pyjama, encore somnolente, Marie va prendre son petit déjeuner. Ce matin, elles sont une dizaine de femmes sans abri dans le réfectoire improvisé du centre Jean-Rostand. Madeleine, elle, est déjà habillée. Elle finit son café, pris dans son bol en terre cuite qu’elle préfère à ceux en plastique distribués. La démarche hésitante, elle retourne dans la chambre qu’elle partage avec une autre sans-abri. Elle s’assoit, soulagée. « Je fais de l’arthrose », lâche-t-elle. Madeleine a quitté le Congo en 2003 pour rejoindre son fils en Espagne. Après avoir perdu sa trace, elle a fini par tenter sa chance en France, chez sa sœur, qui refuse de continuer à l’héberger « par manque de place ». À 70 ans, Madeleine s’est ainsi retrouvée à la rue. Comme beaucoup de femmes de Jean-Rostand, elle est sans-papiers.
Lucie, animatrice de jour, explique : « À cause des annonces de fermetures successives, il a été difficile d’avoir un véritable suivi des démarches concernant les demandes de régularisation. » Les locaux qui abritent le centre ont été vendus à une société privée, les femmes et le personnel sont priés de quitter les lieux à la fin du mois d’août. D’ailleurs, en dehors du troisième étage, l’immeuble est désert. Depuis le mois de mars, la fermeture définitive a été annoncée plusieurs fois, puis repoussée au maximum.
Des feuilles A4 sont punaisées sur les murs. Il suffit d’y inscrire son nom pour prendre un rendez-vous avec la psychologue, le médecin ou les assistantes sociales. Elodie, la psychologue, court dans les couloirs à la recherche de sa patiente du jour. Elle n’est présente qu’une matinée par semaine au centre. De l’aveu de la jeune femme, c’est trop peu : « Beaucoup de ces femmes ont des problèmes psychologiques et doivent être suivies. À cela s’ajoute l’angoisse de la fermeture. »
Il est bientôt 11 heures. Marie bavarde avec Chérifé dans le réfectoire vide. Le centre héberge les femmes sans abri chaque nuit à partir de 19 h 45, mais à 11 heures du matin, les animateurs raccompagnent les résidentes à la sortie. « En hiver, quand on doit les mettre dehors jusqu’au soir, on se sent mal », avoue Lucie.

 


Droit au logement manifeste à la préfecture

15.04.2012

(Plusieurs centaines de personnes ont manifesté, hier, dans les rues de La Courneuve et de Bobigny pour demander la fin des expulsions locatives et l’application de la loi du droit au logement opposable en Seine-Saint-Denis. Le cortège, formé d’associations locales, a rejoint la préfecture de Bobigny. Quelques participants de la Marche des banlieues se sont joints à la manifestation.


Saint-Denis : des mal-logés investissent l’immeuble

  04.03.2012

Plus de 1500 personnes risquent de se retrouver à la rue le 15 mars, à la fin de la trêve hivernale. Cet immeuble permettra de loger une trentaine de personnes. »


24.02.2012

Le SDF vivait depuis vingt ans dans sa camionnette

Un SDF a été retrouvé mourant, mercredi soir, dans la camionnette qui lui servait d’abri à Sartrouville. Des riverains s’étaient inquiétés de ne plus le voir sortir.

 L’histoire résume de façon poignante les drames de la pauvreté et la force de la solidarité. Depuis mercredi soir, Norbert est hospitalisé dans un état critique à l’hôpital de Poissy.
Ce SDF, qui s’était fixé depuis de longues années à Sartrouville, y a été admis après avoir été retrouvé mourant dans sa camionnette… qui lui servait aussi d’appartement.
Mercredi, en fin de journée, les policiers procèdent aux enlèvements d’épaves dans la rue de Picardie, située à proximité du parc Gagarine. Ils s’approchent d’une fourgonnette blanche quand des riverains les préviennent. « On leur a dit qu’un homme habitait là mais qu’on ne l’avait pas vu depuis la veille, explique Romain, le gardien du stade. Ils se sont alors approchés et l’ont retrouvé allongé par terre, tout nu. »
Inconscient et en état d’hypothermie

