La vidéosurveillance en direct dans les voitures de police
C’est nouveau. Grâce à un wi-fi professionnel, les policiers municipaux auront bientôt la possibilité de visionner en live depuis leurs voitures les images des caméras de surveillance.
CRÉPY-EN-VALOIS, VENDREDI. L’an prochain, les véhicules de patrouille des policiers municipaux seront équipés d’un centre de sécurité urbain nomade. Les agents pourront visualiser les images, stockées sur un récepteur, à l’intérieur de leur véhicule de patrouille, sur une tablette numérique
Courant 2013, les agents de la police municipale vont être équipés d’un centre de sécurité urbain nomade. Un centre qui leur permettra de visionner en temps réel les images des 45 caméras de vidéoprotection de la ville. Pour l’heure, les enregistrements ne sont visualisés par les gendarmes que lorsqu’il y a un problème, la ville n’étant pas équipée d’un mur d’écrans pour surveiller en temps réel ce qu’il se passe.
« Il faudrait employer 12 personnes au minimum pour effectuer une relève correcte. Crépy ne peut pas se permettre de mettre en place un tel dispositif », explique Michel Etienne, adjoint au maire chargé de la sécurité.
Alors, pour pallier le manque de réactivité et d’efficacité, la ville « va tenter cette expérimentation », évaluée à 45000 €. « Nous aurons la possibilité d’interroger les images et de prendre la main sur les caméras en direct », explique Lionel Bruent, le chef de la police municipale. Grâce à un réseau Wimesh (wi-fi professionnel), un système hypersécurisé, les agents pourront visualiser les images, stockées sur un récepteur, à l’intérieur de leur véhicule de patrouille, sur une tablette numérique. « Ça permet d’avoir une levée de doute et de visualiser ce qu’il se passe avant d’intervenir, poursuit le chef de la police. On optimise et modernise le matériel déjà mis en place, à moindre coût. »
Le temps d’intervention des brigades sera diminué. Mais le dispositif ne sera pas équipé d’un système d’alerte qui prévient en temps réel les policiers d’une situation anormale. Les images pourront être visualisées seulement à la demande des agents. « Le rôle des policiers municipaux est d’observer et de prévenir les gendarmes »
Michel Etienne se veut tout de même rassurant : « Crépy est une ville où il fait bon vivre. La délinquance évolue, donc nous faisons évoluer notre système. Mais globalement, la délinquance est en baisse et les cambriolages ont diminué par rapport à l’an passé, souligne-t-il. Il y a parfois des faits ponctuels, mais ça reste exceptionnel. »
Trois nouvelles caméras vont prochainement venir renforcer le dispositif de prévention et de sécurité de Crépy-en-Valois. Seul le centre-ville ne sera pas équipé, hormis la place Saint-Simon et la place de la République. Une présence qui aurait peut-être dissuadé les deux individus encagoulés de braquer la boutique The Phone House, le 11 septembre.
Valls récupère les 1800 caméras de vidéosurveillance de Marseille
30.08.2012
Manuel Valls vient de réclamer l'extension de la vidéosurveillance à Marseille... omettant de préciser que la décision avait d'ores et déjà été prise, du temps de Nicolas Sarkozy. Le ministre de l'Intérieur a en effet, et aussi, préconisé "la mise en oeuvre de la vidéo-protection qui doit être étendue à l'ensemble de la ville", parce que "les quartiers nord se sentaient oubliés", et que "Marseille est une ville dont les habitants ont l'impression que l'Etat les a abandonnés" :
Question journaliste : Est-ce qu'on a pas tout essayé ? Y'a eu 3 préfets en quelques mois, on a remis du bleu dans les rues, dans le centre, est-ce qu'on a pas tout essayé ?
