26.02.2012
Meister : les travailleurs vont porter plainte
Source:
lavenir
SPRIMONT - La direction de Meister à Sprimont a envoyé hier une milice privée pour aller chercher des pièces bloquées par les travailleurs en grève. Mais la manœuvre a dégénéré et les travailleurs ne comptent pas en rester là.
Une milice privée pour aller récupérer de force des pièces dans une entreprise, de mémoire de syndicaliste, on n’avait jamais vu ça. C’est pourtant ce qu’a tenté de faire l’actionnaire allemand de Meister à Sprimont hier. L’entreprise qui fabrique des pièces hydrauliques pour les systèmes de freinage de voiture voulait débloquer un stock retenu par des travailleurs en plein conflit social.
Vestiaires et outil informatique saccagés
Les 20 gros bras mandatés par la direction espéraient récupérer les pièces,« ils ont débarqué comme le GIGN », assure René Petit, permanent CSC Liège Verviers. Mais les travailleurs restés sur place sont parvenus à prévenir leurs collègues et la police, rapidement arrivés sur les lieux pour empêcher les camions de sortir.
« Des travailleurs ont été blessés et ont porté plainte, poursuit René Petit. Très tôt ce matin on a pris des photos et récupéré les vidéos de caméras de surveillance pour montrer ce que ce fameux commando a saccagé. » Le but : rassembler le plus de preuves en vue d’une réunion qui doit avoir lieu à l’auditorat de travail avec un représentant de l’entreprise. Le syndicat entend y déposer plainte contre la direction de Meister.
Le travail a repris « presque normalement »
À 6 heures ce matin, quand les premiers travailleurs sont arrivés, il restait deux policiers sur place. Le travail a repris « presque normalement » dans l’entreprise. «Mais ils ont aussi saccagé le système informatique, alors les travailleurs font ce qu’ils peuvent. Techniquement et psychologiquement, ce n’est pas ça », assure le syndicaliste.
Dédaigneux et irrespectueux
Pourtant, assure le syndicaliste, la volonté de négocier était bien là : « On a eu plusieurs contacts avec le directeur M. Faustmann. On lui a demandé de venir pour voir si on pouvait trouver un terrain d’entente et libérer les pièces pour nos clients, on était prêts à l’attendre, même en dehors de l’entreprise. Mais il marche au chantage et nous a dit « d’abord, vous libérez les pièces et puis on se rencontre demain en Allemagne ». On est resté là jusqu’à trois heures du matin, mais il n’a jamais voulu. Il a été dédaigneux et irrespectueux envers les travailleurs. »
Résultat, à l’heure qu’il est, les hommes envoyés par la direction ont été emmenés « menottés et en combi » par la police peu après une heure du matin et les pièces qu’ils étaient venus chercher sont toujours à l’intérieur de l’entreprise.
La ministre condamne les pratiques de Meister
23.02.2012
Meister Sprimont: une «manœuvre de force» de la direction crée des tensions
SPRIMONT - La direction de Meister a envoyé dimanche une vingtaine d’hommes sur le site de Sprimont (province de Liège) afin d’y récupérer trois camions remplis de matériel. Les syndicats s’opposent à cette «manœuvre de force» et étaient déterminés à ne pas laisser sortir le convoi.
Dimanche en début d'après-midi, une vingtaine de personnes de nationalités allemande et française, habillées de noir, ressemblant fort à une milice privée, sont arrivées sur les lieux avec plusieurs camionnettes et trois camions, explique le bourgmestre de Sprimont, Claude Ancion. Sur le site, ces individus munis de gilets pare-balle et de battes de base-ball notamment, ont essayé de séquestrer les quatre ouvriers chargés de la maintenance du site afin de les empêcher de communiquer avec l'extérieur. L'un des ouvriers est parvenu à prévenir la police.
«Une vingtaine d’hommes lourdement équipés et mandatés par la direction allemande sont arrivés sur le site de Sprimont vers 14h00 pour libérer de gré ou de force une partie du stock», a expliqué Gabriel Smal, secrétaire régional CSC-Métal. «Ils vont chercher à faire sortir trois camions mais nous sommes déterminés à les en empêcher. Nous voulons discuter avec la direction», poursuit-il.
Très vite, ouvriers et délégués se sont massés devant les portes pour empêcher le passage des camions. Vers 16 heures, les vigiles ont tenté de sortir de force en réclamant la protection de la police entre-temps arrivée en nombre, témoigne le bourgmestre.
Une "manoeuvre de force"
Les syndicats dénoncent cette "manoeuvre de force". "C'est une situation illégale et anormale. Cette milice a interrompu violemment les activités de l'équipe du matin. Deux travailleurs ont même été blessés", indique René Petit, permanent CSC Météa Liège.
Des travailleurs ont été malmenés
Plusieurs travailleurs ont affirmé devant les caméras de télévision avoir été malmenés par ce qui ressemblait à une milice, des hommes "armés de matraques et de battes de base-ball" et munis de gilets pare-balles. Ces travailleurs ont évoqué des "coups dans la figure". "Ils m'ont tordu le bras alors que j'essayais d'appeler la police, et puis ils m'ont arraché mon GSM et ont jeté la batterie", a expliqué un homme devant les caméras de la RTBF. Des plaintes ont déjà été déposées.
En fin d'après-midi, des délégués syndicaux ont rencontré l'avocat de la direction, en compagnie d'un conciliateur social appelé sur place. Celui-ci a affirmé devant les caméras de la RTBF que c'était "la première fois qu'il (voyait) ça". Les syndicats ont demandé à voir l'administrateur-délégué du groupe allemand et que ce dernier avance des garanties sur la viabilité du site de Sprimont.
Une situation tendue depuis plusieurs jours
Les relations sont tendues depuis quelques jours chez Meister Benelux entre la direction et le personnel. Les travailleurs ont appris lundi, lors d’un conseil d’entreprise extraordinaire, que deux importantes commandes qui devaient être réalisées sur le site belge de Meister seront traitées ailleurs. Mercredi, la direction avait été séquestrée par les travailleurs à Sprimont.