Norbert, que tout le monde connaît ici sous le nom de David, est inconscient et en état d’hypothermie. Sans l’intervention des riverains et de la police, il serait peut-être déjà mort.
L’homme de 60 ans, sans doute victime d’un malaise, est rapidement pris en charge par le Samu, sous le regard impuissant et attristé des habitants de ce quartier tranquille.
Car David est ici une sorte de mascotte. Il avait garé son camion blanc il y a vingt ans au pied d’un immeuble. A l’intérieur, un lit de camp, un tabouret et une bassine meublent l’habitacle rouillé sur lequel la mousse s’est fixée. « Les jeunes du quartier l’aimaient bien et parlaient de boxe avec lui », se souvient Annie.
Amoureux du noble art, David avait combattu avec succès puis entraîné dans des clubs du Val-d’Oise avant d’être victime de la maladie de Parkinson.   Norbert le sportif devint alors David, SDF à la barbe grise.
« On lui donnait un peu d’argent mais il avait sa dignité et ne semblait pas si malheureux », ajoute Romain.

Hier, David était toujours dans le coma. Triste ironie de son existence cabossée, il lui aura fallu se rapprocher de la mort pour retrouver un lit et une chambre propre.


Ils sont SDF, psychotiques et « piqués » : qui ça arrange ?

Aurélie Champagne  Rue89

Publié le 25/11/2011

Le regard embrumé, une sexagénaire erre autour de la Halte Femmes, dans le XIIe arrondissement de Paris. « Elle est sous traitement retard », commente Solange, animatrice dans cet accueil de jour depuis quatre ans.

« Elle a eu son injection hier. »

« La plupart des gens qui vivent dehors savent ce qu'est l'injection retard », affirme Jeff, 31 ans, à la rue depuis sa majorité.

Le traitement à effet retard, dit « injection retard », est prescrit par les psychiatres contre les psychoses – notamment la schizophrénie, les troubles bipolaires et les états limites. Seuls sont concernés les bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU).

Cette injection antipsychotique évite d'avoir à prendre des médicaments tous les jours. La piqûre libère lentement le principe actif dans l'organisme du malade, appelé à revenir toutes les deux à quatre semaines pour renouveler sa piqûre. Jeff :

« Pendant, les deux-trois premiers jours, c'est sûr qu'on est “out”. »

Jeff, 31 ans, SDF, sur l'injection retard

Dans les centres médico-psychologiques (CMP) et accueils de jour spécialisés, on encourage souvent l'injection retard pour les sans-abriS.

Assimilée à un soin vétérinaire

« J'ai des exemples de gens qui vont à leur piqûre retard, qui baissent la chemise et ils s'en vont le plus vite possible », constate Bruno, à l'Unafam, organisme d'aide aux familles et amis de malades psychiques.

Parfois assimilée à un soin vétérinaire, l'injection retard a mauvaise réputation.

Une femme, dans un accueil de jour

Les malades qui sont passés par là ont souvent honte d'en parler. Les témoignages sont décousus, varient d'une semaine sur l'autre.

Pour Sylvie et Christiane, infirmières psychiatriques au service santé mentale et exclusion sociale (Smes) de Sainte-Anne (Paris XIVe), l'injection retard « est un outil ».

« C'est comme un marteau : tu peux t'en servir pour accrocher un tableau ou mettre un coup sur la tête. »

Entendons-nous, il ne s'agit pas de remettre en cause ici les bénéfices de l'injection retard. Pour Sylvie, « quand tu as un psychotique qui a des crises d'angoisse massives, heureusement qu'il a un traitement ». Mais l'injection n'est pas sans danger pour celui qui vit à la rue, pour l'entourage et les soignants.

« Le médecin est tranquille »

On ne guérit pas de la schizophrénie, « on soigne les effets et pas la cause », déplore Bruno, de l'Unafam. La plupart du temps, les grands schizophrènes qui vivent à la rue ne demandent rien, voire refusent les traitements :

« Quand une personne n'est plus sous traitement » (Aurélie Champagne/Olivier Volpi)

L'injection retard a l'avantage de régler certains problèmes pratiques liés aux conditions de vie à la rue : elle évite d'aller à la pharmacie, d'avoir à gérer des ordonnances et tout un tas de paperasse. Elle évite aussi les vols de médicaments.

