Le nombre de manifestations sauvages explose
03/06/2011
Dimanche dernier, un millier d'«indignés» ont tenté d'imiter leurs camarades madrilènes en occupant la Bastille.
Chaque jour, la préfecture de police de Paris (P.P.) doit faire face en moyenne à deux mouvements de protestations sauvages, c'est-à-dire non déclarés. Les professionnels du maintien de l'ordre les qualifient de «manifestations inopinées». Un phénomène qui a augmenté de plus de 63 % depuis le début de l'année sur l'ensemble de l'agglomération parisienne, avec déjà plus de 300 mouvements revendicatifs non signalés aux autorités en seulement cinq mois.
«Public passionné et agité»
Dimanche dernier, par exemple, sans en aviser les autorités, un millier d'«indignés», dont les échanges de certains sur des forums étaient épiés dans l'ombre par la police, ont soutenu leurs camarades madrilènes en occupant la Bastille, avant d'être contraints de quitter cette place emblématique de la gauche française.
D'ordinaire, ce sont surtout les soutiens des sans-papiers ou des sans-abri qui procèdent en francs-tireurs. Mais le paysage revendicatif se diversifie. Et pas seulement de façon «inopinée».
On relève une augmentation sensible» (+ 24 %) de l'ensemble des marches, «sit-in» et autres occupations de l'espace public en région parisienne, déclarés ou non, sans parler des voyages officiels. Sur les quelque 3000 événements ainsi constatés, plus de 800 (contre 362 l'an dernier) «ont trait à des conflits extérieurs», dont plus de 300 «dus aux seuls événements de Tunisie, de Libye et d'Égypte.».
«Logiquement, écrivent les analystes de la Direction de l'ordre public et de la circulation parisienne, compte tenu de la nature de ces événements, les manifestations inopinées sont en augmentation.» Ils ajoutent : «Ce public passionné est également plus agité.»
Selon eux, «1698 personnes ont été interpellées contre 1 125 en 2010 notamment à l'occasion de manifestations spontanées, matérialisées par des blocages de circulation». C'est 50 % de plus qu'en 2010.
La préfecture déplore déjà 11 blessés dans ces opérations de police. Elle a mobilisé au fil des jours depuis janvier, sur l'ensemble des événements, plus d'un millier de forces mobiles. En face, 4 millions de personnes ont déjà défilé depuis le début de l'année sur le pavé parisien, ainsi qu'en banlieue.