Réponse Valls : Il y a une action qui a été menée et que je veux poursuivre, et qui est importante, qui est dans l'hypercentre au coeur de Marseille, qui passe par de la présence policière, par la mise en oeuvre de la vidéo-protection qui doit être étendue à l'ensemble de la ville...
relance journaliste (pas fort) : est-ce que c'est vraiment ça...
Valls :... et qui doit être étendue à l'ensemble de la ville, parce qu'il y a aussi de la délinquance quotidienne. Et qui nécessite aussi une très grande coopération de la ville de Marseille, dans la vidéo-protection comme dans le rôle de la police municipale. Ce qui m'avait été dit au mois de juin, c'est que les quartiers nord se sentaient oubliés des choix qui avaient été faits par le passé... Et le fait que ces quartiers soient aujourd'hui dans une zone de sécurité prioritaire que nous allons installer avec des moyens supplémentaires est bien la démonstration que Marseille est depuis le début de mon installation une préoccupation. Mais la réponse doit être globale. Marseille est une ville dont les habitants ont l'impression que l'Etat les a abandonnés. Manuel Valls a beau jeu de promouvoir la vidéosurveillance à Marseille : la cité phocéenne a d'ores et déjà décidé de déployer de 1500 à 1800 caméras d'ici 2014, avec "près de 40 policiers municipaux affectés 24h/24 à la visualisation des images", pour un budget d'investissement de "9,8 millions d'euros auxquels s'ajoutent 3 millions d'euros de frais de fonctionnement annuels". 200 caméras de surveillance devaient être opérationnelles en septembre, 300 en décembre. En juin dernier, une centaine d'opposants à la vidéosurveillance avaient manifestés pour dénoncer cette banalisation de la vidéosurveillance dans un "charivari masqué qui s'est soldé par la dégradation de plusieurs appareils... sous l'oeil des caméras, impuissantes", notait La Provence dans un article donnant -une fois n'est pas coutume- longuement la parole aux arguments des opposants :
Ça en dit long sur leur efficacité", ironise un participant "non-casseur". Un sabotage qui n'est pas une première. En octobre 2011, déjà, au tout début de "l'invasion", dixit le jeune militant, cinq mâts prévus pour supporter ces caméras avaient été descellés...
Ce qui dérange ? "Il y en a dans tous les coins de rue, parfois même au milieu d'une artère !", plaide Bruno. Ce manque de discrétion crée une ambiance de suspicion et de paranoïa. C'est à se demander si le but c'est qu'elle nous voit ou qu'elles soient vues."
"Quel est l'intérêt en terme de sécurité de braquer une caméra sur la terrasse d'un bar ?" Mère de famille et professeur des écoles, Gisèle, dénonce "un gaspillage inouï d'argent public pour un système qui n'a jamais prouvé son efficacité. Ok, ça rassure les anciens. Mais à qui va-t-on faire croire qu'un type qui veut voler un sac va le faire sous une caméra à visage découvert ? ( ...)". Ironie de l'histoire, cette déclaration intervient une semaine tout juste après que le système de vidéosurveillance de Plus belle la vie (la série TV à succès qui se déroule à Marseille) ait été "piraté" à la demande de plusieurs de ses personnages -parce qu'il portait atteinte à la vie privée des habitants du quartier-, et un mois et demi après que les internautes-téléspectateurs de Plus belle la vie se soient majoritairement prononcés contre la vidéosurveillance. Interrogé par les journalistes Libération pour savoir s'il continuerait le plan d'équiquement en vidéosurveillance lancé par la droite, Manuel Valls La semaine passée, Manuel Valls avait déjà déclaré :
Une caméra n’est ni de droite ni de gauche !" A ce jour, et alors que la vidéosurveillance est encadrée par la loi depuis 1995, en France, aucun rapport scientifique indépendant n'a jamais démontré la pertinence, et l'efficacité de la vidéosurveillance. A contrario, et à l'étranger, les études démontrent que si les caméras permettent certes, de temps en temps, d'identifier certains délinquants -le contraire serait désespérant), leur impact reste marginal sur la voie publique (voir Un rapport prouve l’inefficacité de la vidéosurveillance et L’impact de la vidéosurveillance est de l’ordre de 1%). Un rapport de la Cour des comptes avait ainsi sévèrement critiqué l'inefficacité de la vidéosurveillance, et déploré l'absence d'étude d'impact, au vu du coût de ces systèmes. Plutôt que de chercher à savoir combien ça coûte, et si cela sert vraiment à quelque chose, Manuel Valls, lui, préfère gonfler les muscles devant les journalistes, omettant de préciser que la généralisation de la vidéosurveillance a déjà été décidée, du temps de Nicolas Sarkozy, et suivre la voie tracée par son ami Alain Bauer : démultiplions les caméras, ça peut toujours servir, et ça rassure. C'est bien connu : La surveillance, ça sert aussi, et surtout, à gagner des voix dans l'électorat... au point que ce n’est pas parce que les caméras ne servent à rien qu’il ne faut pas en rajouter.