La piqûre étouffe les symptômes délirants, calme les malades agités, agressifs et prévient des éventuels passages à l'acte. Sylvie constate que l'injection est « le traitement royal du suivi en ambulatoire ».

« Ça rassure tout le monde à commencer par le soignant : si c'est sur quinze jours, le médecin est tranquille. Je ne sais pas si ça rassure le patient. »

Sylvie et Christiane, infirmières psy à Saint-Anne, Paris

Il y a quelques temps, le fils de Bruno a fugué à la rue.

« Son séjour à la rue, il ne m'en a jamais parlé tant la souffrance a dû être immense. Il a dû être ramassé par Médecins du monde à Marseille. Il était en lambeaux. Il s'était fait écraser les pieds dans un parking par une voiture. »

« Une personne qu'on pique… »

Bruno a accompagné plusieurs fois son fils pour son injection.

« Le jour de la piqûre, on retombe de façon peut-être plus difficile que quand on prend son traitement au quotidien. C'est quand même douloureux au niveau de l'image. Une personne qu'on pique… »

Parfois traumatisante pour le patient, la piqûre accentue une mauvaise image chez des personnes dont l'estime d'elles-mêmes est souvent dégradée. L'injection prive également la personne du contrôle de son état et de la régulation des médicaments.

Troubles de l'érection, prise de poids...

D'après l'enquête Samenta, 26,8% des malades en rupture de traitement mentionnent une inefficacité du traitement, 20% évoquent une forte contrainte, 18% des effets secondaires.

« En général, les mecs arrêtent vite parce qu'ils ne bandent plus. Ça, c'est un grand problème pour les messieurs qui sont à la rue », lâche Christiane. Sylvie précise :

« Il n'y a pas les mêmes effets secondaires en fonction des médicaments. La prise de poids est énorme avec les antipsychotiques : 50% des patients prennent de 10 à 30 kg. »

« A la rue, être “out”, ça peut être dangereux »

Les jours suivant l'injection, le malade est « tassé » pendant deux ou trois jours. « Et à la rue, être “out”, ça peut être dangereux », commente Jeff. L'injection rend vulnérable et les malades peuvent être la cible de violence ou de vol.

« Il faut vraiment que le type ait des amis qui s'occupent de lui. Si au moins l'hôpital donnait deux ou trois nuits d'hôtel pour ces jours-là, ce serait bien. C'est pas ce qui se fait. »

Bruno résume le dilemme auquel il doit faire face :

« Est-ce qu'il faut choisir d'être un peu ramolli pendant deux ou trois jours ? Tassé, recroquevillé. Ou est-ce qu'il faut choisir des angoisses sans fond ? Des angoisses gigantesques, qu'on ne peut pas imaginer d'ailleurs. Parfois, j'ai eu dix, quinze appels par jours de mon propre fils tellement il était angoissé parce qu'il était pas sous traitement. Ou parce qu'il avait oublié. »

Bruno, de l'Unafam, sur le danger de la psychose à al rue

Le père a tranché :

« Moi, je pense que le soin est indispensable. C'est d'ailleurs le drame des SDF actuels. »

« Piqué », comme « à voté ! »

Mais l'injection ne fait pas tout. Elle calme les délires mais la validité du traitement dépend d'un suivi psy régulier et de l'adhésion du malade. Sylvie :

« C'est une toute petite part de liberté qu'il leur reste encore et la possibilité de s'affirmer en tant que sujet et pas seulement en tant que malade à traiter ou à hospitaliser. Le soin ne peut pas être synonyme de contrainte, sinon ça ne s'appelle pas du soin. »

Les conditions de vie à la rue et l'évolution de la psychiatrie permettent de moins en moins de garantir le suivi nécessaire à donner du sens aux médicaments.

Un infirmier témoigne des injections retard qu'il effectue à la chaîne :

« Il me semble que l'on ne soigne que des personnes qui cheminent autour de leur maladie. Ces rencontres obligées par l'injection retard ont souvent quelque chose d'un rituel “désaffectivé”. “ A voté ! ” On pourrait aussi bien écrire “ piqué ”. D'ailleurs c'est ce que l'on fait : “ Clopixen I.M. : Fait. ” »

La peur du personnel soignant

Depuis la fin des années 90, la réforme du diplôme d'infirmier psychiatrique amène sur le terrain des soignants moins bien formés.

