01.07.2012
«Vent stellaire», une tempête sur la vie privée
Le nom de code désigne le plus vaste projet d'espionnage jamais réalisé par un Etat. Sortie prévue à l'été 2013, aux Etats-Unis.
Rongé jusqu’à l’absurde par son obsession sécuritaire, l’exécutif yankee est en train de fignoler, avec l’aval sournois du Congrès, les derniers détails de ce qui pourrait bien constituer l’une des ultimes étapes avant la mise du pays sous un régime totalitaire digne d’Orwell, n’ayant plus grand chose à envier à celui de l’ex-Allemagne de l’Est ; la technologie en plus.
L’acte final se joue à Bluffdale, dans l’Utah, au cœur du pays Mormon sous le nom de code « Vent Stellaire ». Là où commencera à fonctionner dès septembre 2013 le Utah Data Center, dernière pièce du puzzle que la NSA, véritable état dans l’état américain dépendant du Ministère de la Défense, a commencé à assembler dans le plus grand secret il y a plus de 10 ans. L’ensemble a pour but d’intercepter, stocker, puis décrypter et analyser les communications mondiales au sens large. Rien de moins.
Les communications mondiales à portée d'oreille
Un projet d’espionnage à très grande échelle qui glace le sang : télécommunication fixes et mobiles bien sûr mais pas seulement. Le contenu des emails privés quelles que soient leurs origines et leurs destinations, les recherches Google des internautes et toutes sortes de « traces » personnelles telles les reçus de parking, les itinéraires de voyages et autres péages routiers, les relevés de comptes bancaires, le détail des achats de livres et de tous produits culturels pourvu qu’ils soient réglés par des moyens de paiement numériques, rien ne doit plus échapper aux Big Brothers de la NSA.
Le projet est une espèce de nouvelle mouture du sulfureux programme dit « total information awareness » conçu au cours du premier mandat de George Bush, et qui avait été mis au placard par le Congrès US encore un brin lucide en 2003, à la suite des protestations qu’il suscitait quant au risque d’invasion de la vie privée.
«Un Etat totalitaire clé en main»
« Nous ne sommes plus qu’à ça d’un état totalitaire clef en main ».
Après 40 ans de service Binney à quitté la NSA fin 2001, peu de temps après que l’Agence ait lancé son programme d’écoutes illégales : « Ce faisant, ils ont violé la constitution. Mais ils n’en avaient rien à faire. Ils étaient décidés à y parvenir et prêts à crucifier quiconque se mettrait en travers de leur chemin ». Sur le point d’être mises sur la place publique, les pratiques illégales de la NSA ont été « légalisées » à la sauvette par le «FISA amendments Act» promulgué en 2008.
2,8 trillions de transaction stockées
Le programme d’interception et de pilotage qui englobe maintenant les communications et les emails « domestiques » élaboré par la société Narus aujourd’hui membre du groupe Boeing, est contrôlé à distance depuis le siège de la NSA à Fort Meade dans le Maryland. Il gère la recherche des cibles à partir de sources américaines, leurs adresses, leurs numéros de téléphone, et la mise à jour de listes de mises sous surveillance à partir de mots et de phrases-clefs dans les emails.
Selon Binney, l’un des secrets les mieux gardés du programme « Vent Stellaire » est que la NSA est parvenue – sans mandat de justice préalable – à accéder aux données de facturation nationale et internationale de l’opérateur AT&T, permettant de déterminer qui appelle qui aux USA et dans le reste du monde. En 2007, l’opérateur détenait dans la base de données de ses locaux de Florham Park, dans le New-Jersey, plus de 2,8 trillions de transactions. Une mine d’or pour les voyeurs impénitents de la NSA.
En collaboration avec un autre chef-analyste de la NSA, Binney avait tenté de concevoir en liaison avec le Ministère de la Justice, un système de demande et de délivrance automatisées des mandats de mise sous écoute. On leur a fait comprendre assez vite que ce n’était vraiment plus une priorité.
sources : backchich