Paris lance son plan de vidéosurveillance
20/12/2010
Vue d'une caméra de vidéosurveillance, prise le 5 juillet 2007 à Paris.
Les vingt commissariats s'équipent. Plus de 13.000 caméras publiques et privées seront reliées au système.
Nice avait frappé un grand coup avec sa vidéo municipale high-tech. Paris va surprendre à son tour avec la concrétisation d'un projet de 200 millions d'euros, soit dix fois le budget niçois ! Le «plan de vidéoprotection pour Paris » (PVPP), baptisé plus prosaïquement «plan 1000 caméras», vient d'entrer dans sa phase active, avec le lancement de travaux d'aménagement dans les 20 commissariats d'arrondissement de la capitale. Depuis quelques jours, on y passe des câbles, on vide des bureaux pour installer des murs d'écrans où seront projetées les images de nouvelles caméras, dont certaines à vision nocturne. La moitié sera commandable à distance, à l'aide d'un minuscule joystick semblable à celui des consoles de jeu. « La vidéo ne se substituera pas au policier, prévient le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, mais elle va indéniablement révolutionner sa façon de travailler ». Dévoilée au Figaro, l'architecture du projet Gaudin va bien au-delà des 1000 caméras de rue annoncées. Certains policiers habilités pourront, d'un simple clic, accéder également aux images des 10.000 caméras installées par la SNCF et la RATP dans les transports urbains, bus, métro et RER. Mais aussi à toutes celles des sociétés privées qui auront passé des conventions pour mettre leurs caméras à disposition de l'État, comme le magasin du Printemps ou les gestionnaires du Parc des expositions de la porte de Versailles, du Forum des Halles, du Palais des congrès, du Carrousel du Louvre, du Stade de France ou du Parc des Princes. Les caméras du Musée du Louvre devraient aussi être connectées prochainement au système. Un plan d'implantation négocié Tout pourra être conservé en mémoire pendant un mois dans des armoires pleines de disques durs. Car aussi étonnant que cela puisse paraître, aucune séquence filmée par l'actuel réseau des 400 caméras de surface de Paris ne peut pour l'instant être enregistrée. Seules les deux salles de commandement de la préfecture, sur l'île de la Cité, peuvent, à ce jour, visionner les vidéos en direct d'un événement survenant dans le XVIe arrondissement, par exemple. Mais le commissaire de quartier est totalement aveugle sur son propre secteur. Le XIXe arrondissement, le plus criminogène de Paris, ne dispose, quant à lui, que d'une seule caméra de rue. Il en sera désormais truffé, selon un plan d'implantation négocié avec des comités de quartier et avalisé par la Ville de Paris. «Et, croyez-moi, assure le préfet Didier Martin, secrétaire général pour l'administration à la PP, les riverains sont allés au-delà de nos propositions. Il a fallu installer dans la capitale 50 caméras de plus que celles initialement prévues.»