« Maintenant, les étudiants arrivent en psy et ils ont peur. A l'observatoire de la violence sur Saint-Anne, la majorité des infirmiers se sentent en insécurité sur leur lieu de travail », constate Sylvie.

La peur, le développement du soin sous contrainte et la promotion du principe de précaution renforcent une vision sécuritaire de la maladie mentale à la rue.

« C'est l'équation “folie = danger”. Or, pour rencontrer des gens, il ne faut pas avoir peur. Ni des symptômes, ni de la folie. »

« Certains délires aident à survivre à la rue »

Pour Sylvie et Christiane, il existe une forme de délire protecteur qui aide à survivre la rue. L'intérêt du malade n'est pas toujours d'annihiler le délire.

« Quitte à les laisser à la rue – puisque dans les faits, c'est ce qui se passe –, on peut se dire que quand le délire n'est pas mortifère ou traversé d'angoisse terrorisantes, certains délires sûrement aident à survivre ».

Sylvie et Christiane, sur « les raisons d'aller bien »

« A la rue, certains délires aident à vivre » (Aurélie Champagne/Olivier Volpi)

« Une fois qu'ils ont fait la piqûre, c'est “ bye bye” »

« Plus on psychiatrise la précarité et moins on remet en cause la société », concluait Sylvie, il y a quelques mois.

Faute de suivi digne de ce nom, l'injection retard n'est plus qu'un moyen comme un autre de garantir la paix sociale en étouffant la souffrance psy à la rue.

« L'injection, je veux bien, mais dans l'intérêt de qui ? » demande Jeff.

« Une fois qu'ils ont fait la piqûre, c'est “ bye bye, rendez-vous dans un mois ” […]. Ce sera pas dans une semaine pour savoir si vous allez mieux. Ce sera le mois prochain. C'est comme si on était inexistant. Ils nous calment… ou plutôt, ils nous cament. »

Jeff : « Comme ça, on est tranquille »

Insee Première N°1330 - janvier 2011

Être sans domicile, avoir des conditions de logement difficiles

La situation dans les années 2000


Résumé

En France métropolitaine, dans la deuxième moitié des années 2000, 133 000 personnes étaient sans domicile : 33 000 en très grande difficulté (entre la rue et les dispositifs d’accueil d’urgence), 100 000 accueillies pour des durées plus longues dans des services d’hébergement social ou dans un logement bénéficiant d’un financement public. Par ailleurs, 117 000 personnes, également sans logement personnel, recouraient à des solutions individuelles (chambres d’hôtel à leurs frais ou hébergement par des particuliers).

En outre, 2,9 millions de personnes vivaient dans des logements privés de confort ou surpeuplés, le cumul des deux insuffisances concernant 127 000 personnes.

Publication

Qualifier et quantifier la privation de logement ou de confort

Si une grande majorité des ménages ont profité de l’amélioration du parc de logements depuis 50 ans, certains en sont restés exclus. Les situations de grande difficulté vont de l’absence de logement à la privation de confort, mentionnées dans la loi Dalo (encadré 1). Ces situations sont souvent délicates à repérer (sources) et ne peuvent donc être mesurées que de manière approchée par les statistiques (tableau 1).

Les personnes privées de logement ou de confort

1. Une partie des effectifs à l’hôtel relève des personnes sans domicile (hébergement social), mais, faute de pouvoir les repérer, ils sont présentés ici parmi les personnes sans logement.

2. En hébergement contraint, le « noyau dur » se compose des personnes de 25 à 60 ans, qui n’ont pas les moyens de leur indépendance, ne sont pas étudiantes et n’ont aucun lien de parenté direct avec l’occupant en titre. Dans le texte, on a élargi ce champ aux enfants du ménage et aux personnes de plus de 60 ans.

Lecture : 79 % des personnes sans-abri ou fréquentant un établissement d’urgence sont des hommes.

*n. d. : non disponible

Champ : France métropolitaine.