Cliquez sur l'aperçu pour agrandir l'infographie.
À l'état-major de la Direction de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (DSPAP), le commissaire Jérôme Foucaud a recensé les besoins des services. « Le problème n'était pas tant le nombre de caméras disponibles que la façon dont elles allaient pouvoir être exploitées », dit-il. En clair: il fallait un logiciel pour aider le policier à détecter et afficher uniquement les images utiles à son travail. Les étapes de l'élaboration de cet outil informatique, confiée à la société Iris, attributaire du marché, ont été supervisées par un ingénieur général de l'armement, Thierry Leblond. «Concevoir un tel projet, c'est comme imaginer un système d'armes », explique-t-il. Une maquette informatique a déjà été présentée au ministère de l'Intérieur, en attendant l'expérimentation grandeur nature du nouveau réseau vidéo de la PP en avril. La police aura des yeux partout Si tout se passe comme prévu, dès la fin de l'année 2011, la police aura des yeux partout, pour les besoins d'un service d'ordre ou d'une filature, pour vérifier une information ou mettre sous surveillance un secteur à risques. Et pas seulement les commissariats. Car les 400 kilomètres de fibre optique posés à compter de février pour relier ce réseau tentaculaire vont alimenter 55 sites dans la capitale ou sa périphérie, comme la DCRI, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), centre névralgique du contre-terrorisme et du contre-espionnage, la caserne de Champerret, siège de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, ou encore la salle de crise du ministre de l'Intérieur, dans les sous-sols de la Place Beauvau. Même l'Élysée pourrait être connecté, pour les besoins de sa propre sécurité. Pour l'heure, Franck Louvrier, conseiller pour la communication de Nicolas Sarkozy, concède seulement que «de nouvelles caméras vont être installées sur les ailes est et ouest du palais présidentiel, pour surveiller les entrées latérales.» Mais «uniquement en interne», assure-t-il. L'éventuelle extension élyséenne du plan «1000 caméras » demeurerait couverte, de toute façon, par le secret défense…
09/09/2009
Vidéosurveillance : 75 villes équipées en priorité
Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a arrêté la liste des communes qui bénéficieront cette année d'un financement de l'État à hauteur de 21 millions d'euros.
Nice : 300 000 euros. Firminy, la banlieue stéphanoise théâtre de véritables émeutes après qu'un jeune s'est pendu durant sa garde à vue cet été : 50 000 euros. Évry, fief du socialiste Manuel Valls : 400 000 euros. Fort-de-France, chef-lieu d'un département appelé à se prononcer sur ses liens futurs avec la métropole : 209 000 euros…
Mercredi, le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a arrêté la liste des 75 villes qui bénéficieront en priorité des financements de son ministère pour l'installation ou le développement de leur réseau de vidéoprotection.
L'État «cofinance», insiste le «premier flic de France». Et l'enveloppe allouée est loin d'être symbolique : au total, le gouvernement met sur la table 21 millions d'euros. Mais il ne faut pas s'y tromper, ce sont bien les communes qui supporteront l'essentiel des investissements.
À raison de 10 000 à 30 000 euros par caméra installée, l'addition peut vite s'envoler, à cause notamment des coûts d'infrastructure.
À Nice, Christian Estrosi développe la vidéoprotection la plus moderne de France, avec plus de 500 caméras, un PC truffé d'électronique qui localise les patrouilles de la police municipale mais aussi de la police nationale. Ses ordinateurs analyseront même les mouvements suspects, comme un poing levé ou une approche trop brusque contre une vitrine. Coût total du dispositif : 15 millions d'euros.
Tripler le nombre de caméras
Au plan national, Brice Hortefeux a confirmé son souhait de voir tripler le nombre de caméras sur la voie publique, de 20 000 à 60 000 d'ici à 2011. À l'occasion d'un déplacement à Sartrouville (Yvelines), présentée comme un modèle en termes de vidéoprotection, il a aussi annoncé mercredi : «J'ai pour objectif de faire équiper 110 établissements scolaires sensibles entre 2009 et 2010.»