Sources : (a) Insee, recensement de la population (RP) 2006 ; (b) Drees, enquête Établissements sociaux (ES) 2008 ; (c) sources administratives ; (d) Insee, enquête Logement 2002 ; (e) Insee, enquête Logement 2006. Les caractéristiques pour la 1ère catégorie (sans-abri...) ne concernent que les personnes sans abri ou en établissement d’urgence, celles pour la 2e catégorie (établissements sociaux de longue durée) reposent sur l’exploitation de l'ES 2004 (pour laquelle le seuil du groupe d’âge le plus jeune est de18 ans).

en %

 

Sans domicile

Autres situations sans logement personnel

En logement privé de confort

Population totale (a)

Sans abri (a) ou en établissement social de court séjour (b) et autres dispositifs d’urgence (c)

Établissements sociaux de longue durée (b)

Hébergement financé par l’ALT (en urgence ou en longue durée, hors établissements sociaux) (c)

À l’hôtel1 (a)

Hébergement contraint2, « noyau dur » (d)

Habitations de fortune (a)

Autres logements privés de confort ou surpeuplés (e)

Nombre de personnes

33 000

66 000

34 000

38 000

79 000

85 000

2 778 000

61 400 000

Total

133 000

117 000

2 863 000

 

Hommes

79

60

n. d.

63

52

56

49

48

Femmes

21

40

n. d.

37

48

44

51

52

Moins de 20 ans

n. d.

30

n. d.

20

6

26

31

25

20-59 ans

n. d.

n. d.

n. d.

67

94

59

55

54

60 ans ou plus

n. d.

n. d.

n. d.

13

0

15

14

21

Actifs ayant un emploi

n. d.

19

n. d.

36

43

34

33

42

Chômeurs

n. d.

22

n. d.

16

28

10

10

5

Autres (retraités, étudiants, activité inconnue…)

n. d.

59

n. d.

48

29

56

57

53

Île-de-France

36

25

n. d.

60

28

15

29

19

Province

64

75

n. d.

40

72

85

71

81

133 000 personnes sans domicile dont 33 000 sans abri ou hébergées pour des durées très courtes

Des établissements sociaux, spécialisés dans l’hébergement d’urgence, accueillent des personnes sans abri, dormant habituellement dans un lieu non prévu pour l’habitation. Ces structures complétées par les nuitées d’hôtel, offrent un hébergement inconditionnel, mais d’une durée limitée (de quelques jours à quelques semaines). Les passages entre la rue ou les abris de fortune et les centres d’urgence sont donc fréquents. Au total, 33 000 personnes étaient dans l’une ou l’autre de ces situations dans la deuxième moitié des années 2000 en France métropolitaine. Il s’agit d’une population masculine, urbaine, et pour près de la moitié, francilienne. D’autres établissements sociaux (centres d’hébergement et de réinsertion sociale, établissements d’accueil mère-enfant, centres dédiés aux demandeurs d’asile etc.) accueillent pour des durées plus longues des personnes qui rencontrent des difficultés sociales et de logement : ils hébergent 66 000 personnes dont 30 % de mineurs et 40 % de femmes (ces dernières ne représentent que 21 % des personnes sans abri et en centre d’urgence). L’Île-de-France concentre le quart des places, un autre quart est réparti entre Rhône-Alpes, Provence - Alpes - Côte d’Azur et Nord - Pas-de-Calais. Par ailleurs, 34 000 personnes environ étaient accueillies dans des logements ou des chambres conventionnés à l’aide au logement temporaire , en places d’urgence ou de plus longue durée.

38 000 personnes à l’hôtel et au moins 79 000 hébergées chez des particuliers

Outre les personnes sans domicile, d’autres encore n’ont pas de logement personnel : elles résident à l’hôtel à leurs frais ou sont hébergées par un parent ou un ami. En 2006, 38 000 personnes vivaient à l’hôtel. Une partie d’entre elles, que l’on ne peut dénombrer, relevaient de la catégorie précédente des personnes dont le loyer est pris en charge au titre de l’hébergement social, mais toutes ont en commun des conditions de logement médiocres, les chambres ne disposant pas de sanitaires dans la majorité des cas et ne permettant pas de cuisiner. Un quart de ces chambres abritent plus d’une personne. Ce type d’hébergement est essentiellement francilien et masculin. On compte très peu de personnes âgées, mais des enfants en proportion presque équivalente à la moyenne métropolitaine (17 % des résidants à l’hôtel ont moins de 18 ans contre 22 % dans la population métropolitaine).

Une solution en principe moins onéreuse est de se faire héberger chez un parent, un ami ou une connaissance. En 2002, sans compter les étudiants, 79 000 personnes de 17 à 59 ans résidaient dans des ménages avec lesquels elles n’avaient pas de lien familial direct (ascendant ou descendant). Elles indiquaient ne pas avoir les moyens financiers d’occuper un logement indépendant. Ces situations touchent plus particulièrement des hommes, des Franciliens et des jeunes ; 43 % de ces personnes travaillaient, le plus souvent en tant qu’ouvriers ou employés.

À ce « noyau dur », on peut ajouter les enfants (ou petits-enfants) qui vivent chez leurs parents ou grands-parents, faute de pouvoir accéder à l’autonomie résidentielle. Sont probablement dans ce cas une majorité des plus de 25 ans revenus au domicile familial après quelques mois dans un logement indépendant. En excluant les étudiants et ceux qui ont tout juste achevé leurs études, 282 000 enfants adultes, plutôt des hommes, pouvaient être considérés en hébergement contraint en 2002. Pour ces personnes, plus encore que pour les hébergés du « noyau dur », être hébergé et occuper un emploi, y compris de niveau cadre, peuvent aller de pair.

Enfin, parmi les personnes de 60 ans et plus résidant chez un tiers, 50 000 expliquaient notamment leur situation par une rupture familiale, un deuil, des difficultés financières ou de santé. Contrairement aux situations précédentes, 53 % d’entre elles vivaient dans des communes rurales et il s’agissait plus souvent de femmes.

Plus d’un million de ménages dans des habitations de fortune, des logements sans confort ou surpeuplés

Occuper en titre un logement ne signifie pas que la qualité de celui-ci est satisfaisante. Ainsi en 2006, 40 000 logements, abritant 85 000 personnes, étaient qualifiés par leurs occupants, à l’occasion du recensement, d’habitations de fortune dont les trois quarts étaient des constructions provisoires ou des mobile homes (sans possibilité de mobilité) ; 20 % n’avaient ni douche ni baignoire ; environ 10 % étaient surpeuplés , soit 10 fois plus que la moyenne.

À un degré moindre que les habitations de fortune, certains logements peuvent néanmoins représenter un danger pour la santé ou la sécurité de leurs habitants, ou manquer des équipements élémentaires. Par analogie avec les critères édictés par la loi Dalo, on considérera comme « privés de confort » les logements situés dans des immeubles insalubres ou menaçant de tomber en ruine ou ayant au moins deux défauts parmi les suivants : installation de chauffage insuffisante ou mauvaise isolation, infiltrations d’eau, électricité non conforme, absence d’installation sanitaire ou de coin cuisine.

En 2006, selon l’enquête Logement, 947 000 logements, soit 3,6 % des résidences principales, abritant 2,1 millions de personnes, étaient concernés. Certains défauts sont relativement rares : 1 % des ménages ont déclaré que leur immeuble était insalubre ou menaçait de tomber en ruine (tableau 2). Les sanitaires ou le coin cuisine manquent surtout à Paris. D’autres défauts sont plus fréquents : les infiltrations d’eau concernaient 5 % des logements et la perception de froid liée à une installation de chauffage insuffisante ou une mauvaise isolation, 9 %. Ces défauts concernent plus souvent les logements les plus anciens et, dans une moindre mesure, les logements collectifs.

Enfin, un peu plus de 183 000 logements (0,7 % de l’ensemble) étaient surpeuplés, abritant 800 000 personnes, surtout dans l’agglomération parisienne (2,4 %) où les petits logements sont nombreux et les loyers élevés.

Surpeuplement et privation de confort ne vont pas forcément de pair puisque leur cumul ne concernait que 28 000 logements en 2006. Les catégories les plus touchées sont néanmoins les mêmes : les locataires du parc privé, les ménages du bas de l’échelle des niveaux de vie, les familles monoparentales.

Critères de privation de confort selon l'ancienneté et le type de logement

* Les logements privés de confort sont ceux qui, soit se trouvent dans un immeuble insalubre ou menaçant de tomber en ruine, soit présentent au moins deux défauts dans la liste ci-dessus.

Lecture : 1,0 % de l’ensemble des logements sont dans des immeuble insalubres ou menaçant de tomber en ruine ; c’est le cas de 1,6 % des logements construits avant 1949.