L'Intérieur veut «diversifier l'usage des caméras». «Sur les seuls sites industriels et commerciaux, affirme Brice Hortefeux, on dénombre 70 000 cambriolages. Cela n'est pas admissible. Je veux donc étendre ces dispositifs de vidéoprotection à ces sites comme à certaines zones de quartiers sensibles, mais aussi aux commerces de proximité ou encore aux logements sociaux.»
Liberticides, les caméras ? Mercredi, l'hôte de la Place Beauvau avançait cet argument : «Lorsque vous faites vos courses au supermarché, lorsque vous retirez de l'argent au guichet ou que vous utilisez les transports en commun, vous êtes déjà filmés. Qui cela dérange-t-il ?»
Reste que l'usage de ce dispositif ira loin. Le député UMP des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, rapporteur de la future loi d'orientation pour la sécurité intérieure (Lopsi 2), rappelle que ce texte autorisera des acteurs privés (sociétés, commerces, usines) à filmer la voie publique pour dissuader les intrusions, mais aussi pour aider la police dans ses enquêtes.
Mercredi, Brice Hortefeux se voulait rassurant : «Si vous n'avez rien à vous reprocher, disait-il, vous n'avez pas à avoir peur d'être filmé.»
La vidéosurveillance ça coûte cher et rien ne dit que ça marche
Rue89 | 20/04/2009
Comme à Amiens, des villes s'interrogent sur la pertinence de systèmes aussi coûteux et dont l'efficacité n'est prouvée par aucun audit.
Vendredi 17 avril, l'Office national de la délinquance délivrait ses statistiques pour le mois de mars. Des statistiques en hausse pour les taux d'élucidation des violences physiques non crapuleuses et des malversations financières, mais des résultats encore très minces pour les cambriolages (seulement 15% des cas résolus).
Presque rien en revanche sur les résultats obtenus par la vidéosurveillance, traitée par un simple encadré dans le document de l'OND. Et ce alors que le gouvernement annonçait avec force médiatisation son intention de tripler le parc de caméras publiques d'ici la fin de l'année pour atteindre 60 000 unités.
Il faut dire que les données disponibles sont quasiment inexistantes. Tout au plus les pouvoirs publics ont-ils communiqué quelques bribes ponctuellement, à Strasbourg par exemple.
Pas d'audit valable
Cela fait longtemps que les chercheurs sur la sécurité tentent d'alerter l'opinion quant à l'absence d'audit valable sur la vidéosurveillance. Le sociologue Tanguy Le Goff rappelle ainsi que deux paramètres restent des plus flous en France, contrairement à d'autres pays qui se sont déjà fendus de pas mal d'études : les coûts réels du dispositif et l'efficacité sur le terrain.
En installant de grosses caméras très visibles, dans des espaces bien distincts, le dispositif était censé abaisser la délinquance en amont, préventivement. Mais l'impact reste sujet à caution, et les exemples se succèdent pour montrer que la présence de ces caméras a plutôt poussé les délinquants à se déplacer… quant ils ne s'affranchissent pas pour de bon de la présence du viseur, comme le montre ce reportage de 2004, après la profanation d'un cimetière juif lyonnais pourtant doté de caméras. (Voir la vidéo).
De fait, l'esprit du dispositif a eu tendance à évoluer depuis son arrivée en France, en 1995. Et l'on est passé, à mesure que le parc augmentait (notamment avec le second passage de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur), de la prévention à la résolution a posteriori des actes de délinquance. Ce qui implique des caméras beaucoup plus petites et plus discrètes, intégrées au mobilier urbain.