Champ : résidences principales de France métropolitaine, hors hôtels et habitations de fortune.

Source : Insee, enquête Logement 2006.

en %

 

Nombre total de logements (milliers)

Ensemble

Construits avant 1949

Construits à partir de 1949

Habitat individuel

Habitat collectif

Immeuble insalubre ou menaçant de tomber en ruines

272

1,0

1,6

0,8

0,8

1,4

Infiltrations d’eau

1 337

5,1

6,6

4,5

4,7

5,6

Froid (chauffage insuffisant ou mauvaise isolation)

2 239

8,5

10,7

7,6

5,5

12,4

Pas de coin cuisine

91

0,4

0,8

0,2

0,2

0,6

Pas de salle de bains (logements de plus d’une pièce uniquement)

180

0,7

2,2

0,1

1,1

0,2

Pas de WC (selon taille logement)

170

0,7

1,9

0,1

0,9

0,3

Électricité non encastrée

573

2,2

4,7

1,1

2,0

2,5

Pas de prise de terre

509

1,9

3,4

1,3

1,1

3,0

Pas d’eau chaude

182

0,7

1,7

0,3

0,9

0,4

Privation de confort*

947

3,6

6,7

2,3

3,0

4,4

Effectif total (en milliers, tous logements)

26 250

8 006

18 244

14 784

11 466

Difficultés de logement et difficultés financières

1,1 million de ménages, occupants en titre de leur logement, soit 2,9 millions de personnes, souffraient ainsi de mauvaises conditions de logement (soit surpeuplement soit privation de confort). Avec les 133 000 sans-domicile et près de 117 000 autres personnes sans logement personnel dans une acception restreinte (chambres d’hôtel et « noyau dur » de l’hébergement contraint), elles composent la population qui ne peut accéder à un logement satisfaisant, soit au total, 3,2 millions de personnes.

On pourrait y inclure tout ou partie des 110 000 personnes qui vivaient dans des habitations mobiles terrestres (gens du voyage, forains...) dont les conditions de logement sont liées à la qualité des infrastructures d’accueil dans les communes.

L’analyse pourrait également être élargie aux ménages dont le logement ponctionne fortement les ressources. Ainsi, un million de ménages à faibles ressources déclaraient avoir des difficultés à régler leurs dépenses en logement ou être en situation d’impayés ; 144 000 d’entre eux cumulaient ces difficultés et le fait d’occuper un logement inconfortable ou surpeuplé et, parmi ces derniers, 41 000 avaient fait une demande de logement HLM, que ce soit pour entrer dans le parc HLM (24 000) ou y rester en changeant de logement (17 000 ménages).

Enfin, en 2006, plus de 100 000 ménages à faibles ressources (41 000 pour la seule agglomération de Paris) attendaient depuis au moins trois ans un logement social.

Encadrés

Contexte relatif aux difficultés d’accès au logement

Loi n° 2007-290 du 5 mars 2007 instituant le droit au logement opposable et portant diverses mesures en faveur de la cohésion sociale (loi « Dalo »)

Le droit à un logement décent est garanti par l’État, dans les conditions prévues par la loi, aux personnes suivantes, n’étant pas en mesure d’y accéder par leurs propres moyens :

− dépourvues de logement ;

− menacées d’expulsion sans relogement ;

− hébergées ou logées temporairement dans un établissement ou un logement de transition ;

− logées dans des locaux impropres à l’habitation, insalubres ou dangereux ;

− logées dans des locaux sur-occupés ou ne présentant pas le caractère d’un logement décent, s’il y a au moins un enfant mineur ou si une personne du ménage présente un handicap ;

− en attente d’un logement HLM depuis un délai anormalement long.

Plan d’action renforcé du dispositif d’hébergement et de logement des personnes sans abri (PARSA)

Par le relevé de décisions du 8 janvier 2007, il prévoit l’extension des horaires d’ouverture des places d’hébergement d’urgence et des modifications dans le dispositif d’hébergement :

− transformation de places d’hébergement d’urgence en places en centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) et en places d’hébergement de stabilisation ;

− création de places en maison-relais et en résidence hôtelière à vocation sociale ;

− proposition de logements, dans le parc social public et dans le parc privé conventionné, prioritairement aux publics sortant de CHRS.