Mais, là encore, Tanguy Le Goff se montre réservé, après avoir épluché les études disponibles à l'étranger :
« Au titre de la prévention, les caméras n'empêchent pas le passage à l'acte. La baisse de la délinquance était très faible voire nulle, notamment sur les atteintes aux personnes, qui relèvent plutôt d'actes impulsifs, sans rationalisation. Les délinquants, eux, n'ont pas modifié fondamentalement leur comportement, ils se cachent seulement mieux, ou changent de lieu.
Au titre de l'élucidation, c'est sans doute un peu plus efficace : on sait où il a pu se passer quelque chose. Mais, même de ce point de vue, l'efficacité reste minime en Grande-Bretagne, notamment parce que ces images sont peu exploitées et mal utilisées. »
Amiens se rebiffe
Sur le terrain, certaines municipalités commencent à renacler à « payer pour le boulot de la police nationale », notamment dans des villes qui ont basculé aux dernières municipales.
C'est le cas d'Amiens, qui était parmi les pionniers en vidéosurveillance du temps de Gilles de Robien, député UMP et autrefois président du groupe Sécurité à l'Association des maires de France. Dès 1995, treize caméras avaient été installées à Amiens, puis vingt nouvelles en 2002 pour finir à 48 en fin de troisième mandat Robien.
La nouvelle équipe, arrivée en 2008, s'est engagée à ne pas en rajouter, là où l'UMP sortant voulait doubler son parc. Mais Emilie Therouin, l'adjointe Verte chargée de la sécurité et de la prévention des risques urbains, n'exclut pas d'en supprimer quelques autres.
Convaincue du manque d'efficacité du dispositif, elle est plus remontée encore contre le décalage entre son coût et ses bénéfices en terme de sécurité publique :
« D'un point de vue dissuasif, le bilan est plus que limité et on a encore des faits divers là où sont installées les caméras, y compris des voitures brûlées voire une agression, il y a deux mois.
« Certes, ces images ont peut être un intérêt après coup pour la police nationale. Mais ce n'est pas le boulot du maire de payer pour ça ! Que l'Etat paye, si c'est vraiment si efficace. Nous, notre mission est de prévenir la délinquance, pas d'aider la police et la justice à retrouver les auteurs. »
Gestion opaque
Sur place, la facture serait élevée, même si elle est encore étrangement floue. Emilie Therouin vient d'ailleurs de lancer un audit et dénonce « l'opacité » qui entourait le dossier du temps de la municipalité précédente.
Outre les frais d'installation (de l'ordre de 500 000 euros pour 48 caméras depuis quinze ans), c'est surtout les frais de fonctionnement qui grèvent les finances. D'abord parce qu'un tel dispositif est coûteux en main d'oeuvre : on estime qu'il faut un policier municipal pour surveiller dix caméras. Mais aussi parce que l'entretien lui-même a un coût prohibitif, que la mairie cherche actuellement à évaluer avec précision - « Cette sous-traitance est un business énorme sur lequel nous n'avons que peu de contrôle », précise Emilie Thérouin.
Depuis la loi du 5 mars 2007 sur la délinquance, l'Etat dote en partie les communes qui veulent s'équiper. 23 millions d'euros ont ainsi été débloqués en deux ans. Mais les municipalités doivent ensuite assumer seules maintenance et moyens humains.
Autre effet pervers dénoncé par les sociologues et les acteurs de terrain : plus de la moitié des crédits du FIPD vont désormais à ce poste budgétaire, au détriment du financement de structures éducatives par exemple.
MONDETRON !!!
A N T I F A
Le poète Armand Robin (1912-1961)
définit "l'anarchiste" comme celui qui est "purifié volontairement, par une révolution intérieure, de toute pensée et de tout comportement pouvant d'une façon quelconque impliquer domination sur d'autres consciences
Celui qui défile joyeusement au pas cadencé a déjà gagné mon mépris. C'est par erreur
qu'on lui a donné un cerveau puisqu'une moelle épiniére lui suffirait amplement.
Einstein.
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