Rapport 2010 sur l’état du mal-logement en France de la Fondation Abbé Pierre (FAP)

La FAP chiffre à 3,5 millions le nombre de personnes « non ou très mal logées ». La FAP inclut dans son estimation les personnes en location meublée et les ménages sous décision juridique d’expulsion. Elle définit en outre un second groupe de 6,6 millions de personnes « en situation de réelle fragilité à court ou moyen terme », correspondant à des difficultés relatives au maintien dans le logement.

Les départements d’Outre-mer

Dans les DOM, on peut estimer à 2 100 le nombre de personnes sans domicile, mais les DOM ne faisant pas partie du champ de l’enquête Logement de 2002, le nombre de personnes hébergées chez un parent ou un ami est inconnu. 500 personnes ont été recensées à l’hôtel en 2006. Par ailleurs, en 2006, 250 000 personnes vivaient dans des logements privés de confort ou surpeuplés pour une population totale de 1 786 000 personnes. La proportion de logements privés de confort apparaît supérieure à celle constatée en métropole (6,2 % des résidences principales contre 3,6 %) tout comme le surpeuplement (3,9 % contre 0,7 %). Certaines études incluent les vérandas et les jardins pour calculer le surpeuplement, ce qui n’est pas le cas ici et tendrait à faire baisser le nombre de logements qualifiés de surpeuplés.



Augustin Legrand: «On va planter des tentes partout, dans les universités, sur les places centrales»
03.03.09

Augustin Legrand, fondateur de l’association de défense des mal-logés Les Enfants de Don Quichotte, célèbre pour avoir installé à Noël 2006 des tentes rouges le long du canal Saint-Martin à Paris, est de retour. Comme promis. Il confie à «20 Minutes» qu’il entame «un tour de France» le 15 mars, jour de la reprise des expulsions locatives, à la fin de la trêve hivernale. «Pendant deux mois, jusqu’au 15 mai, nous allons essayer d’installer le plus de tentes possibles, dans les universités, sur les places centrales, à Paris et dans toute la France», s’enflamme Augustin Legrand.

Une quinzaine de villes étapes sont prévues lors de cette tournée, un an après l'évacuation de SDF par des CRS au pied de Notre-Dame de Paris. «L’Etat investit dans beaucoup de secteurs, les bagnoles, les infrastructures, mais pas sur le logement. Le seuil de l’insupportable commence à être atteint. Les associations de mal-logés sont alarmées, même les bons pères de famille se révoltent!» assure t-il
Un site Internet «participatif» bientôt opérationnel
Ce nouveau rapport de force, Augustin Legrand le veut «global, structuré». Pour montrer aussi que lui et ses amis ne sont pas «des étoiles filantes». Pour pouvoir monter en puissance au fil des deux mois qui l’attendent à arpenter le bitume et interpeller les politiques, il compte s’appuyer sur un site Internet «participatif» bientôt opérationnel. «Les gens pourront témoigner de leur quotidien de mal-logés ou de leur solidarité pour le mouvement. Ça servira de caisse de résonance. Il nous faut cette fois-ci une voix propre qui nous appartienne, hors du jeu des médias.» Le site permettra aussi de lancer des appels aux dons. «On est fauchés», lâche t-il.

Dans la foulée de l’acte I, l’épisode du Canal Saint-Martin, la loi Dalo - pour un droit au logement opposable - a été adoptée. Les Enfants de Don Quichotte, toujours soutenus par la fondation Abbé Pierre ou le Secours Catholique, quoique avec un brin de tiédeur cette fois, comptent bien frapper à nouveau fort. Et arracher à Christine Boutin, ministre du Logement, des avancées significatives à leurs yeux pour la cause des mal-logés.

 



MONDETRON !!!  
  Just Foreign Policy - Morts irakiens dus a l'invasion U.S.  
A N T I F A  
 
 
Le poète Armand Robin (1912-1961)  
  définit "l'anarchiste" comme celui qui est "purifié volontairement, par une révolution intérieure, de toute pensée et de tout comportement pouvant d'une façon quelconque impliquer domination sur d'autres consciences Celui qui défile joyeusement au pas cadencé a déjà gagné mon mépris. C'est par erreur qu'on lui a donné un cerveau puisqu'une moelle épiniére lui suffirait amplement. Einstein. °